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Boîte à outils « Vivre avec les Requins » : Et si l’on pouvait efficacement se protéger des attaques ?

Un document unique a été diffusé cet été par l’Institut océanographique de Monaco : la « Boîte à outils Requins » qui, pour la première fois, regroupe toutes les solutions existantes pour se prémunir des attaques de requins, en rappelant au passage la réalité des risques encourus par l’homme. En une dizaine de fiches, ce document permet de passer en revue les initiatives prises à travers le monde pour sécuriser au maximum les activités nautiques dans les cas où elle est soumise à la probabilité d’attaques de requins. Un outil qui vise prioritairement à sauver les vies humaines, tout en permettant d’éviter le massacre inutile de squales...

« Une meilleure compréhension des requins, la technologie disponible aujourd’hui et un effort collectif pour gérer nos activités, doivent nous permettre de partager les océans avec les requins ».
S.A.S. le Prince Albert II de Monaco,

Différentes attaques survenues récemment à travers le monde (fin août à La Réunion, début septembre en Nouvelle Calédonie et il y a quelques jours au Mozambique) nous rappellent que les requins sont bien des animaux sauvages, de grands prédateurs puissants face auxquels certains usagers de la mer, surfeurs notamment, sont vulnérables.

Pour autant, la méchanceté, la cruauté ou encore la « sauvagerie » que nous prêtons volontiers à ces animaux lors de ces événements certes violents restent la projection de travers quasi exclusivement humains. Nullement malfaisants, certains grands individus constituent effectivement un risque naturel dont nous connaissons encore mal les mécanismes. Il est d’ailleurs démontré que l’augmentation statistique des attaques ces dernières années est la résultante de plusieurs causes complexes et multifactorielles : parmi les plus évidentes il y a la surpêche, qui privent les squales de ressources au large, les incitant à s’approcher des côtes, la pollution, qui induit des rejets à proximité des littoraux qui peuvent aussi les attirer, et surtout l’augmentation du nombre d’activités nautiques et de pratiquants.

Face à ce risque naturel, l’homme doit mobiliser son intelligence et sa technologie et non son mépris et sa haine. C’est pourquoi l’Institut océanographique, fidèle à ses convictions, a souhaité produire cette « Boîte à outils » afin qu’elle permette de sauver des vies humaines tout en préservant des espèces animales essentielles pour la bonne santé des océans.
Car des solutions existent : une mobilisation collective, des solutions de surveillance et de prévention efficaces et la responsabilité individuelle pourront bien mieux favoriser la cohabitation que le mirage des "prélèvements".

Des chiffres alarmants !

Les 11 fiches que contient ce dossier présentent les nombreuses initiatives prises dans les endroits du globe connus pour des attaques de requins sur l’homme : l’issue fatale de ces accidents, bien que très rare, n’en est pas moins dramatique. Chaque vie étant précieuse, l’Institut océanographique a un double objectif : faire la promotion de ces outils pour protéger les personnes qui souhaitent profiter de la mer et informer sur la relativité de la menace que ces animaux font peser sur nous : en moyenne 10 morts par an dans le monde (les crocodiles, moins décriés et moins effrayants, en font 200 fois plus…).

En comparaison, les requins disparaissent de l’océan à une vitesse vertigineuse, victimes d’une pêche frénétique pratiquée notamment pour la soupe d’ailerons. On estime à près de cent millions le nombre de requins tués chaque année. Leurs populations auraient ainsi été réduites de 75%, voire par endroit 90%, en seulement 50 ans.

Pour Robert Calcagno, Directeur général de l’Institut océanographique, « s’il ne trainait pas cette caricature de tueur sanguinaire, sans doute autant due à son faciès qu’au talent de Steven Spielberg, le requin aurait probablement bénéficié d’une prise de conscience plus rapide quant à sa protection. Car la grande majorité des 500 espèces de requins, dont 180 sont considérées comme « menacées », se développe et se reproduit très lentement. La reconstitution de populations s’avèrera donc particulièrement lente et incertaine, alors même que son rôle de régulateur est essentiel à l’équilibre de la biodiversité marine. 

Notre boîte à outils recense de nombreuses initiatives et innovations, souvent mises en place dans les endroits les plus sensibles du globe : guetteurs, vigies en plongée, filets de séparation et autres solutions individuelles ou collectives, comme les câbles électromagnétiques… Notre connaissance des espèces se perfectionne et en parallèle les technologies progressent. Développer des méthodes qui ne reposent plus sur la suppression des requins va dans le sens de l’histoire. Il n’en reste pas moins que face à un risque naturel, adapter son activité est de la responsabilité de chacun ».

L’Institut océanographique et les requins

Depuis 2012, l’Institut océanographique mène un grand programme sur les requins pour battre en brèche les idées-reçues sur ces grands prédateurs et, sur la base des dernières connaissances scientifiques, en proposer une vision plus objective autour de principes clés :

- Les requins ne sont pas les monstres sanguinaires que notre culture populaire en a fait. Bien qu’un risque existe parfois, il est géographiquement localisé et peut être géré.
- Les requins sont aujourd’hui très sérieusement menacés par l’Homme. Près de 100 millions de requins sont pêchés chaque année et certaines espèces ont déjà disparu à près de 90%.
- Les requins sont pourtant essentiels à l’équilibre et à la vitalité des océans, notamment en régulant les populations de nombreuses autres espèces.

L’Institut océanographique cherche à promouvoir une cohabitation apaisée entre hommes et requins, y compris dans les rares cas où ils présentent un risque pour nous. Cela passe par des conférences, des expositions ou des ouvrages grand public.

La Boîte à outils « Vivre avec les Requins »

Sous l’impulsion et la présidence de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, deux ateliers d’experts internationaux sur les requins ont été organisés par l’Institut océanographique en 2013 et 2014 ayant permis d’aboutir à ce document. Organisé sous forme de fiches, ce dossier présente de manière vivante et détaillée ces mesures et leurs cas d’application concrets pour échapper à l’impasse de l’éradication. Il est également décliné sous la forme d’une animation en motion design :

Destinée aux autorités et plus largement à tous les acteurs amenés à gérer le risque, ce dossier servira également aux journalistes intéressés pour mettre en perspective tout sujet traitant du requin. Nous en tenons à disposition un exemplaire papier, sous forme de chemise contenant des fiches, sur simple demande par mail à M. Florent Favier(coordonnées ci-dessous).

À découvrir à l’intérieur de la Boîte à outils

- des infographies claires et précises pour comprendre le danger
- des fiches thématiques détaillant les solutions existantes ou en développement à travers le monde
- les principaux enseignements tirés des ateliers d’experts organisés par l’Institut océanographique
- les contacts d’acteurs engagés sur le terrain

Ce document de référence promeut une cohabitation organisée et pacifiée, tout en rappelant qu’aucune solution ne peut garantir le risque zéro. Au même titre que d’autres risques souvent plus importants (avalanche, noyade…), le risque requin doit être pris en compte et géré.

Il complète utilement le travail réalisé depuis 2010 par l’Institut océanographique sur la question des requins, dont une exposition encore visible jusqu’en novembre prochain au Musée océanographique de Monaco et un livre : « Requins, au-delà du malentendu » (Robert Calcagno, Editions du Rocher).

Pour télécharge la boite à outil http://www.institut-ocean.org/rubri...

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