25 juillet 2024
JMC revient sur l’incendie aux Moulins, "nouvelle étape franchie dans la violence"
Il est entendu que le banditisme n’a jamais été une affaire de poètes, que les différends s’y règlent généralement dans le sang, et que les « partenaires particuliers » ne s’encombrent pas de cas de conscience pour parvenir à leurs fins. Si les plus anciens ont connu une époque où régnait une sorte de code d’honneur qui faisait que l’on ne tirait pas sur un policier ou un gendarme, sur la veuve et l’orphelin, bref que le linge sale se lavait en « famille », le plus loin possible des yeux de la justice, celle-ci est bien révolue.
Le narcotrafic a tout changé. Les sommes faramineuses qu’il rapporte ont fait tomber tous les interdits. Comme une grande entreprise, cette multinationale sans tête ni coeur a aussi besoin d’argent, de beaucoup d’argent, pour financer ses activités, payer ses guetteurs, contrôler les encaissements. Qu’un seul point de deal tombe, et c’est le début d’une guerre impitoyable. Comme à Nice tout récemment, où des Marseillais n’ont pas hésité à faire le déplacement avec des kalachnikov pour récupérer par la force leur « centre de profit ».
Des individus ont défoncé la porte d’entrée d’un immeuble pour jeter de l’essence pour faire brûler des appartements. Ils n’ont pas pris le soin de viser précisément celui dans lequel habitait leur cible puisqu’ils ont arrosé trois paliers différents. Il ne leur est pas venu à l’esprit, ou pire ils s’en moquaient, qu’ils prenaient le risque de faire brûler tout l’immeuble. Sept personnes d’une même famille étrangère au trafic y ont laissé leur vie. Cela ressemble au scénario d’un mauvais film américain, mais c’est la réalité, ici à Nice.
On n’est plus au stade des « sauvageons » déjà dénoncés il y a vingt-cinq ans par Jean-Pierre Chevènement (tout le monde lui avait reproché ce terme discriminant), mais de voyous sans foi ni loi, sans limites, sans aucun respect pour la vie humaine. Cette spirale ascendante de la violence est très inquiétante.
Le coup de peinture des cages d’escalier, la modernisation à grands frais des quartiers, la présence des travailleurs sociaux sont bien sûr nécessaires, mais l’on voit bien qu’ils n’ont aucune incidence sur cette frange de la délinquance. Tout se passe comme si ces voyous vivaient dans un monde virtuel, dans lequel on dégomme l’obstacle sans autre forme de procès. Sauf que contrairement aux jeux vidéo, il n’y a pas de « vies » de rechange...
Comment mettre hors d’état de nuire les criminels qui se sont mis eux-mêmes en marge de la société en tuant sept personnes dont trois enfants ? Dans certains cas, croire à la rédemption et à la réinsertion par un passage par la case case prison relève de l’angélisme pur et simple. Devant l’énormité des faits et l’inconscience absolue de ses auteurs, nous sommes vraiment démunis et ce sentiment fait le lit de l’extrémisme.