7e Salon des maires du 06 : L’innovation en réponse aux crises


Politique


4 octobre 2024

Jérôme Viaud : « Crucial de rester agile et entouré d’une équipe solide »

Le 7e salon des communes et des intercommunalités des Alpes-Maritimes a pour thématique les maires innovants. Entretien avec Jérôme Viaud le président de l’association des maires du département.

Jérôme Viaud est le maire de Grasse, où aura lieu le 8e salon des maires en octobre 2025, après la septième édition organisée au palais des festivals de Cannes le 10 octobre.

Qu’est-ce qu’un maire innovant ?

Jérôme Viaud le 1er octobre 2024 à la conférence de presse du Salon des maires 06 ©S.G

Jérôme Viaud - Un maire innovant, c’est avant tout quelqu’un qui sait s’adapter aux défis actuels en faisant preuve de pragmatisme et de créativité. À Grasse, par exemple, nous avons réussi à réduire la dette de la commune en renégociant les emprunts toxiques. Cela montre qu’innover ne se limite pas à la technologie : c’est aussi savoir gérer les finances de manière responsable et anticiper les risques pour protéger la ville. Un maire innovant cherche des solutions efficaces et durables pour améliorer la qualité de vie des habitants, tout en veillant à la bonne gestion des ressources publiques. L’innovation passe aussi par la mise en place de partenariats fructueux entre la puissance publique et la sphère privée pour réussir à financer de nouveaux projets, indispensables au développement de la cité.

Comment arriver à mener à bien des projets structurants, souvent coûteux, avec des ressources financières en baisse ?

Jérôme Viaud - Avec des ressources financières de plus en plus restreintes, il est crucial d’adopter une gestion rigoureuse. À Grasse, nous avons pris des décisions fortes, comme la renégociation des emprunts toxiques, ce qui nous a permis de réduire considérablement la dette. En allégeant la charge des intérêts, nous avons pu libérer des marges de manœuvre pour financer des projets structurants, comme la modernisation des infrastructures publiques et les initiatives de développement durable. Nous avons recruté un contrôleur de gestion afin d’optimiser les politiques publiques mises en œuvre. Nous nous attachons à réexaminer les contrats de gestion établis depuis de nombreuses années : l’éclairage public, la restauration collective, la gestion des parkings… Nous devons aussi prioriser les projets en fonction de leur impact à long terme et rechercher des financements externes, qu’il s’agisse de subventions ou de partenariats avec d’autres acteurs, publics ou privés. Enfin à Grasse, nous pouvons compter sur l’engagement des citoyens, particuliers et entreprises, qui concourent notamment à la mise en œuvre des politiques publiques culturelles et évènementielles au travers du mécénat.

Quelle est la situation des assurances pour les communes ?

Jérôme Viaud -La situation des assurances pour les communes reste préoccupante, notamment dans les Alpes-Maritimes, une région exposée aux risques naturels. L’année dernière, j’avais alerté sur le fait que certaines communes avaient du mal à trouver des assurances abordables, voire à se faire assurer. En 2024, cette problématique persiste, mais des solutions sont à l’étude au niveau national, notamment des mécanismes de mutualisation pour répartir le risque entre les collectivités. Bien que les coûts restent élevés, des discussions avancées avec les assureurs et l’État pourraient aboutir à des propositions concrètes pour mieux protéger les communes.

Est-ce qu’être maire aujourd’hui, ce n’est pas être un gestionnaire de crises permanentes ? Comment tenir ?

Jérôme Viaud - Être maire aujourd’hui signifie effectivement faire face à des crises récurrentes : économiques, climatiques, sociales, ou sécuritaires. Il est crucial de rester agile et de s’entourer d’une équipe solide capable de répondre rapidement aux situations d’urgence. À Grasse, nous avons dû gérer plusieurs crises, notamment financières, en lien avec des emprunts toxiques. Grâce à une gestion rigoureuse, nous avons réduit cette dette et renforcé notre capacité à faire face aux imprévus. Ce qui nous aide à tenir, c’est la conviction que nous faisons la différence pour nos concitoyens. Le soutien des habitants et leur compréhension de nos actions sont également des moteurs essentiels pour avancer.

