Marcher longtemps pour franchir les montagnes


Economie


15 juin 2017

Qui veut aller loin ménage sa monture... Les randonneurs en montagne savent mieux que quiconque que rien n’est aussi important que d’avoir un pas régulier et bien rythmé pour avancer longtemps, surtout si le chemin est escarpé.

Avec une Assemblée qu’on lui promet pléthorique, Emmanuel Macron doit surtout se garder de l’ivresse des sommets. Car, depuis un an, tout a réussi à cet homme jeune plutôt gonflé. Il a maintenant tous les moyens de faire de la politique à sa main et les réformes attendues (et redoutées ?) par les Français. S’il se grise ou s’il s’essouffle en cours de route, il ne sera pas plus pardonné pour d’éventuels renoncements que ne l’ont été avant lui Sarkozy et Hollande qui ont d’abord déçu leur propre camp. En allumant la mèche de la République en Marche, Macron a fait exploser peut-être encore plus fort qu’il ne l’avait imaginé le paysage politique. La déflagration a été fatale aux deux grandes formations qui tenaient les rênes du pouvoir depuis soixante ans : le PS est aujourd’hui exsangue et discrédité. À de rares exceptions, ses apparatchiks ont été envoyés sur les roses dès le premier tour (même le premier secrétaire !). Et les frondeurs, forts en gueule qui ont pourri le quinquennat hollandais, ont pris le boomerang en pleine figure, à commencer par Benoît Hamon - ce n’était décidément pas son année - et par Aurélie Filippetti, volontiers donneuse de leçon, mais dont
l’influence électorale n’est manifestement pas à la hauteur de ses ambitions.
Quant aux Républicains, ils ont payé cash la désastreuse candidature Fillon. La suffisance affichée, l’entre-soit des responsables nationaux qui ont toujours privilégié intérêts personnels et petits calculs sans comprendre les attentes de la base, leur ont fait réaliser le plus mauvais score de la droite et du centre depuis les débuts de la Vè République. Joli bilan !

Ni le Front National, ni les "Insoumis" ne sauraient se réjouir de ce tas de cendres. Dimanche soir, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon avaient déjà dilapidé 50% de leur influence du premier tour des présidentielles...Le message envoyé par les électeurs est donc on ne peut plus clair : de nouvelles têtes, une autre façon de faire de la politique, plus concrète, plus proche des gens "ordinaires". Le profil des élus répond à ces attentes. Reste maintenant aux nouveaux députés à être capables de marcher
longtemps, de ce pas régulier et rythmé qui fait franchir les montagnes, sinon la déception sera immense et les lendemains incertains...


Jean-Michel Chevalier