Bâtonnat de Nice 2024-2025 : Pourquoi ils sont candidats


Droit


17 mars 2023

Les avocats niçois voteront le 23 mars, et éventuellement le 30, pour élire leurs Bâtonnier et Vice-Bâtonnier 2024-2025. Rencontre avec, pour l’heure, les quatre candidats.


Emmanuel Brancaleoni et Valérie Serra : « Rigueur, cohésion et entraide »

Ils se connaissent depuis longtemps et considèrent cette candidature comme une suite logique à tous leurs engagements auprès de leurs confrères.

Pourquoi souhaitez-vous devenir Bâtonnier et Vice-Bâtonnière ?

Mes Emmanuel Brancaleoni et Valérie Serra ©S.G

- Emmanuel Brancaleoni : Je suis avocat depuis le 3 janvier 2000 et je suis investi à l’Ordre depuis le 1er janvier 2014. Depuis cette date, je n’ai jamais cessé de m’occuper de mes confrères et d’être à leur service. J’ai été au service des différents bâtonniers qui se sont succédé, dans la continuité et le prolongement de leur action. Ils m’ont tous fait confiance. Je me suis engagé particulièrement à l’égard des confrères en difficulté. C’est une préoccupation qui revêt toute son importance, compte tenu de la sortie de la période Covid. J’ai été confronté aux difficultés et aux souffrances des confrères. (…) Pour l’essentiel, il s’agissait de difficultés financières. Personne n’échappe aux difficultés du temps. (…) Cela m’a beaucoup apporté humainement et professionnellement. Mes différents mandats m’ont aussi permis d’apprécier la charge que peut représenter au quotidien la gestion d’un ordre professionnel comme celui des avocats au Barreau de Nice, avec 1 300 confrères et une quinzaine de salariés en tout. Mais c’est une charge qui est passionnante. Le moteur, c’est l’envie. Après plusieurs années au service des confrères, la décision a été prise de manière très naturelle.
- Valérie Serra : J’ai eu un déclic pendant le confinement. En 2021, j’ai eu 50 ans et j’avais 25 ans de barre. C’était un peu l’heure du bilan pendant cette période de temps mort. Cela m’a permis de réfléchir au sens que je voulais donner à ma vie professionnelle et j’ai eu envie de m’investir davantage pour mes confrères. Par le passé j’ai eu l’occasion de défendre tant au civil qu’au pénal certains confrères mais il m’est apparu évident de m’engager davantage. Aujourd’hui je suis membre du Conseil de l’Ordre et je travaille dans différentes commissions qui sont vraiment très intéressantes : taxation des honoraires, relations avec les justiciables, confrères en difficulté et droits de l’Homme. Et lorsque Me Brancaleoni m’a sollicitée pour envisager le Bâtonnat cela m’a paru évident, pour deux choses : parce que c’est le prolongement du parcours que j’ai souhaité suivre après cette longue réflexion et parce que c’est Emmanuel Brancaleoni, que je connais depuis une vingtaine d’années et dans lequel j’ai entièrement confiance. C’est un honneur pour moi de faire équipe avec lui. On s’apporte mutuellement.

Est-il désormais devenu incontournable à Nice d’avoir un Bâtonnier et un Vice-Bâtonnier ?

- Emmanuel Brancaleoni : Il nous semble que oui. Pour une raison simple : c’est que la charge de Bâtonnier a beaucoup évolué ces dernières années. C’est devenu un travail à plein temps, extrêmement technique. Si on veut vraiment être efficaces et disponibles pour les confrères, on a besoin d’être deux. C’est une charge qu’on ne peut plus assumer seul. Nous devons à nos confrères de la disponibilité et de l’écoute.
- Valérie Serra : C’est un atout pour tout le monde. C’est un atout pour les confrères parce que nous avons deux sensibilités différentes. C’est un atout pour le personnel de l’Ordre parce qu’il faut aussi leur consacrer du temps. (…) Nous souhaitons être présents à l’Ordre tous les jours, à tour de rôle. La porte sera ouverte.

