Mettre les pendules à l’heure


Politique


30 mars 2023

Ceux qui promettaient une "bordélisation" ont réussi leur coup. Poubelles en feu et qui s’amoncellent sur les trottoirs parisiens, violences avec 450 policiers et gendarmes blessés dans les manifestations, trains à l’arrêt et travailleurs à pied, stations-service au régime sec... Et, cherry on the cake, annulation au dernier moment de la visite du roi Charles III, ce qui résonne comme un nouvel aveu qu’il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France où le monarque républicain n’est même plus en capacité de recevoir son "collègue " d’outre-Manche.
Au lieu de Paris, qui devait être la destination de son premier voyage officiel à l’étranger, le roi d’Angleterre ira finalement à Berlin. Cruel pour l’égo national ! Malgré les arguments sécuritaires avancés par l’Élysée – les forces de l’ordre mises fortement à contribution ces derniers jours ne sont pas en mesure d’assurer sa sécurité - on ne peut s’empêcher de voir dans ce report l’illustration de la crise profonde que traverse notre pays. Elle ne se traduit plus seulement par une dette abyssale de 3 000 milliards, mais aussi par une image déplorable renvoyée dans le monde, ce qui ne date d’ailleurs pas de la semaine dernière...
Contraint par les événements, Emmanuel Macron n’avait d’autre choix que d’annuler la royale visite. Un dîner de gala sous les lambris de Versailles, une descente des Champs-Élysées, un étalage de fastes eurent été "too much" pour une opinion en ébullition sur une réforme des retraites à la fois incomprise et rejetée massivement. Après les avoir snobés, après le flop de sa dernière intervention à la télé qui n’a pas convaincu, le président a entrouvert la porte à des discussions avec les syndicats.
Il était temps !
L’opération "sauvetage des meubles" a commencé. Rien ne dit qu’elle réussira. Car confortés par leurs succès dans la rue, les organisations syndicales ne sont sans doute pas prêtes à lâcher du lest. Le rapport des forces est à leur avantage, une large partie de l’opinion derrière eux. Elles doivent cependant veiller à ne pas perdre le contrôle d’une situation aussi instable qu’un mélange de poudre et d’étincelles.
Comme pour les gilets jaunes, l’opinion reprochera sans doute longtemps au président un manque d’écoute et de considération, une rigidité jusqu’au-boutiste qui crispe le pays alors que l’on attend aussi de lui de mettre de l’huile dans les engrenages. Il n’est évidemment pas le seul responsable. Les partis politiques ont leur part dans cette décomposition qui fait que moins d’un électeur sur deux s’est déplacé aux dernières législatives, que les Français ne croient plus à la parole publique, ne respectent plus ou si peu ceux qui la portent. Pouvait-on espérer mieux au spectacle de députés s’invectivant comme des chiffonniers, pinaillant davantage pour des intérêts de politique-politicienne que pour mener une réflexion, un débat ?
Il reste un an avant les Jeux Olympiques de Paris. Un an c’est très court pour éviter un nouveau fiasco comme celui de la visite de Charles III...


Jean-Michel Chevalier