La France se réforme

Eh bien, c’est à tort que l’on s’inquiétait des économies que notre pays doit réaliser afin de revenir à l’équilibre budgétaire, un jour prochain ou un peu plus tard. Déjà, le Gouvernement ne compte plus « que » 30 ministres et secrétaires d’Etat contre 37 pour le précédent. Et ce, sans augmentation de salaire pour les nouveaux titulaires, en dépit de l’accroissement de leur charge de travail (leur syndicat n’a pas moufté, comme vous l’avez remarqué). Ensuite, nous sommes partis pour une configuration resserrée de l’organisation administrative du territoire : un regroupement des régions et la disparition des départements. Autant de mesures proposées par l’ancienne majorité et alors conspuées par son opposition. Mais bon, tout le monde a le droit de changer d’avis quand nécessité fait loi. Voilà, en tout cas, qui devrait générer un chômage massif dans les rangs de la préfectorale. Enfin, on devrait parvenir à faire exploser le maillage des 36.000 communes, sachant que pour atteindre la masse critique dans une administration communale, il faut regrouper au moins 20.000 habitants. Quand ces réformes structurelles seront achevées, la France aurait fait tellement d’économies qu’elle ne saura plus quoi faire de son fric. A moins que les élus n’aient de nouvelles idées pour le gaspiller, ce qui n’est pas impossible.

Mieux encore : il est maintenant question de liquider les établissements publics en déficit. Par exemple, les hôpitaux qui n’équilibrent pas leur budget devraient être sacrifiés sur l’autel de la rentabilité. S’ils veulent leur hosto, les habitants n’ont qu’à être plus souvent malades. On suggère d’étendre cette mesure de saine gestion aux commissariats de police qui ne font pas assez de chiffre, faute d’une délinquance suffisante, et de renforcer la disparition des tribunaux qui végètent pour les mêmes raisons. S’ils veulent une police et des juges, les habitants n’ont qu’à se comporter en masse comme des voyous. Avec une telle stratégie, nul doute que les 50 milliards d’économies seront obtenus en un tournemain. Et encore n’a-t-on pas compté le bonus sur les cuisines de Matignon, depuis que le Chef a congédié son poissonnier. On doit toutefois mettre en garde le Premier ministre contre les risques d’une consommation excessive de viande rouge. Heureusement, Paris ne manque pas d’hôpitaux. Qui sont tous rentables.

La recette du jour

Méthodologie de gestion

Vous êtes chargé de rétablir l’équilibre budgétaire du pays. La mission est impossible sans réformes structurelles. Ce sont les services publics qui plombent vos comptes : continuez d’étriller la Défense nationale (on n’a plus d’ennemis) ainsi que la Justice et la Police (les voyous font la loi, gratis). Réservez l’Education nationale aux seuls enfants qui respectent les maîtres (vous fermerez une bonne moitié des établissements) et la Sécurité sociale aux seuls assurés bien-portants. Vous pourrez alors virer tous vos ministres devenus inutiles. Et vous taper une côte à l’os à tous les repas.