De la « satisfaction » mais aussi du « découragement » pour l’industrie azuréenne


Economie


11 avril 2024

Deux conventions ont été signées à l’issue de l’AG et une école de production annoncée

Au moment de dresser le bilan de l’industrie sur le territoire en 2023, Marcel Ragni, président de l’UIMM Côte d’Azur, était quelque peu partagé. D’un côté, il y a la satisfaction de voir l’industrie enfin reconnue en France et, de l’autre, l’inquiétude de voir de nombreux industriels baisser les bras.

« L’année a été globalement satisfaisante parce qu’il y a eu un discours fort de soutien à l’industrie, qui a motivé les troupes, qui ont œuvré. Il y a eu de l’argent débloqué pour soutenir la décarbonation. Tout le monde s’est lancé », a expliqué Marcel Ragni à l’issue de l’assemblée générale de l’UIMM 06, jeudi 4 avril, dans les locaux de la BPMED à Nice. «  Toutefois, ce soutien apporté aux grandes entreprises et aux entreprises structurées ne l’est pas autant pour les entreprises de petite et moyenne taille et on sent qu’il y a du découragement. Et je crois qu’il faut remotiver les troupes parce que si on perd nos PME, on va perdre nos sous-traitants et si on perd nos sous-traitants, les beaux fleurons que l’on a sur la Côte d’Azur et en France, en souffriront et peut-être disparaitront  », a-t-il assuré. «  J’entends de plus en plus de gens me dire qu’ils sont fatigués, las de toutes ces contraintes, épuisés de remplir des tonnes et des tonnes de documents ».

« Au cœur du débat public »

Marcel Ragni, président de l’UIMM locale ©S.Guiné

Le président de l’UIMM locale, qui a confié ne pas être « d’un tempérament négatif  » mais « plutôt optimiste » et regarder «  toujours devant », a reconnu que son rôle était de « s’intéresser à ses entreprises adhérentes » et qu’il allait d’ailleurs «  essayer d’en faire un peu plus cette année ». « La deuxième chose, c’est la motivation des jeunes », a-t-il poursuivi, alors que « les besoins de main d’œuvre dans l’industrie sont énormes » et « ils ne vont aller qu’en augmentant », a assuré la sénatrice Dominique Estrosi-Sassone, venue, comme le député Éric Ciotti, apporter son soutien au secteur industriel. « L’industrie est revenue au cœur du débat public », s’est félicitée Madame Estrosi-Sassone. « On est peut-être au moment où la pente va s’inverser, où cette économie qui produit (…) va nous garantir l’indépendance et la souveraineté », a déclaré Éric Ciotti, rappelant que deux millions d’emplois dans l’industrie avaient disparu depuis 1981. «  Il faut remettre l’acte de produire au cœur de nos démarches économiques et pour cela il faut vous donner les conditions qui vous permettent de travailler  », a-t-il ajouté à l’attention de l’assemblée des industriels locaux.

Deux conventions signées et une école de production à venir

L’assemblée générale a été l’occasion de la signature de deux conventions, l’une avec l’école de la 2e chance (E2C) Nice Côte d’Azur, afin de faire découvrir à ses élèves tous les métiers de l’industrie, avec des visites d’entreprises, et l’autre avec l’Institut EuropIA, pour, selon son président Marco Landi, « aider les entreprises et partager la compréhension de l’intelligence artificielle ». Marcel Ragni a également dévoilé la création à la rentrée prochaine d’une « école de production  » au sein du campus Sud des métiers. « Il s’agit d’une école d’électricité pour apprendre le métier d’électricien, qui est un beau métier  », a précisé Marcel Ragni, se réjouissant de pouvoir accueillir des élèves à partir de l’âge de 15 ans et pendant deux ans afin de «  les former à l’électricité pour ensuite intégrer l’industrie  ». « Le but c’est d’être dans du concret, de leur apprendre à se servir de leurs mains et de leur tête  », a confié le président du groupe Ragni.


Sébastien Guiné