Quand j’aurai 64 ans...


Politique


16 mars 2023

L’edito hebdo de Jean-Michel Chevalier

À l’Assemblée comme au Sénat, des cris d’orfraie émanent de tous les bancs pour dénoncer, la main sur le cœur, une atteinte intolérable au fonctionnement démocratique de notre parlement.
À droite, on affirme que ces milliers d’amendements et de sous-amendements déposés par le camp d’en face n’avaient d’autre but que de ralentir les débats de la réforme des retraites, et d’empêcher le vote au Palais du Luxembourg avant la date butoir.
À gauche, il n’y a pas de mots assez sévères pour pointer le recours à l’article 44.3 de la Constitution qui a permis aux sénateurs de voter la réforme en une seule fois au lieu de la débiter, comme un saucisson, en étudiant toutes les contributions.
Comediante, tragediante… Nous y sommes habitués depuis le début de la vie parlementaire, et ce n’est pas d’hier. Les pouvoirs ont recours à tous les dispositifs pour mettre un peu d’huile quand « ça coince ». Le gouvernement aurait à l’évidence préféré ne pas faire appel à ce 44.3 qui signe cruellement l’absence de majorité absolue dans les deux chambres. Pour respecter la pendule, il n’avait pas le moyen de faire autrement. Ce n’est quand même pas glorieux.
Après l’adoption de cette réforme, l’exécutif n’en a pas encore fini avec ce brûlot : une étude Odoxa-Backbone-Consulting réalisée pour Le Figaro montre que 57 % des Français sont pour la poursuite de la mobilisation et se disent même prêts à en payer les désagréments en allant au boulot à pied plutôt qu’en tram-train-métro. S’ils ne sont donc pas résignés, jusqu’à quand resteront-ils dans cet état d’esprit combatif ?
Le gouvernement compte sur le temps qui finit par cicatriser les plaies. Mais le même sondage Odoxa montre aussi que l’opinion publique créditerait l’Élysée et Matignon de la responsabilité d’une énième chienlit, façon blocage du pays ou gilets jaunes. Après les effets de manches et les rodomontades dans les hémicycles, le plus dur est, peut-être, encore à venir...


Devant un tribunal, quel est le tarif pour un bras d’honneur ? Et pour deux bras d’honneur (puisqu’il y a donc récidive) ? Et pour trois bras d’honneur (récidive de la récidive) ?
Questions transmises au ministre de la Justice, bien placé pour apporter un éclairage sur le sujet…


Lorsqu’encore adolescent Mc Cartney composa sur le piano familial «  When I’m Sixty four  » (« quand j’aurai 64 ans ») gravé sur l’album Sergent Pepper’s, il pensait à son père et non pas à l’âge du report du départ à la retraite en France. Dans cette chanson, le bassiste joufflu des Beatles s’interroge sur ce futur encore lointain pour lui à l’époque et se demande s’ils s’aimeront toujours avec sa bien aimée (« Who could ask for more ? » Qui en demanderait davantage ?, « Will you still need me, will you still feed me ? », Auras-tu encore besoin de moi, me feras-tu encore à manger ? « When I’m Sixty-four » Lorsque j’aurai soixante-quatre ans).
La coïncidence est amusante : pour Sir Paul, cet âge précis a été choisi pour la facilité de la rime. En aucun cas, cela ne constituait un soutien, même prémonitoire, à la réforme des retraites. Let it be !
J.-M. CHEVALIER


Jean-Michel Chevalier