StopCovid : examen (...)

StopCovid : examen réussi à l’Assemblée et au Sénat

Au nom de la sécurité sanitaire, qui est un impératif d’état et une priorité, doit-on sacrifier un peu de nos libertés individuelles et de nos vies privées ? Députés et sénateurs ont philosophé hier pendant plusieurs heures sur ces questions sensibles au sujet du lancement de StopCovid. Et les deux assemblées ont voté pour, y compris le Sénat, ce qui constitue une surprise.

L’enjeu pour le gouvernement est d’éviter une deuxième vague de contamination et de casser la chaîne de transmission du virus en utilisant la technologie numérique en plus des mesures de protection déjà en cours (masques, distanciation sociale etc.) Validée mardi par la CNIL, l’application va donc être lancée dès la semaine prochaine.

Chat échaudé... Les partisans de StopCovid eurent beau multiplier les "gages" autour de l’application, cette mesure a sou
levé de nombreuses interrogations et oppositions parmi les parlementaires.
"Nous devons refuser une société qui encadre nos libertés et notre vie privée, ne faisons pas un pas de plus vers une société orwellienne" a tonné Damien Abad, président du groupe Les Républicains, vent debout depuis le début de cette crise sur la manière dont l’exécutif a géré la situation.
Il a été rejoint à l’autre bout de l’échiquier politique par Jean-Paul Defrègne (gauche démocrate et républicaine) pour qui "les Français ne suivront pas les directives inutiles et dangereuses. StopCovid vient pallier les carences - masques, tests - en matière de lutte contre le virus (...) Cette application ouvre sur la surveillance de masse, qu’il y ait géolocalisation ou pas. Nous ne savons rien de ce qui sera récolté".
Disponible sur Android et iOS, StopCovid n’utilisera pas la géolocalisation mais le bluetooth, moins intrusif. Chaque smartphone sera doté d’identifiants chiffrés, qui changeront régulièrement, pour éviter tout pistage. La mise au point rapide de ce système par des sociétés françaises est en open source, autre gage de transparence.

Des garanties de transparence

"Le loup n’est pas dans la bergerie" estime Philippe Lacombe (Modem et apparentés). "L’appli est limitée à cette pandémie, elle ne repose pas sur des données de localisation, il n’y a donc pas de tracking des personnes qui l’utilisent. Connaissez-vous d’autres applications qui réalisent un tel sans faute ? Moi pas" argumente le député. Il dénonce en revanche "notre dépendance coupable envers Google et Apple" dont "nous sommes captifs" et voit dans ce système un premier sursaut pour une autonomie nationale et européenne (d’autres pays dont l’Allemagne n’ont pourtant pas adhéré à StopCovid).
Même tonalité chez Marie Lebec (LREM) pour qui 77% des +12 ans et 90% des actifs possèdent un smartphone , ce qui en fait un outil à utiliser pour lutter contre la pandémie, d’autant que "le droit à l’oubli est garanti avec effacement au bout de 15 jours". Tandis que Laure de la Raudière (Agir ensemble) a souligné que l’usage relève du volontariat et que les gens seront libres de l’utiliser ou pas, de la désactiver à tout moment.
Quant à Cécile Untermaier (socialistes et apparentés), elle a reconnu les bonnes intentions du gouvernement mais a placé le débat sous l’angle de l’éthique, prévenant d’une possible "dictature du numérique" sur nos vies. Une peur que Nicole Belloubet s’est attachée à dissiper. Alors, êtes-vous prêt à télécharger l’application ?

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