Auto-entrepreneurs et chefs d’entreprises : diagnostic de situations à part


Economie


4 mars 2015

L’Insee a publié en février dernier une étude exhaustive consacrée aux indépendants en général. Son analyse permet d’examiner la situation particulière des dirigeants et auto-entrepreneurs en terme d’emplois, de revenus et de patrimoine.

La rémunération de certaines dirigeants est fréquemment mise en avant, s’élevant à plus de 240 Smic années pour 18 d’entre eux (d’après Proxinvest, dans son 16ème rapport sur « La rémunération des dirigeants des sociétés du SBF 120 », de novembre 2014).

Cette minorité concernée ne doit pas éluder la réalité économique de la grande majorité des dirigeants de PME et TPE ou auto-entrepreneurs, constituant l’essentiel du tissu économique national. Une récente analyse de l’Insee, publiée le 11 février dernier, permet d’en savoir plus sur leur revenus et patrimoine. Selon l’institut, les travailleurs indépendants (exploitants agricoles, commerçants, artisans ou professionnels libéraux) représentent en France une personne en emploi sur dix, soit 2,8 millions, en 2011. Leur nombre ( hors agriculture), a augmenté de 26% entre 2006 et 2011, un dynamisme en partie porté par le succès du statut d’auto-entrepreneur.

Auto-entrepreneur, la réalité d’un statut original

Ces auto-entrepreneurs, que représentent-ils ? Fin 2011, ils étaient 487 000 économiquement actifs, soit un non-salarié sur cinq, hors secteur agricole. On retrouve d’ailleurs peu de différences en termes de revenu net par mois (460 euros, en moyenne) entre les différents secteurs. Une rémunération peu élevée plaçant les auto-entrepreneurs en bas de l’échelle mais à nuancer : pour l’Union des auto-entrepreneurs (UAE), cette donnée doit être mise en perspective avec le temps consacré à leur activité. Ainsi, selon un récent sondage , 22% des auto-entrepreneurs consacraient moins de cinq heures par semaine à leur entreprise, 19% entre cinq et 14 heures par semaine, 18% de 15 à 24 heures. Seuls 32% des auto-entrepreneurs interrogés estimaient accorder 35 heures ou plus hebdomadaires à cette activité. Un tiers exercent une autre activité en parallèle, relève l’Insee.

Ainsi, les situations varient grandement au sein même de la catégorie des auto-entrepreneurs. L’Insee se focalise sur ceux des secteurs culturels. L’institut rapporte que 27% de tous les actifs en emploi dans ce domaine exercent comme indépendants, parmi eux quatre sur dix sont auto-entrepreneurs. Ces derniers disposent d’un revenu mensuel moyen encore inférieur à celui de l’ensemble du régime, déclarant 430 euros, par mois, au titre de leurs activités non-salariées.

Les auto-entrepreneurs constituent une catégorie à part au sein des indépendants et des chefs d’entreprise. Précisément, l’analyse de l’Insee s’intéresse aussi à leur situation au niveau patrimonial.

Un patrimoine plus important qu’ailleurs

D’après l’institut, le patrimoine brut des ménages d’indépendants (dans lequel vit au moins une personne exerçant une activité indépendante) est en moyenne trois fois plus élevé que pour les autres ménages, en partie du fait du patrimoine professionnel. En effet, en 2010, le patrimoine brut total des ménages d’indépendants s’élève à 595 600 euros, en moyenne, dont 178 800 euros (30% du patrimoine total) de patrimoine professionnel, contre un montant total de 197 400 euros pour les autres ménages. Et la valorisation du patrimoine professionnel peut varier du simple au double, entre d’une part les commerçants (129 000 euros), et d’autre part les professions libérales et les chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus (272 100 euros).

Ces chefs d’entreprise sont très fréquemment propriétaires de leur résidence principale, ils sont près de 90% dans ce cas, au même niveau que les agriculteurs. Comparativement, huit ménages d’indépendants sur dix sont propriétaires de leur habitation principale.

L’Insee fournit ainsi de nombreuses pistes et données pour comprendre la spécificité de ces actifs que sont les auto-entrepreneurs et les chefs d’entreprises, des catégories elles-mêmes très hétérogènes.