Babeth s’en va en guerre


Politique


4 mai 2023

L’edito hebdo de Jean-Michel Chevalier

Tout comme Francis Blanche et Pierre Dac qui avaient pour programme de "réconcilier les œufs brouillés", la Première ministre s’est vu fixer pour objectif de rabibocher les Français avec eux-mêmes - et avec le Président - en cent jours. Il s’agit donc, après cette période calamiteuse de la réforme des retraites, de caresser dans le bon sens du poil ces Gaulois si facilement réfractaires, pour tenter de leur faire oublier le passage en force du 49.3 et de les ramener à de meilleurs sentiments.
Comment cela ? En faisant des annonces positives envers la classe moyenne qui est un vaste espace fourre-tout, dans lequel on trouve aussi bien ceux qui se lèvent tôt pour aller au boulot que ceux qui se couchent tard parce qu’ils conduisent des bus la nuit, des petits et des moyens retraités. Bref, la grande masse des citoyens voyant les très riches s’enrichir encore davantage alors qu’ils craignent le déclassement pour eux-mêmes ou pour leurs enfants.
Avec l’État français, ce qui est formidable, c’est qu’il a toujours de bonnes idées pour les autres. Élisabeth Borne dit ainsi «  souhaiter des baisses concrètes, tangibles de prix d’ici la fin du mois de juin ». On croit sur parole à sa bonne foi. Elle demande aussi aux industriels de répercuter sur les étiquettes «  sans plus attendre la baisse des matières premières  ». Personne n’est contre la protection du pouvoir d’achat, évidemment.
Mais sans faire preuve d’un mauvais esprit excessif, on pourrait aussi rêver d’une baisse « concrète et tangible » des impôts et des taxes, ce qui donnerait encore plus de crédibilité à la locataire de Matignon...
Mais cela fait 49 ans exactement que l’État qui impose aux collectivités une gestion rigoureuse et équilibrée de leurs finances en leur interdisant tout déficit, alors que lui-même tire sans vergogne sur le chéquier de la dette qui atteint 2 950 milliards ! Et quand Bruno Le Maire embouche le clairon pour annoncer des « mesures » pour commencer à combler ce gouffre abyssal, aussitôt le Haut conseil des finances publiques les analyse basées sur des prévisions exagérément optimistes. Ou, autrement dit et de façon moins policée : pas réalistes. Quant au cabinet Fitch, il vient de rétrograder la France d’un cran. Un avertissement avec frais...
Il est donc à craindre pour les générations futures qui rembourseront nos emprunts d’aujourd’hui que le « quoi qu’il en coûte » justifié pendant la pandémie n’ait encore de beaux jours devant lui alors qu’une orthodoxie financière basique exigerait des coupes dans les dépenses. Gabriel Attal a entrepris une tournée intitulée « En avoir pour mes impôts » dans laquelle il explique faire la chasse au gaspi de l’argent public. Louable initiative, qui va très vite cependant se heurter aux demandes des uns et des autres, toutes justifiées, il va sans dire.


Jean-Michel Chevalier