4 octobre 2024
Quelques conseils pour ne pas tomber dans le piège du dropshipping et savoir le détecter.
Vendre un produit sans l’avoir soi-même en stock. C’est la promesse du dropshipping, un modèle de vente en ligne légal, mais risqué pour les consommateurs. Livraison en retard, produit défectueux, contrefait, frais supplémentaires… Face à une hausse des réclamations liées au dropshipping, le Centre Européen des Consommateurs (CEC) France alerte sur les aléas de cette pratique commerciale très en vogue en Europe.
Mathieu, en scrollant sur son téléphone, tombe sur la publication d’un influenceur qui fait de la publicité pour une marque de chemises. Sur son compte Instagram, l’influenceur promet un vêtement de fabrication italienne, 100% lin et à un prix dérisoire. Il incite ses abonnés à « profiter rapidement de cette affaire en or » et leur partage un « code promo de 10% ». Le message se termine par une invitation à cliquer sur un lien qui mène vers le site marchand de la marque.
Dans sa publication, l’influenceur précise bien qu’il s’agit d’une collaboration rémunérée avec la marque néerlandaise. Il en a d’ailleurs l’obligation d’après la loi française entrée en vigueur l’année dernière.
Intrigué, Mathieu se rend sur le site et ajoute deux chemises en lin à son panier, pour un montant total de 57 euros – remise inclue. Faisant totalement confiance à cet influenceur qu’il suit depuis longtemps, l’idée de comparer les prix sur d’autres sites ne lui traverse pas l’esprit. Il valide la commande et le montant est prélevé sur son compte quelques jours plus tard.
À partir de là s’ensuit une longue période d’attente. Prévenu à plusieurs reprises d’un délai supplémentaire par le vendeur, Mathieu finit par recevoir son colis 45 jours après la commande. Malheureusement, il connaît une nouvelle frustration en ouvrant le paquet. La marchandise ne correspond pas à ce qui était annoncé sur le site. Au lieu de lin, l’étiquette sur le col de la chemise indique « 100% polyester ». Autre mauvaise surprise : les articles sont fabriqués en Chine, et non pas en Italie.
Ces deux éléments font comprendre à Mathieu, un peu tard, qu’il a affaire à un site de dropshipping. Le vendeur en ligne néerlandais met en vente sur son site des articles qu’il ne possède pas, et qui une fois commandés, sont expédiés par le fabricant lui-même. Alors qu’il pensait recevoir des chemises italiennes en provenance des Pays-Bas, Mathieu a en réalité passé commande à l’autre bout du monde.
Insatisfait, Mathieu essaie de faire jouer la garantie légale de conformité. Comme l’article est non conforme à la description dans l’annonce, il a le droit de renvoyer sans frais les vêtements pour demander soit un remplacement, soit un remboursement. L’acheteur désabusé tente de solliciter le vendeur néerlandais, pour connaitre l’adresse et les modalités de renvoi du produit. Dans certains cas, l’adresse de retour n’est en effet pas la même que celle d’où provient le colis.
Mais en retournant sur Internet pour chercher ses coordonnées, il découvre que le site est inaccessible. Comme bon nombre de dropshippers, le vendeur de chemises a fermé son site après avoir enregistré quelques ventes et tout simplement disparu. Impossible alors pour Mathieu de faire valoir ses droits. Ni d’espérer obtenir un remboursement d’une société qui ne figure plus au registre de commerce.
Pour ne pas tomber dans le piège du dropshipping comme Mathieu, la meilleure stratégie est de savoir le détecter. « Consultez les conditions générales de vente pour savoir dans quel pays renvoyer le produit. Méfiez-vous des indications vagues du type ‘pour tout retour de marchandise nous communiquons l’adresse sur demande’ ou ‘le retour se fera vers un de nos entrepôts en Asie’ » conseille Maxime Lager, juriste au CEC France.
Pour en avoir le cœur net, vous pouvez sélectionner un article sur le site et faire une recherche d’images afin de voir si la même photo est utilisée sur d’autres sites marchands. Enfin, vérifiez l’adresse postale dans les mentions légales : « une adresse en plein centre-ville d’Amsterdam laisse peu de doute sur la probabilité que le vendeur gère son propre stock » rappelle Maxime Lager.