Sicile : Dans les pas des dieux grecs


Culture


18 mai 2023

Les Grecs ont marqué - et de quelle façon ! - leur empreinte sur cette île de soleil et de vent

Au cœur de la Méditerranée, la Sicile a connu des influences (et invasions !) variées au cours des siècles. Elles se traduisent en particulier dans l’architecture, et l’on pense bien sûr aux somptueux palais baroques de Syracuse ou à l’époque « normande » de Palerme avec son château abritant la chapelle palatine.
Mais, bien avant, les Grecs ont marqué - et de quelle façon ! - leur empreinte sur cette île de soleil et de vent. Ils fondèrent leur première colonie à Naxos entre Messine et Catane dès 735 avant JC, avant d’essaimer sur tout le territoire.

C’est ici que l’on verra une très grande concentration de temples. Des monuments ensuite « recyclés » par les Romains, qui les dédièrent à leurs propres divinités. Puis ces formidables constructions furent largement oubliées et envahies de végétation...

Aujourd’hui, après ce long sommeil, il reste mieux que des vestiges de cette lointaine colonisation.

Le théâtre grec de Syracuse est l’un des plus grands du monde antique. Spectaculaire(1), bien conservé, il domine la ville au milieu d’un grand parc arboré et voisine à quelques centaines de mètres d’un petit « jeunot », l’amphithéâtre romain de Neapolis, bâti au IIIe siècle.

Mais c’est sur la côte sud-ouest, qui s’ouvre vers la Tunisie et Malte, que l’on trouve le plus de vestiges grecs. Vestiges ? Pas toujours : dans son écrin de verdure, isolé sur un flanc de montagne dominant une vallée verdoyante au printemps, Segeste est resté absolument intact. Deux mille ans ont passé sur les pierres taillées et assemblées au cordeau sans laisser de traces. Un vrai choc
esthétique. Tout près, les gradins circulaires du théâtre du IIe siècle pouvaient recevoir jusqu’à 4 000 spectateurs, ce qui témoigne de l’importance de la ville bâtie à cet endroit par les Hellènes.

La vallée des temples à Agrigente : six édifices à découvrir sur un même lieu. ©JMC

Architecture inspirée

On ne peut évidemment pas manquer la visite de la « Vallée des temples » - il y en a six - bâtis à quelques dizaines de mètres les uns des autres sur un mamelon au pied d’Agrigente. Le passionné de pierre et d’histoire y trouvera matière à thèse de doctorat. Le touriste sera subjugué par la puissance du lieu, la qualité des constructions, l’ingéniosité des architectes inspirés par l’Olympe. Et désappointés par la ville en surplomb, enlaidie par des immeubles abominables des années 1960, qui massacrent l’harmonie. Et aussi par les tas de poubelles qui jonchent les abords de la cité, jetés au passage par des automobilistes peu scrupuleux. Les rivières de sacs en plastique finissent dans la mer... Une honte, que l’on retrouve hélas partout en Sicile, alors que, ironie, le tri sélectif domestique y est une stricte obligation avec quatre bacs distincts et donne lieu à des amendes s’il n’est pas respecté... On pourrait aussi vous parler de Selinonte, haute silhouette émergeant des cystes, au milieu d’un incroyable chaos de pierres, semblant flotter en ciel et Méditerranée. Et des océans de mandariniers et d’orangers au pied de l’Etna, qui lâchent leurs effluves au gré du vent...

(1) Il fait actuellement l’objet de travaux importants qui gâchent la vue du site. Le visiteur n’est pas prévenu de ce désagrément à l’entrée.


Jean-Michel Chevalier