Et si par malheur...


Economie


14 novembre 2022

L’edito hebdo de notre rédacteur en chef Jean-Michel Chevalier

Les déclarations martiales, les demi-vérités et les gros mensonges ne peuvent rien y changer : Moscou s’est embourbée en Ukraine dans cette "opération spéciale", une terminologie qui ne réussit pas à camoufler une guerre atroce. Les experts militaires s’accordent à dire que le général Raspoutitsa (hiver en russe) va ralentir, des deux côtés, les opérations.
Une bonne nouvelle ? Pas vraiment !

Alors que l’échec d’une invasion rapide est chaque jour plus patent, Moscou est malheureusement engagée dans une fuite en avant. Parce qu’elle n’a plus d’autres choix. Plier armes et bagages et rentrer les mains vides à la maison signerait la fin de l’ère Poutine, impensable vu du Kremlin. Et comme une victoire sur le terrain parait maintenant improbable, la Russie risque d’engager ce conflit dans une dimension "nucléaire".
évacuation massive des populations de la région de Kherson, départ de matériels lourds et de troupes... les signes avant-coureurs d’une retraite partielle sont là. Les habitants de cette région auraient choisi de devenir russes à l’occasion d’un référendum bidon et bien évidemment l’on ne tue pas des "compatriotes", ce privilège étant réservé aux Ukrainiens.
Les services de renseignements occidentaux font savoir (info ou infox ?) que les généraux de Poutine envisagent l’usage de l’arme atomique. Pour justifier à l’avance une telle éventualité, pour préparer leur opinion publique, ils affirment que l’Ukraine préparerait une "bombe sale", comme s’il en existait des propres...
Obligés de reculer, réduits à tirer (de loin) des missiles sur les infrastructures ukrainiennes d’eau et d’électricité en faisant des dégâts collatéraux chez les civils, les Russes sont dans une impasse, les pieds dans la boue des tchernozioms, ces terres noires qui font la richesse de l’Ukraine et des immenses territoires entre Don et Volga. Pour se dégager, pour tenter de faire plier Kiev, utiliser des armes nucléaires tactiques à portée limitée devient pour eux une option dont on espère qu’elle ne deviendra pas une évidence.

Si, par malheur, ces armes apocalyptiques devaient-être utilisées, quelles en seraient les conséquences en dehors de la vitrification de toute la région ? Comment l’Otan réagirait-elle, sachant que les puissances alliées ont répété qu’elles ne resteraient pas les bras croisés ? Quel effet domino sur les deux Corée, sur Taïwan, sur un Moyen-Orient toujours prêt à s’enflammer ?
Il y a un risque d’embrasement général, à côté duquel l’âge de départ à la retraite, les zones à faibles émissions (ZFE) dans les grandes villes, le prix de la dinde à Noël et les chicaneries aussi navrantes que permanentes à l’Assemblée nous ramènent à l’échelle de nos petits problèmes du quotidien.
Sur ce, bonne semaine à tous !

PS :
pour finir sur une note plus légère, je signale ne pas avoir trouvé de gilets jaunes en vente dans un hypermarché de Nice dont le rayon "auto" était pourtant bien achalandé. Je serais complotiste que j’y verrais une volonté du pouvoir de museler le peuple...


Jean-Michel Chevalier