Fortes turbulences attendues sur les marchés financiers !


Economie


16 octobre 2015

Les marchés financiers européens, à l’image des autres places majeures dans le monde, connaissent de fortes turbulences depuis quelques semaines, qui pèsent lourdement sur le climat des affaires et devraient se poursuivre…

Les variations, parfois très brusques, des cours sur les marchés financiers européens sont mesurées par un indice appelé VSTOXX, à l’image du VIX américain. Il est calculé à partir de la volatilité implicite des prix d’un panier d’options sur l’EURO STOXX 50, et mesure, en quelque sorte, la peur des investisseurs sur les marchés européens. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le VSTOXX est sur une tendance haussière depuis le second trimestre 2015.

Un excès dangereux de liquidité monétaire

La politique d’assouplissement quantitatif (quantitative easing), mise en place au début de l’année, consiste pour la Banque centrale européenne à acheter des titres sur les marchés en créant la monnaie nécessaire. Entre mars 2015 et fin septembre 2016, ce seront donc 60 milliards d’euros qui seront injectés tous les mois, soit un total de 1 140 milliards d’euros ! Et le président de la BCE, Mario Draghi, a depuis laissé entendre qu’une extension de ce programme était envisageable…
Les investisseurs qui récupèrent de la liquidité en échange du rachat de leurs titres, sont donc contraints de réallouer ces fonds, en choisissant le plus souvent les mêmes catégories de titres les plus rémunérateurs, donc les plus risqués. Et lorsqu’ils ont le sentiment d’avoir réalisé suffisamment de profit, ils passent sur une autre classe d’actifs, ce qui explique la hausse importante de la volatilité depuis le début de cette politique monétaire non conventionnelle.

Une baisse de la liquidité de marché

Tandis que la liquidité monétaire est surabondante, la liquidité de marché est quant à elle en net recul. Cela tient essentiellement aux nouvelles réglementations du secteur bancaire, qui imposent une réduction de l’exposition au risque, afin de rendre les établissements de crédits plus résistants aux chocs. Or, cette réduction des stocks d’actifs risqués détenus par les banques pèse sur l’équilibre des marchés financiers, puisque ce stock permettait de lisser l’évolution des prix. D’où une hausse de la volatilité sur les cours des actifs boursiers, qui vient en plus de celle sur les taux de change et les taux d’intérêt à long terme.
A cela s’ajoute l’incertitude sur le relèvement des taux directeurs de la banque centrale américaine, la FED. Après des mois d’hésitation, les marchés anticipaient une hausse des taux en septembre, car l’économie américaine se porte mieux. Mais contre toute attente, la FED a décidé de maintenir ses taux bas, ce qui a soulevé de nombreuses interrogations sur la solidité réelle de la reprise économique aux États-Unis, et débouché sur une hausse de la volatilité sur les marchés financiers.

Les incertitudes sur la Chine

Le ralentissement de la locomotive économique chinoise, dont on sait que la croissance réelle ne dépasse pas les 3 %, amène les investisseurs à douter de la capacité des autorités chinoises à rééquilibrer leur modèle économique, en donnant plus d’importance à la demande intérieure. De plus, le recul marqué des importations de la Chine entraîne un ralentissement du commerce avec ses voisins directs, ce qui, par ricochet, conduit à une atonie de l’ensemble du commerce mondial. En outre, le ralentissement de l’activité en Chine réduit sa demande de matières premières, avec pour conséquence, eu égard à son poids dans la demande mondiale, une baisse des prix de la plupart des matières premières, qui affaiblit les finances publiques de nombreux Etats exportateurs et pèse sur l’industrie partout dans le monde.

Des doutes dans la zone euro

Les marchés actions de la zone euro semblent désormais être sur une tendance baissière. Cela résulte d’un pessimisme des investisseurs, qui doutent que la timide reprise au sein de la zone euro puisse subsister en l’absence des facteurs exogènes favorables qu’ont été la chute des prix du pétrole, l’affaiblissement de l’euro et le maintien à des niveaux très bas des taux d’intérêt à long terme. Ce d’autant plus que les perspectives d’investissement des entreprises en France et en Allemagne sont mauvaises, et que la progression des profits pourrait se tarir.

En dernier ressort, lorsque les incertitudes se multiplient, l’aversion au risque devient très forte. Dès lors, les investisseurs ont tendance à surréagir aux diverses informations (affaire Volkswagen) et à adopter un biais encore plus pessimiste, ce qui renforce la volatilité sur les marchés financiers. Avec pour conséquences sur l’économie réelle, un découragement de l’investissement privé et donc une réduction de la croissance. Les turbulences sur les marchés financiers vont donc de se poursuivre…


Raphael DIDIER