Perfumist : « On place l’utilisateur au centre de nos préoccupations »


Economie


30 décembre 2022

Forte d’une communauté reposant sur plus de 2 millions de téléchargements, la startup qui agite le monde du parfum va lancer une nouvelle application et espère 3 millions d’utilisateurs supplémentaires en 2023.

Perfumist, qui a mis au point une application pour aider à trouver « le » parfum, pour soi-même ou pour offrir, vient de lancer une première campagne de crowdfunding, sur la plateforme Crowdcube. Ouverte depuis début décembre, elle a démarré très fort et doit se terminer au début de la nouvelle année. « Pour continuer à nous développer, à innover et à chercher, nous avons besoin de cet accompagnement  », explique posément Frederik Besson, fondateur et CEO de la startup grassoise, soutenue par la mairie et installée dans la pépinière InnovaGrasse. « Nous voulons sortir une nouvelle application début 2023, avec toutes les modifications importantes que demande la communauté. Cela fait deux ans que l’on travaille dessus et nous avons mis pas mal de choses dedans qui vont répondre à ces demandes. Notre ambition affichée est de monter à cinq millions d’utilisateurs en 2023 », ajoute-t-il. « Dès le début, nous avons complètement impliqué la communauté dans la construction de l’application », complète Amandine Buils, community manager de Perfumist. « Nous avons ce lien avec eux et c’est grâce à eux que nous en sommes là aujourd’hui. Cette campagne de crowdfunding, c’est pour aller au bout d’une démarche collective ». Frederik Besson précise que « ce n’est pas un don, c’est un investissement », possible à partir de 10 euros, pour soutenir « une noble cause ».
Perfumist, qui selon son fondateur « aide n’importe qui dans le monde, n’importe où dans le monde, à trouver la fragrance idéale, pour soi ou pour offrir », est d’ores et déjà connue et reconnue. Elle peut même être considérée comme l’application parfum N.1 au monde, de par l’importance de sa communauté, avec une présence dans plus de 200 pays, et de par sa crédibilité internationale.

Accord avec trois écoles de parfum


Depuis trois ans, Perfumist organise le prix du public décerné par la Fragrance Foundation britannique, entre mars et juin. «  Il y a 100 nommés, d’à peu près 60 fournisseurs. Nous demandons aux utilisateurs de se rendre chez Harrods, Boots et Fenwick pour sentir les parfums et les noter dans l’application. On ne peut pas voter autrement  ». Au bout d’un mois, après une première sélection, il reste six finalistes. Puis un mois plus tard, un seul gagnant. Autre exemple du crédit accordé à la startup grassoise : un accord récent signé avec les trois principales écoles du parfum en France, l’ISIPCA (Institut supérieur international du parfum, de la cosmétique et de l’aromatique alimentaire), le GIP (Grasse Institute of Perfumery) et l’ESP (École supérieure du parfum). Perfumist, qui reçoit énormément de parfums chaque année, les distribue aux écoles afin que les étudiants les évaluent, encadrés par des parfumeurs confirmés et par des professeurs. Cela permet aux élèves des écoles d’accroître leurs connaissances et à Perfumist d’améliorer ses algorithmes de correspondances en intégrant ces évaluations de professionnels aguerris et en devenir. « On a un peu de machine mais beaucoup d’humain », relève Frederik Besson.

« Indépendants et désintéressés »

« Ils l’ont fait avec nous parce que nous sommes indépendants et désintéressés. On fait avancer ce monde de la parfumerie. On est dans l’éducation, on vulgarise beaucoup de choses », poursuit-il. « On est très vertueux. On est là pour aider le consommateur mais on est aussi dans l’écosystème, avec les retailers et les marques. On est partenaire de tout le monde. En fait, on crée de la valeur pour tout le monde ». La grande majorité des marques qui sont répertoriées dans l’application sont partenaires. «  Cela veut dire qu’elles donnent les photos et les textes et qu’elles valident le fait qu’on puisse les comparer les unes aux autres. C’était la disruption de cet outil à la base », assure l’entrepreneur. « On ne vend rien, on n’est pas un site de vente. Si on vendait, on serait juge et partie et on refuse de l’être. Le business model n’est pas dans une marketplace ou dans des parfums à façon que vous n’avez pas demandés et que vous recevriez. Par contre, on a des retailers qui ont un assortiment, comme Carrefour par exemple. Avec nos outils, on aide à trouver un parfum, donc on rend un service. On est payé au service rendu. A chaque fois qu’une requête est faite sur les outils de Carrefour, nous touchons quelques centimes d’euros. On a également mis en place des outils en ligne. Vous nous dites quel parfum vous mettez et on vous donne, sur le site, les six parfums qui peuvent être intéressants pour vous. On arrive à transformer à peu près 10 % d’un trafic en acheteurs ».
Perfumist travaille également avec de nombreux grands magasins. En 2023, la Samaritaine, à Paris, s’ajoutera à la liste.

