29 novembre 2024
L’édito hebdomadaire de Jean Michel Chevalier c’est maintenant !
Vladimir Poutine pourrait se faire du souci si le sort de la guerre ne tenait qu’au ton martial des déclarations politiques. Pas un jour en effet sans qu’un dirigeant « occidental » n’assure Kiev de son soutien « total et indéfectible » après ces mille jours d’invasion, de bombardements incessants, de destructions qui ne visent pas seulement que des objectifs militaires. Même la présidente de la pourtant pacifique Commission européenne, Ursula von der Leyen, est montée au front de la communication pour affirmer que « la Russie doit payer pour mille jours de crimes et de destruction ».
Sans doute, mais il n’y a plus qu’à, et cela n’est pas franchement bien engagé.
Déjà, l’armée de Volodymyr Zelensky cède du terrain devant un rouleau compresseur tellement supérieur en hommes et en matériels que l’on se demande jusqu’à quand les Ukrainiens, au courage exemplaire, pourront tenir. L’autre risque pour Kiev est de voir le moral de sa population s’effondrer alors que les troupes de Poutine ont déjà détruit – méthodiquement - des infrastructures électriques à l’entrée de l’hiver pour priver les habitants de lumière et de chauffage. Une guerre se gagne aussi « à l’arrière ».
L’arrivée de soldats nord-coréens – une dizaine de milliers pour le moment – ne devrait pas modifier les conditions sur le front. Depuis la fin de la guerre de Corée il y a 70 ans, ces derniers n’ont montré leur maitrise militaire que lors des défilés grandiloquents organisés dans leur pays à la gloire du régime. En Ukraine, ils viennent « apprendre », passer de la théorie à une sinistre pratique. Les Russes ne comptent pas vraiment sur ces supplétifs pour empocher la mise plus rapidement, mais plus on est de fous...
Pour l’avenir, l’attitude de l’administration Trump II sera en revanche bien plus déterminante. Si, comme on le redoute, le prochain président des États-Unis lâche l’Ukraine et laisse les Européens se débrouiller avec une guerre qui ne concerne pas l’Amérique selon le successeur de Joe Biden, la partition du pays semble inévitable. En attendant de nouveaux coups de boutoir de Poutine que rien d’autre que la force ou la peur de perdre ne peut arrêter.
L’autorisation d’utiliser des missiles « occidentaux » à moyenne portée, capables de toucher le sol russe, ne va pas non plus changer le sort des armes. Ils peuvent certes toucher des centres stratégiques russes, mais dans un rayon restreint et avec des possibilités de destruction limitées. Tout aussi puissant qu’il soit, un ours s’énerve forcément sous les piqûres des minuscules moustiques qui virevoltent autour de sa fourrure. Le plantigrade ne peut que constater, aux yeux de tous, que son autorité est remise en question par bien plus faible que lui. Poutine redoute forcément l’effet psychologique des missiles occidentaux sur son opinion publique si des destructions significatives devaient être réussies par Kiev sur le territoire de « son empire ». Là est le principal danger d’escalade. La paranoïa, alliée à un sentiment d’humiliation, peut le conduire à des initiatives malheureuses pour la paix.
Il nous en a, hélas, donné de nombreux exemples depuis son arrivée au pouvoir il y a un quart de siècle…
Jean-Michel CHEVALIER