Tracking : le "pistage"

Tracking : le "pistage" numérique de l’épidémie n’est pas sans danger pour les libertés

La technologie le permet et une réflexion est à l’étude sur le "tracking" pour la sortie du confinement, avec l’application #StopCovid19 : beaucoup d’interrogations demeurent...

Détournement d’utilisation

Le diable se cache certes dans les détails, mais aussi dans le "détournement" de technologies. Ainsi le smartphone est-il avant tout un appareil destiné à se parler et s’écrire à distance, ainsi qu’à se distraire. Mais il peut aussi être utilisé à d’autres fins, qui ne sont pas sans présenter des dangers pour les libertés individuelles...

Dérapage possible

On pense évidemment au "traçage" qui permet de remonter le temps et de savoir par où l’utilisateur est passé, quand, combien de temps il est resté. Mais aussi sur quels sites il a surfé, avec qui il a échangé des textos, à quelle heure, ce qu’il a téléchargé, etc. Rien de bien "méchant" en temps normal, c’est-à-dire avec un pouvoir réellement démocratique, mais le dérapage est technologiquement si facile…

L’exemple Linky

L’actualité récente montre que, pour être vraiment sûr que les gens respectent bien le confinement, on peut être tenté d’interroger les compteurs Linky pour vérifier s’il y a une consommation électrique dans les résidences secondaires... Controversés, ces appareils sont faits pour faciliter la régulation de l’électricité en temps réel – c’est comme cela qu’ils nous ont été "vendus" » - mais l’on voit qu’ils peuvent facilement être détournés de leur mission première.

Des "entorses"

Toutes ces "entorses" possibles seront réalisées au nom de l’intérêt général, bien sûr !
Par exemple, dans le cas présent, pour être plus efficace contre le coronavirus : qui pourrait sérieusement s’opposer à un outil qui apporte davantage de sécurité ? Demain, la reconnaissance faciale peut aussi être efficace dans la lutte contre le terrorisme. