26 octobre 2024
Le musée des Arts asiatiques de Nice propose une superbe exposition autour de la vannerie nippone
À l’architecture, la peinture, l’estampe, la céramique, les jardins, la laque, le textile, le manga... il faut aussi ajouter la vannerie dans les différentes formes d’art dans lesquelles le Japon a su briller. Le musée des Arts Asiatiques de Nice fait honneur à cette tradition ancestrale, réhabilitée par les artistes contemporains, à l’occasion d’une belle et étonnante exposition intitulée « La Plénitude du vide ».
Dès le vestibule situé au sous-sol, le visiteur comprend le ton général : six grandes ‘sculptures’, si on peut les appeler ainsi, faites de bambou laqué, de bambou fumé, de rotin, de corde torsadée, de fil de coton laqué sont façonnées avec un soin méticuleux et beaucoup d’âme, de poésie et de mystère, par des artistes dont l’âge varie de trente à soixante ans. Mais c’est de l’histoire de cet art fait d’un matériau modeste dont il est question puisqu’il faut pour l’appréhender remonter au XVe siècle, époque à laquelle le Japon découvre et s’éprend de la vannerie venue de Chine. Un commerce s’établit alors entre les deux pays, une esthétique de l’art du thé avec ses compositions florales s’épanouit.
Ces compositions sont d’abord présentées dans des paniers grossièrement tressés. Puis le Japon de l’ère Edo se referme, les importations chinoises se raréfient, les artistes nippons se mettent à copier ces simples objets usuels en assimilant l’art de la vannerie et le projetant dans le futur par des formes de plus en plus raffinées qui seront d’abord très prisées des élites de l’archipel puis par le public occidental.
Comme la céramique, domaine où les artistes contemporains japonais restent incomparables, la vannerie, art très discipliné allant jusqu’à reprendre des équations pour créer des formes complexes, reste un exemple de minimalisme. Un exercice qui à voir avec le Bouddhisme zen, même dans les réalisations d’étonnantes spirales enchevêtrées. Les termes qui conviennent sont simplicité mais aussi symétrie, et en même temps sophistication. On y retrouve toujours la référence à la nature, le rapport de l’objet à l’espace et à la lumière - « le vide contient tout » - la designer Charlotte Perriand l’avait bien compris. Le bambou est un matériau facilement à portée de main. Les procédés de son travail combinent les techniques traditionnelles ou contemporaines, comme la modélisation 3D, pour transformer des objets utilitaires à l’origine en sculptures actuelles qui célèbrent la plénitude du vide.
Le musée des Arts Asiatiques dévoile cet aspect de l’art japonais, où chaque œuvre porte un nom semblant sortir d’un haïku, montrant le travail de jeunes artistes avant-gardistes qui ont su promouvoir ces techniques au niveau international. Ils utilisent non plus seulement le seul bambou, mais intègrent des matières, plus ou moins nobles, comme le bois, la ficelle, la poudre d’argile ou la feuille d’or, pour réaliser des œuvres parfaites habitées des divinités et des esprits.
Sous nos yeux jusqu’au 5 janvier.
Marie LESIMPLE