Le marché européen semble repartir. 2014 est la première année positive depuis 2007. Le marché change aussi. Les SUV prennent de plus en plus de volume de ventes, à l’inverse des monospaces.
Il y a eu beaucoup de nouveautés l’an dernier, mais cette année, ce qui prédomine le plus ce sont les face-lift de véhicules plutôt que de vrais nouveaux véhicules.
Cependant il y a quelques nouveautés tout de même, et en particulier – n’oubliez pas, nous sommes en Suisse – au rayon sport cars.
Par exemple, Audi présentait la seconde version de la R8.
Celle-ci est moins révolutionnaire que le précédent modèle qui, lui, était une création totale pour la marque d’Ingolstadt. Le style est souligné par des arêtes vives et perd la continuité de son élément graphique latéral. Celui-ci est toujours présent, mais ne traverse plus complètement la silhouette. L’intérieur inaugure le tableau de bord 100% digital vu sur le dernier TT. Bref, cette R8 n’est pas une révolution stylistique, mais bien une intéressante évolution.
Ferrari présentait une 488GTB – techniquement une évolution de la 458 Italia.
Le style revient avec des lignes pures dictées par l’aérodynamique. Le centre de Style Ferrari s’est attaché ici à respecter l’histoire de la marque. Le caractère de la voiture est donné par l’aspect sculptural de ses flancs et de l’entrée d’air latérale énorme – certainement dictée par le refroidissement et l’aérodynamique - divisée en deux parties, comme une signature, mais également pour alléger visuellement ce trou qui aurait été béant. A l’intérieur, c’est le sport qui est roi. Il n’y a rien de trop. Toutes les commandes primaires semblent regroupées autour du conducteur, les secondaires sur la console centrale, orientée dans sa direction. Bref, c’est (presque) une voiture de course avec le confort nécessaire…
Du coté de Bentley, le directeur du Design, Luc Donckerwolke, présentait une première étude appelée EXP 10 Speed 6 Concept.
Cette étude, stricte deux places, se positionne en parallèle de la Continentale avec un côté sportif plus affirmé. D’aucuns trouveront toujours que ça ressemble à…ou est inspiré de…mais ce concept est rafraichissant et reprend les codes stylistiques de la marque : Une proue typique bien que plus élancée qu’à l’habitude. Un intérieur So british mêlant élégance, bon gout et technologie avec un écran tactile vertical.
- Photo Bentley Media
- Photo Bentley Media
Après une certaine idée du rêve, passons au pragmatisme de Volkswagen et à la présentation du coupé GTE.
Un profil élancé, une ligne de toit fuyante, telle pourrait être la ligne du futur CC courant 2016...
Le Sport Coupé Concept GTE est un authentique coupé 4 portes qui tranche avec le design plus consensuel des berlines VW. Avec l’adjonction d’un hayon, il se rapproche de ses cousines Audi Sportback (A5 et A7). L’avant est traité de manière très expressive et inhabituelle : vous remarquerez ces phares LED linéaires prolongeant une calandre à lignes horizontales. La poupe est quant à elle très travaillée, musculeuse…cela est assez original chez VW pour être signalé. Apparemment ce style préfigure ce que sera l’orientation stylistique de Wolfsburg. L’habitacle, très proche d’une possible production, reprend un combiné d’instrumentation digital comme sur les Passat haut de gamme. Quatre écrans tactiles sont proposés, l’un sur la console centrale comprend l’info-divertissement et les commandes de climatisation, alors que les trois autres sont installés entre les passagers et sur les dossiers des sièges avant. La tendance n’est plus à seulement s’occuper du conducteur, mais aussi, et peut-être surtout, à distraire le plus possible les passagers à l’arrière.
VW exposait aussi la version Alltrack de la Passat, baroudeuse 4x4 avec les puissants moteurs de sa nouvelle Passat, fraichement élue pour l’occasion voiture de l’année 2015. Les journalistes ont ainsi choisi parmi les sept finalistes, une berline élégante de par son classicisme, dotée d’une finition intérieure digne des meilleures productions VW, embarquant le meilleur de la technologie de la marque.
