Un monde complètement foot


Politique


23 juin 2023

L’edito hebdo de Jean-Micehl Chevalier va droit au but !

Je serais un député Liot que, plutôt que de perdre mon temps avec l’abrogation d’une loi mineure comme celle portant à 64 ans l’âge de départ à la retraite, je m’intéresserais plutôt au vrai sujet qui agite les parlementaires : Élisabeth Borne a-t-elle le droit de vapoter à l’Assemblée et au Sénat ? La Première ministre a en effet été vue en séance au palais Bourbon avec une cigarette électronique à la bouche, et même photographiée au palais du Luxembourg avec cet accessoire « tech ».
Bien sûr que non, elle n’a pas le droit de fumer sa clope, même électronique, dans un lieu public, et elle risque pour cela une amende allant jusqu’à 150 euros. Pas de quoi renflouer les caisses de l’État, ni de déposer une nouvelle motion de censure du gouvernement. Mais cela aurait valeur d’exemple au pays des libertés et de l’égalité…

Le président s’est saisi de l’autre grande question d’actualité. Non pas la guerre en Ukraine, ou l’envolée des prix, ou le pouvoir d’achat riquiqui et autres sujets très secondaires mais, vous l’avez deviné, du possible départ de
Kylian Mbappé du PSG. À un jeune supporter qui lui demandait si la star resterait à Paris, Emmanuel Macron a répondu : « je vais pousser pour ». Nous voilà rassurés. Pour l’instant, ni Zelensky ni Poutine n’ont réagi à cette annonce élyséenne.

Salarié le mieux payé de France, Mbappé a fait monter la pression - et sans doute les enchères - en annonçant qu’il ne rempilerait peut-être pas au PSG à l’issue de son actuel contrat. La nouvelle a fuité dans la presse, d’où un émoi de la « planète foot », partagée entre les Madrilènes qui rêvent de le récupérer, et les Parisiens qui ne veulent pas le voir partir, parmi lesquels Emmanuel Macron, prêt à se mobiliser pour cette cause « nationale ».
Du « coût », les responsables du PSG ont dit envisager se séparer de l’attaquant qui, avec ses émoluments à plusieurs dizaines de millions d’euros par an, ferait presque passer Neymar et Messi pour des damnés du ballon rond.

On ne va pas critiquer ici le talent, incontestable, de la perle du foot tricolore. Ni plaindre le club parisien qui, depuis des années, participe à une surenchère inouïe des salaires pour ce qui n’est après tout qu’un jeu de ballon devenu un business très lucratif et une quasi religion, avec ses fêtes, ses célébrations et ses martyres lorsque des joueurs sont blessés ou restent sur le banc de touche. Avec cette tragi-comédie, le PSG reçoit en pleine figure le boomerang qu’il a lui même lancé à coups de millions.

Un milliard d’euros sonnants et trébuchants, c’est la recette espérée par la Ligue de foot professionnelle pour les droits télé sur la période 2024 - 2027. à titre de comparaison, le Téléthon n’a permis de récolter que 85 millions, et 30 millions seulement peuvent être consacrés par la Ligue à la recherche contre le cancer.

Avec ses chiffres, tout est dit de notre époque.


Jean-Michel Chevalier