"Droits voisins". Beaumar

"Droits voisins". Beaumarchais compatible avec l’esprit de facebook et google ?

"Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur" écrivait justement Beaumarchais. C’était au XVIIIème siècle, cela reste d’actualité. À l’heure où les journalistes paient de leur liberté - et quelquefois de leur vie - le droit d’informer, près d’une centaine de journaux européens a pris l’initiative de publier une tribune commune pour attirer l’attention sur la difficulté de faire leur métier. C’est-à-dire d’aller chercher l’information, la vérifier et la partager avec les lecteurs de toutes opinions. Pour leur édification, pour éclairer leur jugement, pour faire vivre la démocratie en suscitant le débat d’idées.

Dans cette tribune, Sammy Ketz, grand reporter à l’Agence France Presse, explique avoir vu en plus de quarante ans de carrière sur de nombreux conflits dans le monde, baisser "le nombre de journalistes présents sur le terrain de manière constante. Nous sommes devenus des cibles et les reportages coûtent de plus en plus chers. (...) Aujourd’hui, il faut des gilets pare-balles, des casques, des voitures blindées, parfois des gardes du corps, pour éviter d’être enlevés, des assurances. Qui paie les assurances ? Les médias et cela est onéreux".

Samy Ketz poursuit en expliquant que le coût est de plus en plus élevé mais que ceux qui en profitent "sont les plateformes qui se servent (des contenus ndlr) sans payer". "Les médias ont subi longtemps avant de réagir, s’en prenant aux conséquences plutôt qu’aux causes : faute d’argent, on licencie des journalistes au point d’arriver parfois à la caricature : un journal sans journaliste, ou presque".

Les journaux qui publient cette tribune appellent à "cesser de gober le mensonge colporté par Google et Facebook" selon lequel la gratuité serait menacée sur internet.
"Non la gratuité existe car les géants du net, qui captent actuellement gratuitement des contenus, engrangent des recettes publicitaires et peuvent rétribuer les médias sans faire payer les consommateurs".
Facebook ayant réalisé l’an passé 16 milliards de bénéfices et Google 12,7 milliards (!), "il faut simplement qu’ils paient leur écot. Ainsi les médias continueront à vivre et ils participeront au pluralisme et à la liberté de la presse auxquels ils se déclarent attachés (...) Il faut savoir que Facebook et Google n’emploient aucun journaliste et ne produisent aucun contenu éditorial, mais ils se rémunèrent par la publicité associée au contenu que les journalistes produisent".
Pour faire cesser ce "siphonnage", les journaux s’adressent aux députés européen "pour voter massivement pour les droits voisins" qui permettront aux journaux de continuer à produire de l’information pluraliste et de qualité.

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