Bâtonnat de Nice 2024-2025 : Maître Brancaleoni et Maître Serra en salle d’attente


Droit


31 mars 2023

Très reconnaissants et motivés à l’idée de représenter leurs pairs, ils prendront grand soin de respecter jusqu’au bout le travail de Me Verrier et Me Schwal.

Ils ont bien sûr des convictions, des idées et un plan d’action en tête. Un projet, qu’ils ont eu le temps de présenter pendant la campagne, aux côtés des deux autres candidats, Me Sophie Hobsterdre-Hautecoeur et Me Frédéric Morisset. Mais leur élection désormais acquise, ils vont se mettre en retrait, poursuivant leurs actions au sein du Conseil de l’Ordre et de leurs commissions respectives. Jusqu’à la prise de fonctions en janvier 2024, avec sans doute une transition plus active avec le Bâtonnier Adrien Verrier et la Vice-Bâtonnière Cécile Schwal à partir du mois de septembre. « On a déjà un pied dedans, les choses vont se faire naturellement  », explique posément Emmanuel Brancaleoni, élu au poste de Bâtonnier. «  L’avantage d’être désigné tôt, c’est que l’on a de la visibilité. Et en même temps on ne peut pas trop se projeter parce que le Bâtonnier et le Vice-Bâtonnier en poste ont encore de beaux jours devant eux  », poursuit-il. Adrien Verrier et Cécile Schwal «  ont déjà fait beaucoup depuis le début de leur mandat et ils vont faire encore plein de choses. Il est difficile de dire : nous allons faire ceci et cela. Nous nous adapterons, en fonction de ce qu’ils auront accompli », indique-t-il, avant d’ajouter en souriant : « Et puis nous essayerons de faire mieux  ». Les avocats du Barreau de Nice ont été nombreux à leur faire confiance pour le mandat 2024-2025. Sur 852 votes exprimés (894 votants au total), le binôme Brancaleoni-Serra a recueilli 631 voix, contre 221 pour Stéphanie Hobsterdre-Hautecoeur et Frédéric Morisset. «  Le résultat nous a étonnés. On ne s’attendait pas forcément à un accueil aussi chaleureux de la part de nos confrères  », confie la future Vice-Bâtonnière, Valérie Serra. « D’autant que nous n’avons pas fait du tout une campagne sur les réseaux sociaux. Nous avons diffusé notre programme et nous étions présents au Palais  ».

Terrain

La Maison de l’Avocat abrite notamment la salle du Conseil de l’Ordre et un espace de convivialité. ©S.G

« Nous avons fait vraiment une campagne ‘‘à l’ancienne’’, une campagne de terrain et je pense que c’est ce qui marche entre avocats. Les confrères votent pour les gens qu’ils connaissent », abonde Me Brancaleoni, qui a souhaité incarner pendant la campagne la future disponibilité dont ils entendent faire preuve tous les deux pendant leur mandat en étant très présent près du Palais de justice ces dernières semaines. «  J’avais pris un abonnement au Café du Palais », plaisante ce grand consommateur de café avant d’ajouter, plus sérieusement : « Ce qu’ils attendent de nous, c’est un accès facile. L’idée, c’était vraiment de dire, venez nous parler, nous sommes là pour vous ». Valérie Serra précise qu’ils sont allés «  à la rencontre de gens qui nous connaissaient moins ou qui ne nous connaissaient pas, notamment les jeunes. Le fait d’avoir un contact physique, d’abord c’est plus chaleureux et cela met plus en confiance les confrères pour se confier, pour parler de leurs difficultés. Cela nous aide à réfléchir aux mesures à prendre dans l’avenir. Et c’est l’intérêt d’une campagne sur le terrain : la proximité. » L’esprit de leur campagne était rythmé par les maîtres mots « rigueur, cohésion et entraide  ». En allant un peu plus loin dans leur programme, ils expliquent qu’ils veilleront particulièrement à mettre l’accent sur la prévention des difficultés. « Pour l’essentiel, il s’agit de difficultés financières », indique Emmanuel Brancaleoni, qui connaît très bien le monde de l’entreprise. «  Aujourd’hui, l’avocat est un entrepreneur, souvent individuel. Au Barreau de Nice, pour l’essentiel, l’exercice est individuel. L’avocat est un acteur économique, il gère une entreprise et il est donc soumis, comme le sont toutes les entreprises, à des règles de concurrence et, par conséquent, aux difficultés que peuvent rencontrer les entreprises : des problèmes de clients qui s’en vont, ou de clients qui ne payent pas ou qui payent avec retard. En tant qu’acteur économique, même avec notre ADN et notre particularité qui est celle d’avocat, nous n’échappons pas aux difficultés du temps  », prévient-il.