Ce titre va permettre à la Passat d’asseoir encore un peu plus sa domination sur le marché des berlines moyenne gamme en Europe et sans doute faire hésiter certains acheteurs qui verront là une possibilité d’économiser quelques milliers d’euros par rapport aux concurrentes premium, sans rien perdre ni de la qualité technologique, ni de l’image…
Peugeot et Citroën ne présentaient rien de marquant sur ce salon.
Et pour cause. Il fallait laisser la place à l’intronisation de la nouvelle marque : DS Automobiles…Sur le stand de la nouvelle marque, la DS5 arborait la nouvelle calandre avec en son centre le nouveau logo.
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, il n’y a pas de grosses nouveautés de la part de BMW.
La série 1 bénéficie d’un restylage extérieur important avec une face avant plus fine qui vient se fondre avec le reste de la gamme des berlines et des feux arrière en deux parties. Le tout affinant la silhouette globale de la série 1 afin de lui permettre de continuer le combat.
BMW continue à s’ouvrir au marché des monospaces à traction avant, à la grande surprise de certains, en exposant le Série 2 Grand Tourer qui, en offrant 7 places mais surtout plus d’espace pour 5 personnes et leurs bagages, doit pouvoir répondre aux besoins familiaux en respectant le dynamisme demandé à une BMW.
OPEL a quelques difficultés sur le marché européen et se sait observée de près par sa maison mère General Motors qui est de nouveau en pleine santé aux US.
La marque à l’éclair a exposé son nouveau véhicule d’entrée de gamme (moins de 10.000€) la KARL.
Petite 5 portes plutôt destinée à la ville ou comme deuxième voiture, la KARL est bien dans la tradition Opel avec des lignes sages assez consensuelles pour plaire à beaucoup. L’intérieur est sobre et respire la qualité avec des matériaux "faisant assez riches" dans la gamme de prix. L’habitabilité est bonne et nous pensons que la Karl permettra à Opel de se relancer en Europe.
Kia nous a fait plaisir en dévoilant le Sportspace Concept qui préfigure son futur modèle du segment D.
Ce concept a été développé par le bureau de style, dirigé par le français Grégory Guillaume, basé à Francfort et le design a été imaginé par l’équipe de designers, sous la houlette de Laurent Boulay. Le profil garde des surfaces simples, sobres, et élégantes. Il n’y a pas de fioritures, pas d’approche sculpturale du design. La simplicité et l’élégance avant tout, pour souligner le caractère sportif de la silhouette. La ligne de toit a un caractère fuyant souligné par un insert en aluminium. Les pots d’échappement sont intégrés à un soubassement au look carbone. La calandre quant à elle s’étire sur toute la largeur du véhicule, jusqu’à l’extrémité des phares. Cela donne une impression de largeur au véhicule. Bref, ce Sportspace porte bien son nom…il est sportif et racé en gardant une simplicité élégante, qui fonctionne parfaitement.
Lexus a surpris beaucoup de monde en dévoilant le concept LF-SA issu de l’imagination des designers « sophipolitains » de Toyota ED² dirigés par Lance Scott (chief designer).
Ce petit véhicule urbain interpelle pour le moins. Basé sur une plateforme Toyota IQ, il semble être tout droit sorti d’une bande-dessinée. L’empattement est court (on peut visualiser 2 roues et demi entre chaque roue…) mais les voies sont élargies.
