Hugues Moutouh, préfet

Hugues Moutouh, préfet pressé

À peine arrivé et déjà sur le terrain, à la frontière franco-italienne. Le nouveau préfet des Alpes-Maritimes veut aller vite, affichant une grande détermination tout en mesurant l’immensité de la tâche.


Stature imposante, cheveux coupés très courts, l’ancien préfet de la Creuse, de la Drôme et de l’Hérault n’a rien contre le surnom de préfet «  bulldozer » qui a pu lui être donné. «  Je ne sais pas pour combien de temps je suis ici, on a très peu de temps pour impulser. Parmi mes grandes qualités, j’ai beaucoup d’énergie, je suis très tenace et très déterminé », a-t-il exposé au cours d’une rencontre avec la presse, à Nice, mercredi 11 octobre. « Et bulldozer, parce que quand j’arrive, je m’empare des sujets et je ne lâche pas, je vais jusqu’au bout. J’essaie d’aller le plus vite possible parce que notre temps est compté. Nos concitoyens attendent que l’on fasse et que l’on fasse ce que l’on dit. Et rapidement, parce que le délai se raccourcit de plus en plus  ».

Sa devise : Comme disait Georges Clémenceau, « Il faut savoir ce que l’on veut. Quand on sait ce que l’on veut, il faut avoir le courage de le dire et quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire ». ©S.G

Ce grand amateur de sport, sports collectifs et de combat, est un préfet d’action, qui n’est jamais resté très longtemps en poste en tant (ce n’est pas lui qui choisit) : un an dans la Creuse, un peu plus de deux ans dans la Drôme et dans l’Hérault. Mais il n’est pas qu’un préfet d’action. Agrégé de droit, il a débuté sa carrière en tant qu’universitaire et a également été avocat. Hugues Moutouh a le sens de la formule et prend le temps d’organiser son propos, de peser ses mots.

Il connaît également déjà très bien ses dossiers (de l’immigration à la tempête Alex en passant par la crise du logement), bien entouré et conseillé par son équipe. Venu à Nice avec son épouse et son beau-fils, il mesure en tout cas pleinement ce qui l’attend dans le département.


Trop-plein et trop peu

« C’est un honneur car ce poste est l’un des plus prestigieux de la République. C’est l’un aussi des plus exigeants parce que c’est un concentré des grandes problématiques que notre pays affronte, avec plus ou moins de réussite, et la tâche est immense », a-t-il déclaré lors de la cérémonie organisée pour sa prise de fonctions, lundi 9 octobre. «  Les défis sont très nombreux à relever », a-t-il ajouté, commençant d’abord par ceux dans le champ régalien : les problèmes de délinquance (il a fait une demande de cartographie de la délinquance et de la criminalité), la radicalisation («  Il n’y a qu’une seule communauté qui vaille, c’est la communauté civique nationale ») et la problématique de la souveraineté nationale («  Le représentant de l’Etat que je suis ne connaît pas les migrants, il connaît deux catégories d’étranger : les étrangers en situation régulière et les étrangers en situation irrégulière »).

« En dehors du champ régalien », il relève que «  le département est victime de son succès. Vous vous développez trop, trop vite. Vous êtes trop attractifs. Trop de Français ou d’étrangers veulent venir s’établir sur le territoire. Face à ce trop-plein, il y a un trop peu : un trop peu d’eau, un trop peu de terres. La qualité de l’air également est importante. Ce travail d’arbitrage que nous devons faire est un vrai sujet ».
Hugues Moutouh a 55 ans et une carrière déjà très riche derrière lui, ayant connu de nombreux postes qui seront autant d’atouts pour l’aider à renouveler tous ces défis. Son passé de chef d’entreprise en sera un dans un département très attractif économiquement mais confronté à de grandes difficultés de recrutement. « Un chef d’entreprise ne demande pas grand-chose à l’Etat, il demande qu’il ne soit pas bloquant. Notre objectif n’est pas simplement d’appliquer la loi mais d’accompagner les porteurs de projets et de le faire le plus en amont possible ».

Et là aussi, d’aller vite.

Photo de Une ©S.G

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