Prisons : l'OIP et Amnesty

Prisons : l’OIP et Amnesty montent au créneau

Dans un rapport publié avec le soutien d’Amnesty International, la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP) dresse un bilan sévère de l’état des conditions de détention en France. En cause : «  l’inefficacité des mesures prises par les pouvoirs publics  ».

Alors que l’État français a été condamné de façon définitive en mai par la Cour européenne des droits de l’homme pour l’indignité de ses prisons et sommé de prendre des mesures pour mettre un terme à la surpopulation carcérale, l’OIP et Amnesty International appellent à « la mise en place en urgence d’un plan national d’action pour atteindre cet objectif  ».

Les conséquences de la surpopulation carcérale dans les maisons d’arrêt sont détaillées dans le rapport : « promiscuité, manque d’intimité, non-séparation des différentes catégories de détenus, augmentation des tensions et violences  ». Il pointe des conditions de vie dégradées et indignes dans des établissements pénitentiaires dont une proportion importante est vétuste et insalubre.

Le rapport révèle aussi « la détérioration importante des conditions de prise en charge des personnes détenues, les carences en matière d’offre d’activité et de travail, de préparation à la sortie, de prise en charge sanitaire, et les conséquences sur l’insertion ou la réinsertion ». Deux ans de crise sanitaire ont encore aggravé les symptômes malgré des mesures de libération de détenus et une baisse des entrées en détention. Le nombre de personnes détenues avait alors diminué de plus de 13 500.

« Mais faute d’une politique volontariste, le nombre de prisonniers n’a cessé de croître dès la fin du premier confinement en juin 2020. Et si des réformes ont été engagées, elles passent largement à côté des facteurs à l’origine de l’inflation carcérale  » note l’OIP. Il considère qu’accroître « de manière continue le nombre de places de prison » est une politique « à la fois coûteuse et inefficace  » alors que les tribunaux peinent à obtenir de l’administration qu’elle exécute les injonctions qui lui sont faites pour remédier à indignité des conditions de détention.

« Face à une situation chaque jour un peu plus intenable et alors que s’ouvre une nouvelle séquence politique, il y a urgence à ce que les pouvoirs exécutifs et législatifs assurent enfin le respect des droits fondamentaux en prison » martèlent l’OIP et Amnesty International. Ces organisations demandent une révision des priorités budgétaires et une réorientation des budgets alloués à l’accroissement du parc carcéral « qui devraient plutôt être affectés à l’amélioration des conditions de détention et au renforcement des alternatives à l’incarcération  ».
 ?Le rapport complet est téléchargeable sur oip.org

Photo de Une : illustration DR

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