Eau potable : Mettre les Alpes-Maritimes à l’abri de la sécheresse


Economie


3 mars 2023

Comme tant d’autres, le département des Alpes-Maritimes a connu en 2022 une sécheresse exceptionnelle. Le déficit pluviométrique durant l’année hydrologique - de septembre 2021 à août 2022 - a été de -43 %, soit le plus important jamais enregistré depuis le début des mesures en 1959 ! Dans le même temps, des records de température ont été battus pendant la période d’étiage (entre juin et octobre), la plus chaude jamais enregistrée dans le département.

Brièvement dit, c’est le constat réalisé par les ateliers préparatoires aux « Assises de l’eau  » confiés à la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) à la demande du préfet Bernard Gonzalez. Ils se sont intéressés notamment à la sécurisation des besoins en eau potable pour la consommation humaine, agricole et industrielle, et à la protection des milieux. Ces ateliers ont permis d’élaborer une proposition de feuille de route pour les priorités d’actions identifiées.
Car de tels épisodes de sécheresse risquent de devenir communs dans les prochaines années en raison du dérèglement climatique. Il s’agit donc dès maintenant d’anticiper les crises à venir qui paraissent inévitables, d’adapter les consommations aux disponibilités en eau, d’optimiser le dispositif de gestion de crise en période de sécheresse. Cela doit « conduire à un engagement collectif pour préserver une ressource qui se raréfie et d’adapter nos usages en conséquence ».

Des moyens colossaux

« Un exemple est parlant dans ce domaine : celui de la sécurisation et de la mise à niveau des réseaux d’eau potables » commente Pierre Mario, vice-président de la FBTP 06.
«  D’après les rapports du GIEC, nos ressources en eaux douces reculeraient de 10 à 40 % selon les régions à l’horizon 2030/2040. Il y a donc urgence !  ». En clair, il faut boucher les fuites, changer les réseaux trop vétustes, refaire l’étanchéité des bassins… Des sommes colossales et des moyens importants (ingénierie, engins, etc.) sont en jeu pour éviter les désagréments prévisibles liés au réchauffement climatique.

Plan ORSEC-eau mis à jour

Les Alpes-Maritimes ont d’ailleurs été le premier département en France à déclencher le stade de vigilance dès le 9 mars 2022. Les mesures de restriction ont ensuite été graduellement renforcées, jusqu’à compter durant la saison estivale sept bassins en crise sur les dix du département. Les mesures ont finalement pris fin le 15 décembre, avec l’évolution favorable de la situation météorologique. Durant le deuxième semestre de l’année dernière, la préfecture et l’Agence régionale de santé ont mis à jour le plan ORSEC-eau.

Définir les usages prioritaires

La sécheresse a eu pour conséquence, sur le plan hydrologique, des débits des cours d’eau trop bas pour la normale saisonnière. De même pour le niveau des sources et des nappes phréatiques, avec des « linéaires d’assecs » encore jamais vus sur les têtes de bassin versant.
L’État, et notamment la préfecture des Alpes-Maritimes, a décidé d’appliquer des mesures de restriction d’usages de l’eau pour assurer le maintien d’un débit minimum biologique dans les cours d’eau pour préserver la vie aquatique. Elle a aussi désigné les usages prioritaires de l’eau (alimentation en eau potable des populations, santé, salubrité publique, sécurité civile etc.). Ces mesures ont permis de limiter la consommation d’eau, sans cependant éviter totalement des situations de défaillance en alimentation en eau potable dans certaines communes du moyen et du haut pays.


Jean-Michel Chevalier