Au Neandertal, on était raffiné…


Billet du jour


7 janvier 2011

Vous allez voir qu’un de ces quatre matins, l’homme du Neandertal va être réhabilité. Ce cousin de l’homo sapiens, avec lequel il aurait cohabité quelques milliers d’années, est longtemps passé pour un minus habens, un hominidé pas tout-à-fait achevé, un maillon bricolé par l’évolution. Avant de disparaître pour laisser place à un prototype autrement plus sophistiqué, celui qui donnera naissance au Sapiens sapiens, cette mécanique de précision dont nous sommes les fiers représentants. Parvenue à un tel niveau de perfection, notre espèce ne saurait évoluer davantage, on s’en doute. Sauf à régresser, ce qui est peut-être déjà en cours : il semble que la compétition immémoriale entre ses membres dégénère aujourd’hui dans la barbarie. Du reste, des savants ont avancé que la disparition des Néandertaliens n’aurait pas été provoquée par leurs insuffisances : au contraire, ils auraient été plus futés, plus philosophes et plus pacifistes que les Sapiens. Justement : trop pacifistes. En foi de quoi se sont-ils fait massacrer. Ce n’est donc pas à l’intelligence de nos lointains ancêtres que nous devons notre existence, mais à leur férocité. Pas de quoi pavoiser.

Mieux encore : des chercheurs américains viennent d’ausculter les restes de Néandertaliens découverts en Irak et en Belgique. Et ils ont démontré que, contrairement à l’idée couramment admise, nos cousins disparus ne se nourrissaient pas exclusivement de viande crue. Ils cuisaient leur popote et l’agrémentaient de fruits et de légumes. Comment l’a-on deviné ? Grâce à l’examen minutieux du tartre dentaire, figurez-vous. Il était peut-être finaud, l’homme du Neandertal, mais plutôt négligent en matière d’hygiène buccale. Le contraire des représentants de l’espèce qui a survécu, lesquels ne sont pas très malins et n’hésitent pas à bouffer tout crus leurs contemporains. Mais ils se brossent soigneusement les dents après leur festin. On compatit par avance pour les paléontologues du futur qui s’ingénieront à comprendre notre époque : ils pourront se brosser pour découvrir quoi que ce soit sur nos dentiers.

L’évolution selon Ptiluc

Le dessinateur Ptiluc revisite Darwin (album La pire espèce de Richard Malka, Agathe André, TieKo et Ptiluc, publié par Vents d’Ouest).


Jean-Jacques Jugie