« Tout le monde a traversé la période Covid avec les difficultés immenses que cela a pu générer. Nous avons eu cette période de transition, de moratoire, d’aides très actives des pouvoirs publics. Nous sommes en train d’en sortir et nous savons bien que c’est maintenant, malheureusement, que les difficultés peuvent resurgir pour les confrères parce que les PGE (prêts garantis par l’État) doivent être remboursés et parce que l’Urssaf, qui a joué le jeu pendant toute cette période, recommence à réclamer son dû. Les avocats n’échappent pas à ces règles-là », assure le futur Bâtonnier du Barreau de Nice. « Cela fait partie des choses sur lesquelles nous serons très attentifs. Notre idée est d’accompagner les confrères de manière active en mettant à leur disposition les outils qui sont ceux de la procédure collective et, surtout, en faisant en sorte de détecter ceux qui peuvent entrer dans une période de difficultés pour anticiper, parce que le maître mot du retournement et de l’évitement des difficultés, c’est l’anticipation. Aujourd’hui, il y a encore malheureusement trop de confrères qui finissent par soit déposer le bilan soit être assignés en redressement judiciaire ».

Solutions

Un temps d’échanges convivial entre Sébastien Guiné directeur de la rédaction PA et Mes Brancaleoni et Serra quelques jours après leur élection en qualité respective de Bâtonnier et Vice-Bâtonnière de Nice. ©V.N

Et les plus touchés ne sont pas les plus jeunes. «  Les ‘’victimes’’ sont généralement des confrères qui ont déjà un exercice professionnel bien entamé, avec 25 ou 30 ans de barre, explique Me Brancaleoni. Pour une raison simple : ils ont des structures qui sont généralement un peu plus lourdes à faire fonctionner que celles des très jeunes confrères : secrétaires, collaborateurs, crédit pour l’acquisition des murs du cabinet... Si la machine se grippe ou ralentit trop, cela peut générer des difficultés. Mais il y a des solutions. Nous les pratiquons pour les entreprises ‘’classiques’’ et il n’y a aucune raison que cela ne fonctionne pas pour les avocats. J’ai accompagné quelques confrères au dépôt de bilan, à la liquidation judiciaire, et c’est une expérience très difficile. Notre idée est d’éviter cela ». Valérie Serra confie de son côté avoir assisté « des confrères qui avaient des problèmes personnels, parfois devant les tribunaux  » et qu’elle «  souhaite également être présente à l’Ordre pour l’aspect personnel. Cela peut rejaillir sur l’activité donc nous sommes là pour les écouter. Nous voulons être là pour tous les confrères ». Et ils n’oublient pas les personnes qui travaillent à l’Ordre. « Il faudra leur consacrer du temps également  », indique Me Serra. Les futurs Bâtonnier et Vice-Bâtonnière ont également neuf mois pour s’organiser professionnellement afin d’assurer la bonne marche de leurs cabinets respectifs. Ce qui passera vraisemblablement, pour chacun, par l’embauche d’un collaborateur. «  Il faut anticiper le fait que l’on sera moins disponibles pour nos clients, relève Valérie Serra. Comme on a souhaité être présents quotidiennement au Palais à tour de rôle, il faut que l’on soit aidés, même si on est de gros bosseurs. Il faut s’organiser, déléguer et faire confiance ».

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Sébastien Guiné