
Hommage solennel du barreau de Nice à Me Myriam Bellazouz, « une voix libre » fauchée par la barbarie
- Par Valérie Noriega --
- le 22 juillet 2025
Le 15 juillet, les avocats du barreau de Nice, magistrats, proches et amis ont rendu un hommage empreint de gravité à Maître Myriam Bellazouz, victime de l’attentat barbare survenu le 14 juillet 2016. L’émotion était à la hauteur de l’engagement de cette avocate, qui portait en elle « la liberté, le droit, la parole, la tendresse d’un métier » a confié le bâtonnier.
Ce 15 juillet au palais de justice de Nice, devant la plaque commémorative, le deuil était - pour la neuvième fois - partagé par toute une profession, frappée en son cœur par la disparition de l’une des siennes, tombée « un soir d’été que la République avait voué à la joie ». Dans un silence solennel, le bâtonnier Emmanuel Brancaleoni, ému, a ouvert la cérémonie en soulignant qu’« il arrive que les mots manquent, non pas par pauvreté de la langue, mais par excès de douleur. »
Me Bellazouz était de ces avocats qui, loin des projecteurs, incarnent la noblesse silencieuse d’un serment chevillé au coeur. « Elle n’appartenait pas à cette époque qui bavarde sans agir, mais à celle — plus ancienne, plus noble sans doute — de ceux qui croient qu’un mot juste peut être un acte de résistance » a témoigné Me Brancaleoni.

Le terrorisme a frappé plus qu’une existence, une idée, une éthique, une voix : « Une voix d’avocate. Une voix française. Une voix libre. » Pour le bâtonnier, cette attaque, « déclaration de guerre à tout ce que Myriam incarnait », a résonné comme une offense à la justice elle-même. Il a rappelé que le serment des avocats, souvent récité mécaniquement, prenait aujourd’hui un sens renouvelé : « Il ne s’agit pas de l’idéalisme d’un barreau rêvé. Il s’agit d’un serment vécu. Le nôtre. »
« Ce que la mort a interrompu, la mémoire l’achèvera »
Face à la barbarie, l’unité du barreau s’est exprimée dans la volonté de continuer à porter ce que Myriam incarnait. « Nous prenons acte d’un vide que rien ne comblera mais nous affirmons que le silence qu’elle laisse sera habité de sa force. Ce que la mort a interrompu, la mémoire l’achèvera ; Ce que la haine a voulu faire taire, la justice l’a rétabli ; Et ce que la nuit a tenté d’éteindre, nous le porterons comme une lumière.. »
Par ces mots, Me Brancaleoni a affirmé la fidélité de son barreau à l’idéal que portait Me Bellazouz. Une fidélité qu’il a résumée ainsi : « Aujourd’hui, alors que la mémoire de Myriam se mêle à celle de tous ceux que ce drame a emportés, nous ne cherchons pas à oublier notre peine. Nous cherchons à en faire quelque chose.. »
L’assistance s’est levée pour une minute de silence, empreinte d’un respect infini. Dans ce silence, il semblait encore possible d’entendre la voix de Myriam : « Le deuil est un pays dont on ne revient jamais tout à fait. Ceux que nous aimons n’y sont pas perdus, mais comme exilés dans notre mémoire. Nous leur parlons encore, mais leur voix ne répond plus. Et pourtant, il nous semble parfois l’entendre, dans le silence d’un cabinet, dans la retenue d’un confrère, dans le combat discret d’une cause qu’on plaide pour personne d’autre que pour la justice.. »
La liberté « ne meurt pas vraiment, tant que des femmes comme Myriam auront vécu, tant que des avocats — et des citoyens — continueront de croire que la loi n’est pas l’arme du plus fort, mais la limite qu’on oppose à la force et à la violence aveugle » a conclu Me Brancaleoni.