Quels sont les deux ou trois axes majeurs de votre candidature ?

- Emmanuel Brancaleoni : Ce qui est surtout important, c’est l’esprit dans lequel nous allons travailler. Nous voulons de la rigueur dans la fonction, dans l’application de nos règles, dans la gestion comptable. Nous voulons de la cohésion au sein du Barreau. Nous avons fait le constat d’une atomisation des confrères. Chacun est dans son coin. Nous voulons également un esprit d’entraide, de solidarité entre les confrères. Rigueur, cohésion et entraide.
- Valérie Serra : De la rigueur et de la bienveillance.
- Emmanuel Brancaleoni  : La rigueur n’est pas le rigorisme. Ce que les confrères attendent, c’est que nos règles professionnelles soient respectées.

Dans votre profession de foi, vous évoquez quelques éléments de votre vie privée : l’importance de la musique pour vous Me Serra et des livres pour vous Me Brancaleoni. Quels livres et quels artistes vous ont marqués récemment ?

- Valérie Serra : Je suis plutôt rock mais un artiste qui m’a vraiment étonnée c’est Gérard Depardieu chantant Barbara. J’ai été bluffée, touchée. Même chose pour Francis Cabrel. Deux coups de cœur étonnants. Autrement, les artistes qui m’ont vraiment impressionnée, ce sont Bruce Springsteen et Metallica ».
- Emmanuel Brancaleoni :  J’ai terminé de lire Le livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa, qui est un très beau livre, très profond. Et je suis en train de lire le livre de mon confrère parisien et ami Emmanuel Pierrat qui s’appelle Quand les avocats font l’histoire. Une chronique des avocats qui ont fait l’histoire, les grands noms du Barreau, les avocats qui ont fait de la politique.


Stéphanie Hobsterdre Hautecoeur et Frédéric Morisset : « Bienveillance et proximité »

Ils ont déjà travaillé ensemble et ils souhaitent faire profiter leurs confrères d’un travail qui s’est avéré « constructif ».

Pourquoi avez-vous décidé d’être candidats et comment s’est constitué le binôme ?

Mes Frédéric Morisset et Stéphanie Hobsterdre Hautecoeur ©S.G


- Stéphanie Hobsterdre Hautecoeur : C’est moi qui ai sollicité Frédéric Morisset. C’est à lui que je dois mon implication à l’Ordre des avocats puisqu’il était venu me solliciter il y a quatre ans pour présenter notre candidature en binôme à l’Ordre des avocats. Ce que j’ai trouvé à l’Ordre des avocats m’a intéressée, passionnée même. Je me suis pleinement investie et j’ai persévéré sur un deuxième mandat. Pour cette élection, c’est une réflexion mûrie et puis il y a quelque chose d’anecdotique mais d’intéressant : lorsque j’étais dans la salle du Conseil de l’Ordre, je parcourais des yeux le tableau de tous les Bâtonniers et je me suis rendu compte que depuis 163 ans, il n’y avait eu que deux femmes Bâtonniers et que depuis que le système des binômes existe, il n’y a jamais eu de femmes mises en avant. Elles sont toujours proposées pour être Vice-Bâtonnier.
Je me suis dit et si nous faisions le pari d’inverser la tendance. Je me suis alors mise à la recherche d’un volontaire pour partager l’aventure. J’ai été agréablement surprise du bon accueil réservé à cette idée, Frédéric a été emballé. Le fait que le binôme soit inversé n’est pas pour autant l’essentiel de notre candidature. Elle est motivée par bien d’autres choses, comme la continuité de notre travail à l’Ordre. Je suis impliquée dans de nombreux projets et je souhaite m’impliquer encore plus.

