Sécheresse : des pistes pour l’avenir


Economie


2 mars 2023

À moins de disposer d’une boule de cristal, il est aujourd’hui impossible de prédire si nous passerons un été « normal » ou au « régime sec ». Tout dépendra des précipitations à venir ce printemps. Janvier a été à peine satisfaisant, avec 30 mm, trois fois plus que l’an passé, mais rien n’est encore gagné, puisque la moyenne normale est de... 79 mm.

Ce qui est sûr, en revanche, c’est que les collectivités ont pris la mesure des difficultés pour garantir l’approvisionnement des populations, et cela depuis déjà de nombreuses années.

Un maillage des réseaux

La Métropole Nice Côte d’Azur a ainsi réalisé de gros travaux pour assurer un maillage des réseaux sur son territoire et permettre, en cas de défaillance de la ressource à un endroit donné, de compenser par l’apport d’autres points de pompage. Les trois usines de Nice-Rimiez, Nice Jean-Fabre et de Levens traitent l’eau de la Vésubie qui est distribuée sur la bande littorale azuréenne. Les trois quarts de l’alimentation de la Principauté de Monaco sont aussi assurés par ce cours d’eau.
Un deuxième réseau a pour point de départ les nappes phréatiques du Var et de la Vésubie, avec des stations de pompage à Castagniers et près du Cadam. Grosso modo, elles fournissent les villages situés le long de la plaine du Var.
« Pour assurer la sécurité de l’approvisionnement, la Métropole a prévu que chaque abonné puisse être relié à deux et parfois trois sources différentes. Les travaux d’interconnexion sont réalisés  » explique Hervé Paul, maire de Saint Martin-du-Var et vice-président délégué à l’eau, l’assainissement et l’énergie à la Métropole NCA.

La chasse au gaspi...

Cela ne veut pas dire que la vie est... un long fleuve tranquille. Le niveau exceptionnel de sécheresse de l’été 2022 a fait baisser les nappes phréatiques à des niveaux encore jamais vus : - 10 mètres à Saint Martin, contre - 2 ou - 3 mètres d’ordinaire. Résultat : des pompes se sont retrouvées « à sec », comme en septembre à Plan-du-Var, ce qui était proprement inimaginable.
« Heureusement, le maillage avec l’usine de Levens a permis de compenser et les usagers ne se sont finalement aperçu de rien. Depuis 2008, la Métropole a investi 143 millions dans des travaux très importants que nous sommes bien contents d’avoir anticipé  » poursuit Hervé Paul.
Par exemple, une chasse au gaspi a été réalisée sur les réseaux fuyards, ce qui permet d’économiser environ 700 000 mètres cubes par an. La reprise en régie du service de l’eau a aussi permis de doubler les investissements par rapport à la situation antérieure avec délégataire. Surtout, elle permet à la Métropole de piloter la situation au plus fin, en choisissant les lieux d’intervention les plus pertinents, en bénéficiant du temps long sans être soumise comme le serait une compagnie privée à un retour rapide sur investissement.
Il nous faut donc maintenant regarder le ciel et espérer de nouvelles précipitations. Jusqu’à présent, la neige est tombée de façon significative à trois reprises et a fondu lentement, ce qui est bénéfique à la recharge des nappes. Le froid intense en revanche est néfaste : lorsque le manteau blanc gèle brutalement l’eau va ruisseler et se perdre.

Des pistes pour l’avenir...

Ce qui est ressorti des ateliers des Assises de l’eau :
 Construire un cadre de réflexion pour une gestion coordonnée de la ressource en eau à l’échelle départementale et inter-départementale.
 Renforcer la coordination entre les gestionnaires de réseaux.
 Réviser la tarification pour mieux refléter la valeur de l’eau : étendre la progressivité et la saisonnalité en matière de tarification et adapter le tarif selon les grandes catégories d’usages.
 Planifier et accompagner les investissements prioritaires nécessaires à la sécurisation quantitative et qualitative de la distribution d’eau potable à l’échelle du département.
 Améliorer la protection des captages d’eau contre les pollutions ponctuelles et accidentelles.
 Améliorer l’information des consommateurs d’eau.
 Constituer des réserves d’eau stratégiques.
 Régulariser la situation des canaux d’irrigation.
 Étendre l’équipement en télé-relève ou radio-relève pour cibler les « gros consommateurs » et pouvoir les informer en temps réel.
 Généraliser la tarification saisonnière pour que le prix de l’eau reflète sa rareté en été durant la période de tension.
 Mettre en place des compteurs intelligents (type « Linky ») au plus près du consommateur, communiquer de manière pédagogique sur l’origine de l’eau et son prix sur la facture individuelle, réfléchir à un système de bonus/malus en fonction de la consommation, introduire des pastilles réductrices de débit en période critique.


Jean-Michel Chevalier