Sénat : masques, préventio

Sénat : masques, prévention, organisation des soins, surmortalité… les questions qui fâchent

La séance de mercredi des questions au gouvernement présidée par Gérard Larcher s’est déroulée devant dix huit sénateurs seulement – respect des consignes sanitaire oblige – représentant tous les groupes politiques. Si le ton fut courtois, comme il est de règle devant cette assemblée, les sujets qui fâchent n’ont pas été escamotés…

René-Paul Savary (LR) a fait part de "l’incompréhension et de la
colère qui monte chez les Français concernant l’absence de masques de protection, l’état d’urgence et la situation dans les maisons de
retraite". Il a interrogé le ministre de la Santé, Olivier Véran, sur le nombre réel des protections distribuées aux professionnels de la santé et sur l’articulation de l’organisation des soins entre "un secteur public débordé" et un secteur privé disponible et apparemment peu sollicité.
"Les rumeurs concernant le public/privé sont inexactes, les deux secteurs ont reçu de la même façon des consignes pour décaler les opérations non urgentes. Il y a actuellement des lits disponibles dans le public et dans le privé, les cliniques participent à l’effort" a répondu le ministre. Qui a chiffré à 70 millions le nombre de masques déstockés par l’État au début de l’épidémie, auxquels s’ajoutent 20 millions supplémentaires cette semaine, avec une "distribution prioritaire" dans les régions les plus impactées.
Olivier Véran a par ailleurs indiqué qu’une centaine de patients à tous niveaux d’évolution du coronavirus sont en ce moment sous protocole médicamenteux. "Soyez sûrs que si le moindre argument médical venait à être avéré, il serait mis à disposition de tous immédiatement. Tout le monde est sur le pont".

Seule la Corée du Sud était bien préparée...

Sénateur de Mayotte, Thani Mohamed Soilihi (LREM) a attiré l’attention du gouvernement sur le sort de son île de l’Océan Indien. Peuplée officiellement de 250 000 habitants – "mais sûrement du double en raison d’une immigration massive" selon l’élu de ce département d’outre mer – les Mahorais ne disposent que de 27 médecins généralistes.
Répondant à une question de journaliste hors séance, Claude Malhuret (Indépendants), médecin de profession, a estimé que les seniors ne sont pas plus en danger face au coronavirus que le reste de la population. Mais que dans les maisons de retraite, les pensionnaires se retrouvent "regroupés. La moyenne d’âge y est de 85 ans, à cet âge beaucoup ont des pathologies associées. Dans ces établissements, on est habitué aux maladies hivernales comme la grippe, qui demande le même genre de protection que le coronavirus. Il y aura une surmortalité, elle sera difficile à quantifier, car on y meurt aussi de la grippe et parce que l’on ne fait pas de tests".
Le sénateur de l’Allier a estimé que "tous les pays ont été mal préparés, la France comme tous les autres, à l’exception de la Corée du Sud. Il nous faudra changer de stratégie pour préparer la prochaine crise qui arrivera inévitablement dans un an, cinq ans, dix ans… Pour tirer tous les enseignements, je préférerais une mission d’information plutôt qu’une commission d’enquête".

Visuel de Une : Plus de 10 000 personnes hospitalisées en France pour le covid-19. (Illustration DR)

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