Quand l’information confond vitesse et précipitation


Economie


30 mars 2017

Facebook, Twitter et les autres… C’est peu dire que le monde de l’information s’est accéléré ces dernières années. S’il fallait dater ce phénomène, ce serait le 15 janvier 2009 avec le vol 1549 de l’US Airways, contraint d’amerrir en catastrophe sur l’Hudson, en baie de New York, à peine cinq minutes après son décollage de LaGuardia.

On doit au sang froid des pilotes d’avoir évité une catastrophe et à un simple particulier, témoin fortuit de la mésaventure, un vrai scoop : une photo en temps réel des passagers évacués sur les ailes de l’Airbus A320, aussitôt partagée sur Twitter avec le monde.
Avant même les télés, avant même les radios, avant tous les médias américains et leurs énormes moyens techniques et financiers !
Depuis ce jour, les journalistes gardent toujours un œil sur les réseaux sociaux. Car, désormais, ils savent que leurs lecteurs peuvent non seulement être au courant avant eux, mais aussi diffuser l’info avant eux…
Cette rapidité (qui parfois exclut la réflexion, reconnaissons-le) est devenue le "problème" des hommes politiques qui peuvent apprendre, le matin en se rasant, leur mise en examen. En attendant le jour, qui sait, où leur dernier examen d’urine sera dévoilé au nom de la transparence réclamée par tous, à l’exception, bien sûr, de soi-même, au nom du respect de la vie privée.
Plutôt que les questions de fond qui ne manquent pourtant pas - dette, comptes publics, emploi, environnement, santé, retraites, éducation... - cette campagne des Présidentielles aura connu, comme aucune autre avant, son lot de "révélations", vite diffusées sur la place publique, parfois au mépris de la présomption d’innocence et du secret de l’instruction. Cette dictature de la rapidité de "l’information" interroge la démocratie puisque nos smartphones et tablettes sont envahis de messages à la véracité douteuse. Colportés viralement, ces hoax font leur chemin dans l’opinion avec la même valeur que les "vraies" infos, recoupées et vérifiées par les journalistes.
La seule question qui vaille, lorsque l’on constate autant d’accommodements avec la réalité (cf. les affirmations, disons hasardeuses, de Donald Trump), c’est de savoir si la démocratie y gagne vraiment. À chacun de répondre en son âme et conscience, non pas sur Facebook ou Twitter, mais en glissant son bulletin dans l’urne en bon citoyen...


Jean-Michel Chevalier