Propos recueillis par
Sébastien GUINÉ

Tapis rouge pour la septième édition

Organisé pendant plusieurs années à Nice, à Nikaïa et Acropolis, le salon des maires des Alpes-Maritimesse tient cette année à Cannes. «  Nous avons choisi d’organiser cette année le salon de manière différente et nous avons choisi de le délocaliser au palais des festivals de Cannes », a expliqué Jérôme Viaud lors d’une conférence de presse mardi 1er octobre. « C’est une première. C’est la volonté d’apporter une dynamique. Ce salon tournera dans les Alpes-Maritimes. L’an prochain, la 8e édition sera à Grasse. A Cannes, nous attendons plus de 1 000 personnes, avec déjà plus de 500 inscrits. Il y aura une centaine de stands, 30 % de plus que l’année dernière. C’est plutôt bon signe. Cela veut dire qu’il y a de l’adhésion et une dynamique. Nous avons voulu faire quelque chose de fluide et nous avons souhaité aller à la rencontre de chacun des exposants et des sociétés qui financent le salon », a-t-il encore déclaré au sujet de l’événement, organisé par l’ADM 06 avec AP Média.
Des tables rondes sont également au programme : une grande table ronde inaugurale avec les interventions prévues de Charles Ange Ginésy, président du département des Alpes-Maritimes, de Renaud Muselier, président de la région Sud, de David Lisnard, président de l’AMF et maire de Cannes, et de Hugues Moutouh, préfet des Alpes-Maritimes ; ainsi qu’un focus sur la loi SRU et un temps réservé à l’accompagnement des collectivités dans leur stratégie de transition énergétique.

Les enquêtes publiques, « outil essentiel de démocratie participative »

Il y a en moyenne 60 enquêtes publiques par an dans les Alpes-Maritimes. Avec des intitulés techniques, parfois à rallonge, elles passent le plus souvent inaperçues, alors que comme le nom l’indique elles sont organisées pour le public. L’une des dernières en date, « relative au projet de confortement des digues et d’abaissement des seuils en basse vallée du Var  », n’a pas mobilisé les foules. Elle concernait pourtant 12 communes, dont Nice, et portait sur des enjeux non négligeables comme la prévention des inondations, la biodiversité et la préservation de la ressource en eau. Le président de l’association des maires du département, Jérôme Viaud, confie que les enquêtes publiques sont « un outil essentiel de démocratie participative », tout en reconnaissant «  qu’elles souffrent d’un manque de participation ». « Cela peut s’expliquer par une méconnaissance de leur rôle ou par le fait que les citoyens ont parfois le sentiment que leur contribution n’aura pas d’impact réel », relève-t-il. « À Grasse, nous essayons de rendre ces processus plus accessibles en simplifiant les documents et en communiquant davantage sur les enjeux. Toutefois, il est vrai qu’il reste un travail de pédagogie à mener pour montrer que ces moments de participation sont déterminants pour l’avenir de la ville. Renforcer la transparence sur l’impact des consultations pourrait aussi encourager une plus forte implication des habitants  ».
Afin de rendre les habitants encore plus acteurs de leur territoire, le maire de Grasse estime qu’il est « essentiel de créer davantage de liens entre les citoyens et les élus locaux  » expliquant que dans sa ville, ils mettent «  en place des réunions publiques régulières et des revues de quartier pour recueillir les avis et propositions des citoyens sur les projets en cours. Ces moments d’échange permettent de mieux comprendre les besoins locaux et d’ajuster les décisions en conséquence. Nous envisageons aussi de développer des consultations en ligne pour toucher un plus large public et faciliter la participation. L’objectif est de garantir que chaque habitant puisse exprimer ses idées et s’impliquer dans les décisions qui façonnent l’avenir de notre ville, en particulier dans les domaines qui impactent directement leur vie quotidienne ».


Sébastien Guiné