Vidéosurveillance de l’attentat du 14 juillet : « Epouvantable », « ignoble », « indescriptible »


Droit


15 septembre 2022

A Nice, plusieurs personnes, en larmes, ne sachant trop où aller, avec des difficultés à respirer pour certaines, ont quitté la salle dédiée aux parties civiles avant la fin de la diffusion de la séquence reprenant des images enregistrées par les caméras de vidéosurveillance.

Ces personnes ont été très rapidement prises en charge par l’équipe médicale sur place. Caroline est restée jusqu’au bout de la diffusion, qui a duré au total une vingtaine de minutes en y ajoutant deux vidéos amateurs filmées le soir de l’attentat, également présentées. «  C’est épouvantable », a-t-elle dit aux médias quelques minutes après la suspension de l’audience à Paris. À la question de savoir s’il était nécessaire de voir ces images, pour la manifestation de la vérité, elle a répondu : « Je crois que oui ». «  J’ai vu tous les corps sur la Promenade, j’ai vu des corps se faire écraser devant moi. Quand on le voit sur la vidéo rouler sur des vingtaines de corps à toute vitesse, c’est inimaginable… Et il l’a fait à trois ou quatre reprises. Comme dans un jeu de quilles. Sur le moment, on est dans un état de sidération, on ne sait plus où on est, et là, j’ai vu des choses que je n’avais pas vues. C’est ignoble ».
Me David Rebibou, avocat au barreau de Nice, a estimé qu’il était « très important pour les parties civiles, et au-delà pour tous les gens qui le souhaitaient, de voir l’horreur de ce moment, de voir ce qu’est l’horreur terroriste et, peut-être, pour les victimes, de pouvoir se reconstruire, de mettre des images sur ce qui est indicible ». « J’étais favorable à cette diffusion parce que mes clients y étaient favorables. Il y a des gens qui ont participé à cette opération et on voit à quoi cela a pu aboutir, à cette horreur, qui est indescriptible. (…) Pour la cour c’est très important d’avoir pu visionner cela », a ajouté Maître Rebibou.

Nombreux policiers

« Plus personnellement, c’était important d’être là aujourd’hui, de pouvoir être à Nice avec les victimes parce qu’à Paris c’est très compliqué. Il y a peu de victimes qui ont pu faire le déplacement ».
Me Tina Colombani, également avocate au barreau de Nice, a relevé que c’était « bouleversant d’être dans la salle avec les parties civiles. Il y avait des gémissements, des cris… ». Elle a elle aussi admis que ce visionnage était nécessaire dans le cadre de ce procès. « Certains étaient en demande de voir parce qu’ils avaient complètement occulté. Et il fallait que la cour ait pleinement conscience de ce qui s’est passé ». Elle a ajouté que c’était également important de voir le parcours du camion sur la Promenade, car « la trajectoire est très large  ».

Un important dispositif de sécurité avait été mis en place au palais Acropolis de Nice avec de nombreux policiers placés sous les écrans dans la salle des parties civiles et celle pour la presse et le public, afin de prévenir toute captation éventuelle d’images.

Une journée très délicate et sous haute surveillance au Palais Acropolis ce jeudi 15 septembre, de nombreux policiers étaient mobilisés pour assurer la confidentialité des projections et la non captation de ces images très sensibles ©S.G


Sébastien Guiné