« Les juges n’ont jamais été aussi sévères »
- Par Sébastien Guiné --
- le 10 octobre 2024
La présidente du tribunal judiciaire de Nice, Pascale Dorion, a déploré les critiques sur « un prétendu laxisme de la justice » à l’occasion de l’audience d’installation du 4 octobre.
Elle a commencé par citer le nouveau garde des Sceaux, Didier Migaud, qui a l’ambition « de renforcer la confiance en nos institutions judiciaires et de lutter contre la défiance envers elles, qui est un mal injuste mais réel, qui ronge le vivre ensemble et ne reconnaît pas les efforts accomplis ». Pascale Dorion a ensuite affirmé que « cette défiance, fondée sur un prétendu laxisme de la justice » était « difficile à entendre par les magistrats alors que tous les signaux objectifs, largement débattus dans la presse, démontrent que les juges n’ont jamais été aussi sévères et n’ont jamais prononcé autant de peines d’emprisonnement ». « Si ces données objectives ne peuvent évidemment pas être entendues par les victimes d’actes terribles alors qu’elles sont submergées par la souffrance et le désespoir, il est particulièrement regrettable (…) qu’elles soient niées ou manipulées par certains commentateurs », a ajouté Mme Dorion avant de procéder, avec le procureur de la République Damien Martinelli et le directeur de greffe Julien Moulard, à la présentation de dix nouveaux magistrats, sept du siège et trois du parquet, et de treize nouveaux agents de greffe. « Des remarques parfois sans nuance, confondant la détention provisoire et la sanction pénale, oubliant la présomption d’innocence, ignorant que le juge agit dans le cadre de la loi, mettent en péril l’équilibre de nos institutions et l’État de droit », a encore déclaré la présidente du TJ.
Activité pénale intense
Damien Martinelli a souligné de son côté que l’activité pénale avait été marquée par « une très forte intensité au cours des derniers mois », précisant que le tiers des poursuites devant le tribunal correctionnel se faisaient par voie rapide « soit deux fois plus que dans les autres tribunaux de même taille ». Il a ensuite mis en exergue la « forte hausse d’activité » pénale concernant les mineurs, avec « entre janvier et septembre 2024 + 43 % de mineurs déférés, + 23 % de jugements prononcés et + 76 % de placements en détention provisoire par rapport à la même période en 2023 ». « Mais une part importante de la réponse concernant la délinquance des mineurs est liée au traitement des réseaux dans lesquels ils évoluent. Je redis notre attention sur la traite des êtres humains qui vise les mineurs », avait précisé M. Martinelli. Le procureur a également alerté sur la situation de la maison d’arrêt de Nice, « très difficile », avec un taux d’occupation du quartier hommes de 192 %, quand il était déjà de 153 % en février 2024. « Il y a une évidente problématique capacitaire et malheureusement aucun projet de nouvel établissement pénitentiaire pour le ressort », a-t-il regretté.