Perfumist, le « Tinder du parfum » ?

Frederik Besson ©DR

L’application est gratuite et sans publicité. «  Le principe est très simple, dans l’application elle-même et dans les outils que nous avons développés pour nos partenaires : vous nous dites le parfum que vous aimez, que vous avez aimé, qui d’ailleurs bien souvent n’existe plus, et à partir d’informations sur les parfums qu’on recoupe, on va définir un profil olfactif  », explique Frederik Besson. « On a à peu près 60 000 parfums dans la base de données. Tout ce qui a existé, on se doit de l’avoir référencé. On travaille avec tous les circuits de distribution qui existent. Notre promesse, c’est d’aider n’importe qui n’importe où dans le monde. Dans les outils que l’on met en magasin, comme chez Carrefour, vous dites seulement le parfum que vous utilisez ou que vous aimez, et là on vous dit : voilà dans le rayon les cinq parfums qu’il faut essayer. Qu’il faut essayer, j’insiste. On n’est pas là pour pousser une vente mais pour provoquer une émotion. Dans l’application, il y a un pourcentage de matching, on vous donne la correspondance. Certains nous appellent le Tinder du parfum. C’est ludique, c’est une véritable expérience consommateur  ».
Cela fonctionne pour offrir également : « 50 % des ventes de parfum dans le monde sont des cadeaux. Comment trouver le bon cadeau, même dans la bonne marque ? Combien se sont fait offrir des parfums qui ne leur plaisaient pas ?  ».
Autre exemple d’expérience proposée par Frederik Besson : « Vous êtes à l’aéroport de Nice. Vous avez deux minutes à perdre. Vous avez deux manières d’acheter : soit vous succombez à la promotion ou à la tentation de parler à une vendeuse, qui est commissionnée sur ce qu’elle vend, soit vous prenez un outil, notre application par exemple, et vous lui demandez de vous montrer dans tous les rayons ce que vous devez essayer. Et là, vous allez tomber sur des choses que vous ne seriez jamais allé essayer, parce que peut-être situées en bas ou d’une marque que vous ne connaissez pas. En la sentant, normalement c’est l’École des fans : 10, 10, 10… ».

Frederick Besson : « Je ne suis pas un parfumeur, je suis un entrepreneur »

Il n’aime pas se mettre en avant, préférant saluer le travail de son équipe et remercier tous les utilisateurs de son application. Frederik Besson a vécu 25 ans en Asie, en Chine et en Thaïlande, où il a eu des magasins de parfum. «  J’étais importateur et distributeur. J’ai fait venir plus de 100 marques en Asie. Cela a bien fonctionné. J’ai aussi été conseiller du commerce extérieur, en Thaïlande. A la fin, j’ai fait des licences. J’ai fabriqué des parfums pour des célébrités locales  ». En Asie, Frederik Besson a aussi eu cette idée d’accueillir différemment ses clients : « On a fait des magasins basés sur l’olfactif. Il y avait six familles d’odeur. Les gens s’asseyaient d’abord pour sentir. Des gens venaient en bus et faisaient la queue pour faire le jeu du parfum  », se souvient-il. « S’il y a un succès aujourd’hui pour Perfumist, avant d’être éventuellement économique, il est de prestige, puisque la communauté nous note sur les App Stores 4,6 en moyenne. J’en suis fier parce qu’on ne peut pas acheter une notation. Je pense que cela se verrait ». Frederik Besson est également fier d’avoir « une équipe extrêmement cosmopolite, avec sept ou huit nationalités. C’est cela qui fait la richesse. Et parfois on sollicite la communauté. Souvent on nous demande, combien vous êtes ? Et je réponds : on est deux millions  ».

Les chiffres clés de Perfumist

11 septembre 2017 : date de création
Une quinzaine de personnes travaillent dans le projet
Plus de 2 000 000 d’utilisateurs
60 000 parfums dans la base de données
Plus de 200 pays et 50 langues disponibles
4,6 Note moyenne donnée par les utilisateurs dans les App Stores


Sébastien Guiné