- Frédéric Morisset : J’ai été membre du Conseil de l’Ordre de 2010 à 2012 et pendant ce mandat de trois ans j’ai eu la chance, le privilège même, d’avoir comme Bâtonniers Me Patrick Le Donne et Me Marie-Christine Mouchan. J’ai vu le travail formidable qu’elle a fait pendant ces années. Ensuite, pendant quelques années, je n’ai plus été membre du Conseil de l’Ordre. J’y suis revenu avec Stéphanie Hobsterdre Hautecoeur en binôme de 2020 à 2022. Mon mandat s’est arrêté au 31 décembre 2022 mais je reste membre du Conseil d’administration de la CARPA et membre de nombreuses commissions, notamment la commission Structures et la commission Communication, qui sont des sujets qui me tiennent à cœur. Quand Stéphanie m’a proposé d’être son vice-bâtonnier, la réponse a été instantanée. Cela me semblait une évidence. En travaillant avec elle pendant plusieurs années au sein du Conseil de l’Ordre, j’ai pu constater sa force de travail, son implication et son attachement aux valeurs qui font la spécificité de notre profession. Le fait d’être Vice-Bâtonnier ne me pose aucun problème. En 2023, la question ne devrait même pas se poser.

Est-il devenu indispensable d’être deux pour le Bâtonnat de Nice ?

- Stéphanie Hobsterdre Hautecoeur : Je pense que la charge de travail est devenue très importante et il serait compliqué pour un Bâtonnier de ne pas être secondé. Ce qui est intéressant dans le fait d’être deux c’est qu’il y a un dialogue sans cesse renouvelé. Les problématiques peuvent être discutées et nous pouvons partager des avis.

- Frédéric Morisset : Nous avons eu tous les deux la chance d’être au Conseil de l’Ordre sous les mandats de Thierry Troin et Nathalie Beurgaud et d’Adrien Verrier et Cécile Schwal et nous avons pu constater, de manière très concrète, le fait qu’être deux, cela permet de se répartir les tâches dans un Barreau, avec de multiples problématiques à régler, et cela permet de réfléchir à deux têtes, d’échanger avant de trancher.

Quels sont les deux ou trois priorités de votre candidature ?

- Stéphanie Hobsterdre Hautecoeur : Notre programme est axé sur la bienveillance et sur la proximité. Le mot bienveillance est un peu galvaudé mais nous nous sommes rendu compte, dans le cadre de nos fonctions, qu’il y avait des difficultés nouvelles dans ce métier, qui sont surtout financières, économiques, en raison de la conjoncture. Nous sommes très nombreux et les jeunes rencontrent des difficultés que nous n’avions pas quand nous avons débuté. Nos confrères doivent savoir que nous aurons toujours une oreille bienveillante et que nous essayerons toujours de trouver des solutions favorables. La proximité, ce sont tous les services dont ils peuvent avoir besoin, au Palais, dans leurs rapports avec les magistrats ou avec l’Ordre et dans leur exercice quotidien.

- Frédéric Morisset : Le fait qu’il y ait beaucoup de jeunes qui désirent revêtir la robe, cela nous ravit. Mais par rapport à cela, notre idée est de pousser le Barreau à investir tous les champs d’activité sur lesquels il n’est pas encore assez présent : les mandats de transaction immobilière, la justice collaborative, amiable… Nous voulons faire grossir le gâteau.

Dans leur profession de foi, les autres candidats ont confié quelques passions personnelles. Quelles sont les vôtres ?

- Me Hobsterdre Hautecoeur : Je peux faire des kilomètres pour aller à un concert de rock mais aussi aller jusqu’à Amsterdam pour voir une exposition de Vermeer. Et j’ai une passion pour New York.

- Me Morisset : En dehors de ma passion pour le métier, j’ai une passion pour le sport. J’essaie d’en faire régulièrement. Je me déplace beaucoup à vélo et je pratique les sports de combat depuis de nombreuses années. J’ai passé ma ceinture noire de karaté l’année dernière.

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Les candidatures peuvent être prises en compte jusqu’au 17 mars. Si d’autres avocats venaient à se présenter, nous leur donnerions évidemment la parole, sur notre site internet.


Sébastien Guiné