Le contrat de confiance et la force centrifuge


Economie


29 juin 2017

En attendant la nuit du 4 août et l’éventuelle abolition de privilèges comme la fin de leur immunité parlementaire (enfin, attendons de voir...), les députés vont vivre avec intensité la journée du 4 juillet et le vote de confiance au gouvernement. Aucun doute possible sur l’issue avec la majorité écrasante des "Marcheurs" dans l’hémicycle. Les mêmes qui ont élu comme un seul homme Richard Ferrand à la tête de leur groupe vont évidemment faire bloc. Edouard Philippe pourra donc s’attaquer aux choses sérieuses avec une force tranquille et la légitimité nécessaire.

Loi travail, modernisation de l’économie, réforme scolaire... il en aura bien besoin !

L’intérêt de ce vote de confiance réside plutôt dans l’attitude des députés estampillés PS et LR. Car ces deux familles politiques alternativement au pouvoir depuis soixante ans vont maintenant payer cash les conséquences de leur déconfiture électorale.
Entre "frondeurs", "compatibles", "constructifs" et autres "jusqu’au-boutistes", les profondes lignes de fractures vont continuer à apparaître au grand jour. Jusqu’à menacer l’existence même de ces partis qui n’ont pas su purger leurs rivalités internes, et surtout revoir à temps leur logiciel pour présenter aux électeurs un programme mûri, réfléchi, en un mot cohérent.
Si Emmanuel Macron leur a mangé la laine sur le dos, c’est parce que les grandes lignes de l’action qu’il se propose de mener empiètent à la fois sur les "idées" de la droite libérale et de la gauche modérée. Là où
avant lui Rocard, Chaban-Delmas et Mendès-France avaient échoué, il a réussi à créer un large centre attirant des Français déboussolés qui ne se reconnaissent plus dans les vieilles recettes. Du coup, la force centrifuge repousse de part et d’autre les partis traditionnels qui ressortent largement ringardisés de l’épreuve qu’ils traversent.
Laminé, le PS a décidé d’être "dans l’opposition". Aveu de faiblesse, il laisse pour la "confiance" le choix à ses députés de voter contre ou de s’abstenir.
Chez les Républicains pur jus, la consigne est plus claire : ce sera non. Mais parce qu’ils ne sont pas si éloignés politiquement de la ligne Macron - et peut-être parce que l’idée de traverser un désert pendant cinq ans n’est guère réjouissante - un certain nombre d’entre eux franchiront le Rubicon, rajoutant du sel sur des plaies à vif.
La nouvelle étape de la recomposition symbolisée par ce contrat de confiance s’annonce aussi passionnante que cruelle.


Jean-Michel Chevalier