- Lexus Press Room / Infographie DesignOurDreams
Le cahier des charges semble être de jouer clairement la carte du fun et du luxe dans un segment dominé par les twingo, VW Up et autres Smart. Les lignes paraissent un peu confuses au premier abord, mais à y regarder de plus près, elles sont complètement maitrisées. Connaissant le styliste extérieur Laurent Bouzige, cela ne nous surprend pas : la continuité des lignes, le jeu de lumières sur les surfaces sont sa signature. Bizarrement il n’y a pas de ligne de ceinture de caisse à proprement parler, mais une connexion se devine à l’avant de la vitre latérale. Nous écrivions plus haut que ce véhicule pourrait être sorti d’une bande dessinée. C’est surtout à l’avant que c’est le plus flagrant. En effet, la calandre, qui sur les modèles Lexus de série n’est déjà pas notre tasse de thé, parait exagérément grande, exagérément en relief, exagérément agressive, bref, un peu too much…C’est peut-être la partie qui nuit à la lecture de ce véhicule et qui a dérangé pas mal de nos confrères designers. Mais sinon le concept est très réussi. Les changements de surfaces sont extrêmement bien maitrisés. C’est presque une sculpture, presque un corps musclé. Si l’on observe bien l’arrière c’est flagrant : l’animal est prêt à bondir ! Le détail des roues avec les lames débordants sur le pneu est intéressant même si cela sera réservé à un concept car.
L’intérieur sorti de l’imagination de Jacomir Cech est dans la même lignée : fait de courbes tendues s’entrecroisant (s’entrechoquant ?) tout autour de l’habitacle. L’addition de formes elliptiques et de nouvelles combinaisons de matériaux sur les contreportes donnent un effet de légèreté et d’espace dans ce volume très réduit. Cet intérieur recèle de nombreux détails : le siège conducteur est traité à l’inverse du reste de l’habitacle – le siège est en cuir/alcantara bleu avec des coutures beiges). Le volant, quant à lui reprend le thème de la calandre, en insérant un insert en métal patiné, réalisé par un artisan local, sur les branches. Le rétroviseur est un écran LCD.
Les panneaux de porte et la console centrale sont imprimés en 3D et réalisés en mousse imitant une structure en nid d’abeilles. Ils sont très doux et confortables.
Les deux gris de l’extérieur et les coloris bleu et ivoire de l’intérieur confèrent à ce concept un sentiment de luxe rare dans ce segment des petites citadines. Bien que le design casse beaucoup de codes automobiles, le traitement graphique audacieux fonctionne bien.
Ce Lexus LF-SA suit une philosophie très expressive, voire émotive. Cela s’éloigne du design rationnel européen.
Contrairement à notre approche initiale, ce véhicule est une réussite, avec pour seul bémol cette calandre agressive (voire immature) qui nous parait être en contradiction avec ce type de véhicule qui de par son gabarit, son image luxueuse, devrait d’abord plaire à une clientèle féminine.
Nissan montrait un concept appelé Sway Concept.
Depuis quelques années les designers maison ont travaillé à remodeler le langage stylistique de la marque. Avec patience et minutie, par petites touches, showcar après showcar, pour en arriver à ce concept qui est très réussi et qui pourrait bien préfigurer la future génération Micra. Ce véhicule est presque un monospace dans sa silhouette avec un avant très vertical. En cela, Nissan semble s’éloigner du style Germanique, maintenant assez copié, voire singé. Les surfaces sont très travaillées. Une ligne courre le long du profil. La petite faute de gout à notre avis est le renflement exagéré à la base du pilier A (montant de pare-brise). Celui-ci parait inélégant…Les émaillages (partie noire derrière la vitre masquant les piliers) donnent l’impression que le toit est en suspension. L’artifice est ici utile. Les porte-à-faux avant et arrière sont réduits au maximum, alors que l’empattement est lui allongé. Visuellement il y a l’espace de trois roues entre les roues avant et arrières ou habituellement il n’y en aurait que deux et demi. Avec des passages de roues imposants, cela donne une réelle impression de puissance. Un petit bémol cependant : les surfaces paraissent un petit peu complexe et les réflexions nuisent à la lecture de la forme. Mais cela sera certainement assagi sur la version définitive…
- Nissan Press Room / Infographie DesignOurDreams
Le constructeur japonais MAZDA beaucoup moins connu en Europe que ses confrères japonais Honda, Toyota et Nissan, a pourtant une gamme complète qui possède un style très personnel et qui plait beaucoup à une clientèle désirant sortir des sentiers battus.
A Genève, Mazda a exposé 2 nouveaux modèles.
