Dérapages incontrôlables...


Politique


24 février 2023

Le grand amphithéâtre d’une faculté aurait présenté un spectacle comme celui donné par le Palais Bourbon depuis trois semaines que le doyen se serait fâché tout rouge, en rappelant à ses étudiants leurs obligations, par ailleurs placées au même niveau que leurs devoirs. Au lieu de cela, nous avons assisté à des invectives plutôt qu’à des débats, à des vociférations plutôt qu’à des échanges, à des claquages de pupitres. Injures et quolibets, suspensions de séances aussi. On est même, paraît-il, passé à deux doigts d’un « jeu de mains - jeu de vilains » entre deux députés, évité par l’intervention opportune des huissiers.
Un bazar qui ne fait pas honneur à ceux-là même qui représentent le peuple, votent les lois et se doivent être... des exemples. Oh, j’entends déjà que l’on rejette la faute sur l’autre camp : « obstruction », « politique politicienne », « injustice », « scandale », « c’est pas de notre faute », « c’est celui qui dit qui est ». Des arguties de cours de récréation, qui ne cachent pas le triste état de notre représentation nationale, qui vient de jouer en public une version du « marché de Brive-la-Gaillarde » bien moins truculente que celle de Brassens.
C’est ce qui arrive quand une majorité n’a pas la majorité absolue. Sachant sa réforme impopulaire, le pouvoir a donc compacté le temps laissé aux débats (20 jours, article 47.1 de la Constitution) après avoir consulté en façade et peu pris en considération les attentes du terrain, des futurs retraités, premiers concernés. Le but était d’éviter à la « chienlit » de s’emparer du pays tout entier. On verra si ce pari est réussi.
En attendant, l’horloge s’est arrêtée vendredi à minuit à l’Assemblée sans même laisser le temps de discuter... le report de l’âge de départ à 64 ans, mesure la plus contestée. Joli bilan ! Le texte, qui part maintenant au Sénat, a mis au jour des failles à l’intérieur même des groupes politiques que, comme toujours, les petits arrangements sur fond d’arrière-pensées vont finir par colmater.


Nous n’avons jamais entendu autant parler que ces derniers jours dans les médias de Pierre Palmade après le terrible accident dont il porte une responsabilité écrasante. Des dommages sont irréparables, avec la perte d’un bébé encore dans le ventre de sa mère, et des blessures sur un autre enfant et sur un adulte, qui laisseront des séquelles. Tout cela a été dit, rabaché, passé à la moulinette jusqu’à plus soif. Et une suspicion de pédopornographie vient d’être rajoutée, ne manquait plus que cela.
On est allé fouiller dans la vie du comédien pour trouver des témoignages de personnes qui l’ont vu, croisé et fréquenté. Ce fait divers marque les esprits parce qu’il concerne quelqu’un de connu, parce que cela aura pu arriver à n’importe qui de venir en face, au mauvais endroit et au mauvais moment.
Il ne se trouve pas grand monde pour accorder à Palmade des circonstances atténuantes, sûrement parce qu’il n’y en a guère. Et comme en France on aime rien tant que brûler ce que l’on a adoré, surtout si les mis en cause sont davantage puissants que misérables, les réseaux sociaux véhiculent une haine qui est effrayante et vraiment pas digne de gens « civilisés ». De tels propos dans la presse conduiraient leurs auteurs devant les tribunaux, et ce ne serait que... justice. Mais l’anonymat garantit l’impunité, ce qui permet ce déversoir nauséabond.


Jean-Michel Chevalier