Ça va mieux en le disant...


Economie


17 novembre 2022

Assez surpris, fus-je, l’autre jour, en écoutant à la radio deux publicités à la suite l’une de l’autre pour des voitures. Le premier message se terminait pas "pensez à utiliser les transports en commun", le second invitait... à la marche à pied pour économiser l’énergie. C’est un petit peu comme si au moment d’acheter un imperméable la vendeuse vous recommandait un parapluie...
Le politiquement correct a donc aussi débarqué dans la pub. Au point que les messages sont maintenant plus courts que les recommandations qui les accompagnent. Ces dernières sont d’ailleurs annoncées "en accéléré" avec une voix de contre-ténor car dans les grands médias ces désirs "qu’on nous nous inflige et qui nous affligent" (Souchon) sont facturés à la seconde. Il est donc plutôt cocasse de se voir préconiser à peu près le contraire de ce que l’on nous vante à coups de millions, l’offre restant bien sûr "limitée aux magasins participants" et "sous réserve de l’obtention d’un crédit" qui "doit être remboursé" après le sempiternel "délai de rétractation".
C’est le même phénomène pour les médicaments. Disons que vous avez un gros rhume et que vous demandez à votre pharmacien un petit quelque chose pour vous soulager. Surtout ne lisez pas la notice accompagnant vos pastilles ou votre "nez-bulisateur" ! Parce que, pour les indications, vous verriez une ligne laconique précisant que ce produit est fait pour les enrhumés. Mais elle sera suivie de deux pages où l’on vous apprendra que ce flacon en apparence si bénin peut vous faire tomber les cheveux et/ou la langue, causer de la tachycardie, des gratouillis, des chatouillis, que dans un cas sur 118 millions il est suceptible de vous faire pousser des écailles sur les guibolles. Il sera forcément réservé à l’adulte mais totalement déconseillé aux femmes enceintes. La notice ne dit rien pourtant pour celles qui ne sont pas encore "tombées" dans cet état mais qui vont glisser sur une peau de banane sur le trottoir. Que fait donc le ministère de la Santé ?

En se peignant un matin le système pileux qu’il a assez développé sur le menton et les joues, Édouard Philippe décida de faire rouler la France entière à 80 km/heure sur les routes départementales. Le succès de cette soudaine illumination fut tel que la plupart des Départements ont rétabli le 90, non sans avoir fait changer à deux reprises les panneaux qui décorent nos accotements. Au moment où l’on nous réautorise à accélérer un tantinet dans nos vertes campagnes, voilà que l’on envisage de nous faire ralentir à 110 sur les autoroutes. Au nom des économies d’énergie, de la pollution, de la sécurité (et rien pour l’égalité entre petites et grosses bagnoles, la fraternité entre conducteurs qui ne se feraient plus de queue de poisson ?).
Pendant ce temps, les grands du monde se sont retrouvés à la CP 27 en Egypte pour parler pollution et réchauffement climatique. Ils auraient demandé à Killian Mbappé comment être vertueux, qu’ils s’y seraient rendu en char à voile plutôt qu’en avion...


Jean-Michel Chevalier