Le CX3, qui entend bien faire sa place sur le marché très porteur en Europe des Crossover compacts. Son style extérieur est bien dans la tradition Mazda avec en particulier une calandre expressive et une ligne ne manquant pas de caractère. L’intérieur est moderne avec un effet visuel proche de celui à la mode chez Mercedes.
L’autre modèle était la très attendue version définitive de son nouveau coupé MX5, qui est l’incontestable n° 1 dans le monde depuis plus de 20 ans. Afin de continuer à satisfaire sa fidèle clientèle, le nouveau MX5 aborde une carrosserie un peu plus ronde que ses prédécesseurs tout en conservant cette ligne craquante qui fait tout son succès. Une ligne basse avec un pare-brise vertical associés à un intérieur enveloppant qui intègre la technologie embarquée nécessaire à un véhicule moderne. Il faut remarquer le travail fait avec la lumière courant le long de la carrosserie. Les réflexions changent selon l’angle sous laquelle vous regardez la voiture donnant presque vie à la forme. Le « nez » est un peu plus bas que la version précédente et la lumière monte pour atteindre son apogée au niveau de l’arche de roue. Ensuite cette ligne de lumière redescend en direction de l’arrière, en englobant la seconde arche. Cela donne un mouvement fluide tout le long de la carrosserie, une sculpture en mouvement. Un petit détail si vous êtes amenés à suivre cette nouvelle version…les feux arrières simplement ronds, d’allure sportive, qui vous rappelleront certainement quelques production italiennes et sportives…
Le grand plus est toujours la capote en toile faisant de ce vrai coupé un véhicule de loisir vraiment sympathique pour un prix très abordable par rapport à d’autres produits du marché. Nous attendons avec impatience de pouvoir enfin piloter ce joli jouet.
Renault, porté par l’engouement pour son mini Crossover Captur, a exposé son tout nouveau Kadjar, dont le nom fleure bon les grandes steppes.
Après avoir raté le démarrage du marché des SUV, Renault tente ainsi de combler son retard surtout avec le succès relatif du Koleos sur le marché européen. Basé sur le même châssis que son cousin le Qashqai de Nissan, le Kadjar arbore la nouvelle calandre chère au design Renault et une carrosserie beaucoup plus dynamique que l’intérieur qui offre une planche de bord assez classique avec des matériaux de qualité.
La guerre entre les différents SUV milieu de gamme va sans doute être terrible dans les prochaines années en espérant que le marché soit toujours aussi porteur.
D’ailleurs Seat semble s’y mettre aussi. En présentant le Concept 20V20 la cousine ibérique du groupe VW a voulu faire passer différents messages.
Tout d’abord, ce joli concept présente la probable évolution de la marque d’ici à 2020. Une ligne acérée, comme taillée à la serpe faite de lignes vives, d’angles, et de triangles. Très dynamique, voire agressive au premier abord, la future direction n’en reste pas moins sobre et élégante. Le second message est que Seat arrive (très) bientôt sur le marché des SUV. Et si ce concept semble être proche de la taille d’un Q5 (Audi), il semble que le premier modèle sera un SUV compact et citadin qui viendrait en concurrence avec le Kaptur (Renault) et Juke (Nissan). Ensuite, nous pourrions avoir droit aux déclinaisons supérieures…
Comme vous pouvez le constater Genève nous a un peu laissé sur notre faim.
Surtout pour un marché mondial qui semble repartir. L’Europe semble être légèrement à la traine…
Mais nul doute que la grosse armada de nouveautés et de show-cars sera présente au salon de Francfort du 17 au 27 septembre prochain…
- Skoda superb
En attendant, et pour clôturer ce reportage, une petite galerie de véhicules dont nous n’avons pas parlé ici…
- Ford GT
- Ford GT
- HONDA NSX
- HONDA NSX
- Lamborghini Huracan
- Mc Laren 675 LT
- Porsche 911 GT3RS
- Porsche 911 GT3RS
- Porshe 911 GT3RS
Audrey Seguin, Charles Mombelet, Michel Dionisi, (...)