Edito - Bruce Willis nous sauvera-t-il ?


Politique


10 janvier 2025

JMC s’intéresse à Elon Musk et son influence grandissante sur… plus de 200 millions d’abonnés

Quand j’étais gamin – nul besoin de me rappeler que cela remonte à loin… – des films d’aventure et des bandes dessinées mettaient fréquemment en scène un personnage qui voulait devenir le maître du monde. Ce dernier était aussi cruel que sans scrupules. Il disposait de moyens illimités et souvent même d’une armée privée. Mais à la fin, tout finissait bien, par la grâce d’un super héros qui, tel Bruce Willis, terrassait la bête. Le monde et la morale étaient saufs.
Ces historiettes à quatre (nouveaux) francs me reviennent en mémoire alors qu’Elon Musk, l’homme le plus riche de la planète, a désormais son rond de serviette à la Maison-Blanche. Donald Trump l’a chargé de tailler dans les dépenses de l’État fédéral (éducation, justice, santé…) et de déréguler à tout-va. Du coup, le président argentin Javier Milei et sa tronçonneuse risquent de passer pour un aimable plaisantin en comparaison du traitement que le patron de Tesla et de SpaceX s’apprête à prescrire aux Américains.
En plus de ses milliards, Musk dispose du réseau X pour faire rayonner son influence sur… plus de 200 millions d’abonnés. Il ne s’en prive pas. Ce garçon ne connaît pas de limites, et personne aujourd’hui n’est en mesure de le « modérer ». Ses dernières interventions laissent songeur, pour ne pas dire davantage. Passe encore qu’il en appelle au boycott de Wikipédia, qu’il juge « woke » et « progressiste  ». Mais qu’à quelques semaines des élections allemandes, il apporte son soutien à l’extrême droite en estimant que « seule l’AFD peut sauver l’Allemagne », cela en dit long sur ce personnage présenté comme fantasque. Il faudrait aussi ajouter « désinhibé ».
Après cette intervention, Thierry Breton a suspecté une modification de l’algorithme de X pour « pousser » le message de Musk, déjà lu 50 millions de fois dans les heures qui suivirent sa publication. Ne serait-ce pas « la définition même de l’ingérence étrangère ? » s’interroge l’ancien commissaire européen qui réclame à Bruxelles l’application du Digital Services Act (DSA).
Avec élégance, et pour faire bonne mesure, Elon Musk a également traité Olaf Scholz d’« idiot incapable ». En réponse, le chancelier a déclaré que «  la liberté d’expression vaut aussi pour les milliardaires. Mais elle signifie aussi que l’on peut dire des choses qui ne sont pas justes et qui ne sont pas de bons conseils politiques ». Un message pondéré, dont l’impact reste cependant sujet à caution sur le réseau de Musk, où tous les excès sont permis et encouragés.
X a déjà été mis en cause par la Commission européenne pour des infractions présumées : tromperie sur la certification des sources d’informations, transparence insuffisante autour des publicités, non-respect de l’obligation d’accès aux données de la plateforme par des chercheurs agréés.
La dérégulation, Musk l’applique déjà chez lui. En bon « visionnaire », il a mis à dispo sur X une IA (Grok 2) capable de générer des images extrêmement réalistes, déjà exploitées par les désinformateurs pour « illustrer » leurs fakes. Cela ne fait que commencer, nous ne sommes pas au bout de nos étonnements…
J.-M. CHEVALIER


Jean-Michel Chevalier