Procès de l’attentat commis à Nice : "L’État a fait son devoir", selon François Hollande


Droit


14 octobre 2022

L’ancien président de la République, venu témoigner le 10 octobre à Paris

L’ancien président de la République, venu témoigner le 10 octobre lors du procès de l’attentat commis à Nice, a assuré que l’État avait "fait son devoir", alors que de nombreuses victimes et de nombreux proches de personnes décédées s’interrogent sur les conditions de sécurisation le soir du 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais.

Interrogé par Me Méhana Mouhou, avocat de parties civiles, il a d’abord reconnu qu’à "chaque fois qu’il y a un attentat, c’est un échec. Un échec collectif. Il y a eu un attentat donc par définition il y a eu une défaillance".
"On avait mis tous les effectifs possibles à Nice", a-t-il ajouté. Me Mouhou lui a demandé un peu plus tard si le préfet de l’époque avait bien "mis le paquet" en termes de sécurité. "Il l’a mis le paquet. Il a mis tous les effectifs qui étaient à sa disposition". En répondant à une question de Me Catherine Szwarc, autre avocate de parties civiles, M. Hollande a indiqué comprendre "que les familles veulent savoir si la sécurité était suffisante", tout en rappelant qu’une information judiciaire était en cours sur le volet sécuritaire.
Pourquoi avoir maintenu l’événement s’il existait un risque d’attentat ? "Les 14 juillet dans les plus grandes villes de France ont été maintenus pour montrer que nous pouvions vivre".
Au sujet de l’auteur des crimes, François Hollande, qui n’a fait qu’une courte allocution, préférant répondre aux questions de la cour et des avocats, a indiqué qu’il "n’était pas fiché S et n’était pas repéré". "Il n’y a pas eu de relâchement. Toutes les consignes ont été prises", a-t-il affirmé.

64 policiers nationaux

Appelé à la barre de la cour d’assises spéciale après François Hollande, son ancien ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a commencé par rappeler le contexte de l’attentat, avec "une crise terroriste sans précédent" en 2014-2015-2016 et "un niveau de menace extraordinairement élevé" à l’été 2016. Il a aussi dit qu’il avait fallu de nouvelles lois et "procéder à des recrutements en nombre", assurant que 13 000 postes au total étaient manquants avant son arrivée au ministère. Il est ensuite revenu dans le détail sur les effectifs présents le soir de l’attentat à Nice, se basant sur un rapport qui lui avait été remis par l’Inspection générale de la police nationale.
Il y avait 64 policiers nationaux sur la Promenade, un chiffre selon M. Cazeneuve "20% supérieur à l’année précédente" et auquel il fallait ajouter les policiers municipaux mais aussi des effectifs du Raid, de la BAC et des
Sentinelles en centre-ville. Il a par ailleurs relevé que le dispositif de sécurité avait été discuté en amont à plusieurs reprises. Il était prévu des contrôles aléatoires, avec un effet dissuasif, et des patrouilles dynamiques autour de la Prom Party. "Mais cette stratégie n’a pas fonctionné", a reconnu l’ancien ministre de l’Intérieur car "le camion est intervenu en amont de la Prom Party".

"Il n’y a jamais eu de relâchement"

Le président de la cour, Laurent Raviot, lui a ensuite demandé comment comprendre le sentiment de nombreux Niçois qui estiment qu’il y avait une grande différence entre la sécurité lors de matches de l’Euro-2016 et celle pour le 14 juillet.
"Les deux dispositifs n’étaient pas de même nature", a répondu M. Cazeneuve, expliquant qu’il fallait faire beaucoup de fouilles dans le cadre de l’Euro et qu’il y avait eu un barriérage pour occulter la Fan zone, s’agissant d’un espace fermé. "La Prom party est un espace de circulation" avec "une longueur beaucoup plus importante", a-t-il souligné. "Nous ne sommes pas sur une science exacte. Quand on met en place un dispositif de sécurité, on ne sait pas ce qu’il adviendra. Même si je comprends que ce raisonnement ne soit pas satisfaisant. Il faut prendre en compte toutes les hypothèses possibles", a confié M. Cazeneuve.
Il a également souligné qu’il faut faire en sorte que les secours puissent passer et intervenir rapidement en cas d’incident.
"Il n’y a jamais eu de relâchement" après l’Euro-2016, a assuré Bernard Cazeneuve en répondant à Me Fabien Rajon, l’avocat qui l’avait fait citer.

Sébastien GUINÉ


Sébastien Guiné