Métaphysique de la retraite


Billet du jour


8 septembre 2010

Ah, ces Anglais ! Ils ne ratent pas une occasion de semer la zizanie. On ne parle pas ici de Tony Blair, qui déclenche une émeute partout où il tente de dédicacer ses Mémoires. Les sujets de Sa Très Gracieuse Majesté ont choisi d’écrire leurs (mauvais) souvenirs directement sur le portrait de Tony – à coups d’œufs frais et de chaussures faisandées. L’inventeur de la « troisième voie », autrement appelée « voie de garage », est accusé par ses détracteurs d’être un criminel de guerre, pour avoir entraîné son pays dans le bourbier irakien sur la foi d’allégations mensongères. Les protestataires sont sans doute injustes, car la politique n’est pas une science exacte. Et si les dirigeants n’avaient plus le droit de mentir dans l’exercice de leurs fonctions, on n’en verrait plus un seul pointer son nez devant les caméras. Voilà qui nous ferait des journaux télévisés sacrément allégés.
L’astrophysique n’est pas non plus une science exacte. Mais les spécialistes s’accordent sur un socle commun de connaissances et admettent généralement, contrairement aux hommes politiques, qu’ils ne savent pas grand-chose. La discipline a ses évangiles, dont on change les pages dès qu’une nouvelle théorie rend obsolète la précédente, avant de subir le même sort. Tant qu’un petit génie n’aura pas fabriqué un univers en laboratoire, il en sera toujours ainsi. En attendant ce jour improbable, les savants font des constructions dans leur tête. Comme le célébrissime cosmologiste britannique Stephen Hawking, spécialiste de la gravité quantique, qui vient de jeter un pavé de la taille d’un trou noir dans la mare des incertitudes de ses excellents collègues. Dans son dernier ouvrage, il remet en cause ses convictions antérieures et affirme maintenant qu’il « n’est pas nécessaire d’invoquer Dieu pour expliquer l’Univers ». Vous voyez un peu le tableau : certes, d’autres ont dit la même chose avant lui. Mais c’était il y a longtemps. Et ceux qui le prétendent aujourd’hui n’ont pas l’aura exceptionnelle d’Hawking. Lequel risque ainsi de perdre son fauteuil à vie à l’Académie pontificale des Sciences, ce qui est plus grave pour lui qu’une bénigne excommunication. Mais tous ceux qui, comme nous, n’entravent rien à l’astrophysique, ne peuvent pas accepter ses dernières vaticinations, dont la portée est considérable. Car si Dieu n’existe pas, qui paiera nos retraites ? Hein, Stephen ?

La recette du jour

Popote galactique
Les temps sont durs et vos moyens ne vous permettent plus d’organiser des banquets à la cadence que vous souhaitez. Empruntez ce que vous pouvez et garantissez aux créanciers que Dieu le leur rendra. Evitez toutefois de taper les astrophysiciens, de crainte que ces mécréants de zélateurs d’Hawking ne vous expédient dans le trou noir de la justice.


Jean-Jacques Jugie