Épargne réglementée : collecte record et percée historique du nombre d’ouverture de LEP en 2022


Finance


18 juillet 2023

L’essentiel à retenir du rapport de la la Banque de France paru ce jour

Le Gouverneur de la Banque de France a présenté ce jour le rapport annuel 2022 sur l’épargne réglementée : une collecte record et une percée historique du nombre d’ouverture de LEP

Cette édition 2022 revient sur les faits marquants concernant l’évolution des principaux produits de l’épargne réglementée, livret A, LDDS, LEP, ainsi que sur l’utilisation des fonds qu’ils drainent pour financer le logement social et la politique de la ville, les PME, la transition énergétique et l’économie sociale et solidaire.

Ce rapport éclaire les comportements d’épargne des Français dans un contexte de hausse de l’inflation et de resserrement de la politique monétaire.
Cette situation semble plutôt favoriser un maintien de l’épargne de précaution et le surplus d’épargne financière accumulé pendant la crise sanitaire ne faiblit plus. Depuis le troisième trimestre 2022, le taux d’épargne des ménages augmente à nouveau, atteignant 17,4 % au premier trimestre 2023.
Des niveaux inédits de collecte ont été enregistrés en 2022 sur les principaux livrets, dont 29 milliards pour le seul livret A.

Mais le phénomène le plus marquant est l’engouement pour le LEP, produit d’épargne populaire par excellence. Avec 2,1 millions de nouveaux livrets ouverts en 2022, le LEP enregistre des niveaux d’ouverture records. En tenant compte des fermetures intervenues sur l’année, le solde devient positif pour la première fois depuis 2015. La remontée du taux de rémunération, relayée par divers efforts de promotion, explique ce succès. Ce sont aujourd’hui plus de 50 % des personnes éligibles qui ont ouvert un LEP. Il s’agit d’une belle progression mais qui demande à être encore amplifiée puisque 18,6 millions de Français y sont éligibles. L’objectif doit être d’atteindre au moins 12,5 millions de LEP d’ici un an.

Au total, l’encours de l’épargne réglementée atteint 874 milliards en décembre 2022, soit 15,1 % du patrimoine financier des ménages.

Ces niveaux de collecte sont à mettre en relation avec la forte hausse des taux des livrets d’épargne réglementée intervenue à partir du 1er février 2022. Le taux du livret A et du LDDS est ainsi passé de 0,5 % à 1 % au 1er février 2022, puis à 2 % au 1er août 2022 et enfin à 3 % au 1er février 2023. Avec le reflux progressif de l’inflation observé à partir du second trimestre 2023, ils resteront à 3 % au 1er août 2023 pour le livret A et le LDDS et le maintien de ce taux sera garanti jusqu’à janvier 2025. Le taux du LEP s’établira quant à lui à 6,0 %, soit une quasi-stabilité à rebours de la baisse à 5,6 % de la formule.

Ces niveaux permettent d’une part de protéger les épargnants, notamment les plus modestes, face à la hausse des prix, et d’autre part de maintenir un équilibre financier pour les acteurs du financement de l’économie et en particulier du logement social.

Le rapport rend compte justement de l’utilisation des ressources de l’épargne réglementée dont une partie est centralisée au Fonds d’épargne de la Caisse des dépôts et consignations pour le financement du logement social et de la politique de la ville. En 2022, l’encours de prêts accordés par le Fonds d’épargne en faveur du logement social et de la politique de la ville s’élève à 174 milliards. Ce sont 84 500 nouveaux logements sociaux qui ont été construits et 79 100 qui ont été rénovés.

Les fonds non centralisés conservés au bilan des établissements bancaires participent, quant à eux, au financement des PME et TPE, de la transition énergétique ou de la réduction de l’empreinte climatique, ainsi que de l’économie sociale et solidaire. Ils représentent, à fin décembre 2022, un tiers des prêts aux PME sur les 622 milliards d’encours, et ont contribué aux 228 milliards de prêts destinés à des logements neufs respectant la norme RT2012 et d’éco-prêts à taux zéro, ainsi qu’aux 35 milliards de financement accordés aux entreprises de l’économie sociale et solidaire.

L’emploi des fonds de l’épargne réglementée mérite d’être mis en avant car il répond à la demande croissante des épargnants de donner du « sens » à leur épargne.
Il ne s’agit pas pour autant de multiplier les produits et livrets sectoriels. Le rapport élargit par ailleurs un peu le périmètre à d’autres produits que l’épargne réglementée, en proposant un focus thématique sur les placements responsables et durables.


Valérie Noriega