22 juillet 2015
Durant cette seconde quinzaine de juillet, dans le cadre de « L’ETE DANSE », la Compagnie des Ballets de Monte-Carlo propose, dans la salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo, un programme riche en surprises avec des oeuvres présentées par des chorégraphes invités (Natalia Horecna, Pontus Lidberg et Jeroen Verbruggen) et la reprise, pour quelques représentations, de « Cendrillon », le merveilleux ballet de Jean-Christophe Maillot, créé en 1999.
Depuis la nomination, en 1993, de Jean-Christophe Maillot comme chorégraphe-directeur des Ballets de Monte-Carlo, la Compagnie a pris un nouvel essor avec une réputation majeure dans le monde entier. Ainsi a-t-il créé, à Monaco, une trentaine de ballets au carrefour du classique et du contemporain, séduisant le public par leur lyrisme et leur énergie.
Ouvert à de multiples interprétations, le conte offre de nombreux choix d’expressions. Jean-Christophe Maillot propose la sienne et chaque spectateur est libre de la comprendre à sa manière en projetant son regard et ses propres fantasmes sur la version proposée.
Malgré la forte dimension narrative, le chorégraphe offre une version moderne et transformée du célèbre conte de Perrault. Il n’est pas intéressé par le Prince Charmant épousant une jeune fille qui n’est pas de son rang, comme c’est le cas dans « Pretty Woman », l’adaptation moderne du conte par Hollywood.
Accordant peu de place à cet aspect, Jean-Christophe Maillot a choisi d’aborder l’histoire du côté du deuil de la mère impossible à faire pour Cendrillon, toujours accrochée à ses souvenirs.
Il renouvelle le mythe de la belle-mère : celle-ci ôte à son mari toute autorité, en l’écrasant de sa séduction – et même de son érotisme. Ses deux filles usent aussi de leurs charmes et cherchent tout autant à séduire. Sorte de troublantes siamoises, ces belles-filles farfelues se montrent, comme leur mère, expertes en beauté, avec des sous-vêtements colorés et des perruques extravagantes.
Les imaginatifs et suggestifs costumes de Jérôme Kaplan accentuent cette version de Jean-Christophe Maillot, en représentant une société toute en artifices qui triche autant avec des paillettes que des flatteries. Ainsi les amis du Prince, fanatiques de bals nocturnes, s’élancent-ils avec une énergie fulgurante pour offrir une gamme de gestes et de pirouettes dans une alternance de mouvements d’une désinvolture contemporaine.
Alors que Cendrillon, en opposition, est d’une modeste fragilité qui procure de l’émotion.
Non seulement pour représenter la simplicité de Cendrillon, mais le pied est aussi l’élément essentiel de l’art de la danse, ce sur quoi le chorégraphe insiste. Quant au Prince, resté spectateur de sa propre vie, il cherche l’amour, le vrai. Pour cela, il lui faudra l’aide de la Fée, afin que Cendrillon et lui se rejoignent dans un superbe duo. Pour vivre heureux....
Difficile à illustrer en danse, le comique s’épanouit dans des scènes parodiques grâce à la scénographie d’Ernest Pignon-Ernest qui souligne la mise en abyme des visions possibles, proposées par le chorégraphe.
Grotesque et cruelle, cette pièce incomparable de Jean-Christophe Maillot revivifie le conte en visant l’essentiel.
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