Renouveau de l’agrumiculture mentonnaise


Economie


3 décembre 2015

L’IGP Citron de Menton obtenue, les acteurs qui oeuvrent pour son rayonnement vont maintenant se consacrer à la pérennisation de sa culture. Sur les hauteurs de Menton, Sonia et Fabrice Puech, fabricants de douceurs aux agrumes, ont signé un bail à ferme avec le CCAS « L’Annonciata » pour l’exploitation de trois hectares et contribuent ainsi à la relance de l’agrumiculture.

« L’obtention d’une Indication Géographique Protégée (IGP) pour faire reconnaître le citron de Menton était une idée chère de la municipalité. Il s’agit surtout de donner un cadre juridique pour se défendre et de favoriser la plantation » explique Bernard Franco, président de l’Association pour la Promotion du Citron de Menton (APCM) le 19 novembre lors de la plantation des premiers citronniers sur le terrain du CCAS « L’Annonciata » (Caisse Centrale d’Activités Sociales du Personnel des Industries Electriques et Gazières). Cela fait 10 ans que l’APCM a été créée à l’initiative de la CARF (Communauté d’Agglomération de la Riviera Française) et d’Initiative Menton Riviera pour obtenir l’IGP Citron de Menton. Après acceptation du dossier par la France au printemps, l’Union Européenne a notifié en octobre l’arrêté qui délivre l’IGP. L’agrumiculture qui avait cessé en 1956 et repris en 1992 sous l’élan de la municipalité, devrait connaître un véritable redémarrage grâce à ce label.

Des enjeux multiples

« Au-delà de la relance de la production, il y a un enjeu de réhabilitation du patrimoine historique, des retombées économiques et un impact sur le tourisme » fait remarquer Cedrick Herisson directeur de l’APCM et d’Initiative Menton Riviera.
Ce 19 novembre, les acteurs du renouveau de la filière sont présents pour se féliciter de la signature du bail à ferme entre le CCAS et l’entreprise Au Pays du Citron. « Il y a un an que l’idée de cette collaboration a germé. Sonia et Fabrice Puech recherchaient un terrain où lancer une production tandis que Jean-Paul Alexandre qui dirige le centre de vacances L’Annonciata cherchait un moyen de valoriser ses terres » confie Jean-Marie Gallo, membre du Conseil d’administration d’Initiative Menton Riviera qui a suggéré ce rapprochement aux dirigeants de la plateforme d’aide. Pour Fabrice Puech, fondateur d’Au Pays du Citron, qui confectionne des produits fins à base d’agrumes de Menton : « c’est du gagnant-gagnant puisque nous allons entretenir le terrain et exploiter les trois hectares pour une plantation d’un millier de citronniers à terme. Cette démarche nous semble nécessaire si l’on veut envisager de continuer à se développer en France et en Europe. » Tandis que pour Jean-Paul Alexandre « cela permet de valoriser nos terres et de créer un parcours pour nos vacanciers ».

Un contrôle rigoureux

Si la volonté de la filière et les efforts de la municipalité associés à Initiative Menton Riviera et l’APCM semblent relancer la dynamique de production, c’est maintenant la préparation aux contrôles qui va occuper les producteurs et associations de valorisation. « Pour les trois années à venir, nous allons avoir beaucoup de travail afin de mettre en place toutes les procédures » nous dévoile Bernard Franco. Pour cela, l’APCM a fait appel à Arnaud Mottin qui en tant que consultant aidera les producteurs et les conseillera afin que leurs citrons soient conformes au cahier des charges. Etabli en collaboration avec l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité), il impose notamment que les plans de citronniers soit certifiés par l’INRA Corse. Il y a cinq espèces acceptées et des conditions de plantation et d’entretien à respecter ainsi qu’un registre à renseigner… La zone de plantation concerne les communes du pays mentonnais (Menton, Roquebrune-Cap Martin, Castellar, Gorbio, Sainte-Agnès). « Ce label apporte une sécurité au client et une protection pour nous vis-à-vis de nos concurrents qui ne pourront pas prétendre à des allégations non vérifiées. C’est au niveau de la notoriété que nous avons beaucoup à gagner. Cela nous impose aussi plus de rigueur » souligne Fabrice Puech. Le fruit d’or semble enfin sur le point de regagner ses lettres de noblesse.


Julie PALMERO