Les conseilleurs ne sont pas toujours bons payeurs...


Economie


1er décembre 2022

L’affaire "McKinsey" qui secoue la Macronie donne raison a posteriori au rapport du Sénat paru en mars de cette année : il pointait la (trop grande) proximité des cabinets de conseil privés avec le pouvoir, ceux-ci étant grassement rétribués pour éclairer – sinon influencer - les gouvernements sur les politiques publiques.
Ce rôle de Jiminy Cricket chuchotant à l’oreille du prince ne serait qu’anecdotique si McKinsey, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 329 millions d’euros en 2020 avec la crise du Covid, payait effectivement ses impôts en France. Il n’en est rien. Car ses propres conseillers spécialistes de la fiscalité ont pratiqué entre 2011 et 2020 ce qu’en langage châtié on appelle "une externalisation offshore des bénéfices" ou en langage vulgaire un système pour passer légalement "à côté" de l’impôt.
McKinsey n’est pas le seul à engranger des millions en France et à aller voir ailleurs, sous des cieux toujours bleus, au moment de passer à la caisse. Des groupes appartenant au luxe, des Gafam et autres compagnies pétrolières utilisent avec succès les mêmes ficelles.
Le Parquet National Financier a ouvert une enquête préliminaire confiée à trois juges d’instruction pour diverses infractions supposées, dont celle de "blanchiment aggravé".
L’instruction va aussi se pencher sur les règles des marchés publics pour savoir si elles ont été parfaitement respectées dans le cadre des conseils donnés (ou plutôt vendus) à l’exécutif, s’il y a eu ou pas des retours d’ascenseur favorisés par l’habitude de travailler ensemble.
Quoi qu’il en soit, les opposants à Emmanuel Macron ont avec cette nouvelle affaire un bel os à ronger pour entretenir une suspicion délétère. Même Bruno Le Maire a reconnu que ce gouvernement et les précédents avaient trop pris pour habitude de demander des études sur tout et n’importe quoi, ou presque.
Quant au cabinet McKinsey, il est probable qu’il négocie, comme McDonald et Google avant lui, une "convention judiciaire d’intérêt public" avec le ministère des Finances. Cette procédure lui permettrait de payer ses impôts avant une éventuelle condamnation par un tribunal. Bercy, dont les caisses sont plutôt flasques, y voit évidemment son "intérêt public". Pas besoin de conseiller pour le comprendre.

Encore un sujet de mécontentement pour ce pauvre Vladimir : plusieurs pays sur le Vieux continent s’organisent pour mettre en place un plafonnement du prix du pétrole russe. Une décision qui pourrait aboutir assez rapidement, début 2023. De telles actions vont à l’encontre des principes des relations commerciales et vont très probablement aboutir à de graves conséquences pour le marché énergétique mondial" a riposté l’hôte du Kremlin, assez gonflé tout de même d’exiger un strict respect du droit international...


Jean-Michel Chevalier