Pour les magistrats (...)

Pour les magistrats de Nice, « rien n’a changé » depuis un an

« Les greffiers sont épuisés. Et ils ne sont pas les seuls. Les magistrats sont épuisés ». Hicham Melhem, vice-président du Tribunal judiciaire, délégué du syndicat Unité Magistrats Force ouvrière, a pris la parole devant le Palais de justice face aux fonctionnaires, greffiers et magistrats rassemblés pour dénoncer leurs conditions de travail. « On était très nombreux le 15 décembre (2021) et on pensait que les choses allaient changer. Aujourd’hui on est obligé de faire le constat, un peu moins d’un an après, que vraiment rien n’a changé », a-t-il regretté.
Les syndicats de magistrats avaient appelé à la mobilisation en France ce mardi 22 novembre, un an après la publication de l’appel de 3 000 magistrats dans le journal Le Monde dénonçant une approche « gestionnaire » de la justice. De nombreux avocats, dont Adrien Verrier et Cécile Schwal, respectivement Bâtonnier et Vice-Bâtonnier du Barreau de Nice, sont venus soutenir les magistrats. «  La mobilisation a libéré la parole des professionnels sur leurs conditions de travail déplorables, qu’il s’agisse des fonctionnaires, greffiers et magistrats ou des auxiliaires, essentiellement les avocats, qui participent à l’œuvre de justice. Elle a également permis une prise de conscience générale sur l’état de la justice en France  », a souligné Côme Jacqmin, vice-président du TJ de Nice, membre du Syndicat de la magistrature. Il a ensuite énuméré les « délais inacceptables » qui ont cours au TJ de Nice en raison du manque de moyens : affaires du tribunal correctionnel renvoyées à environ huit mois, six mois d’attente avant la première audience en vue d’un divorce, ou encore 800 jours en moyenne pour obtenir une décision dans les contentieux civils complexes (contre 600 jours en moyenne en France, en 2020, et 237 jours en Europe).

« Insatisfaction, souffrance »

«  La grande insatisfaction, voire la souffrance, des différentes catégories de personnels et acteurs de la justice de ne pas pouvoir remplir leurs différentes fonctions dans des conditions satisfaisantes perdure un an après », a résumé Côme Jacqmin. « C’est une seule et même famille qui est présente aujourd’hui, c’est la famille du droit, la famille du monde judiciaire et nous sommes fiers d’appartenir à cette famille », a déclaré Me Adrien Verrier. «  A la quasi-unanimité, notre Conseil de l’Ordre a considéré que le motif de ce rassemblement était parfaitement légitime et justifiait qu’on puisse s’y associer. Nous faisons également ce constat d’une justice en grande difficulté », a ajouté le Bâtonnier. « On nous parle d’une augmentation budgétaire de 10 % par-ci par-là mais on fait des calculs qui englobent d’autres administrations, comme l’administration pénitentiaire, mais si on en reste stricto sensu à la chaîne judiciaire telle qu’on la connait, on s’aperçoit que finalement l’augmentation n’est pas si importante que cela. C’est véritablement un plan Marshall de la justice qui doit être mis en place, avec des augmentations drastiques, un recrutement effectif et massif de magistrats et de greffiers. En tant qu’avocats, nous en avons plus que marre de considérer que les dossiers de nos clients sont des stocks, de simples documents papier. Derrière, il y a des drames, des situations qui doivent être jugées en urgence, qui ne doivent pas être jugées à minuit, qui ne doivent pas être jugées six, huit ou neuf mois après ».

Photo de Une ©S.G

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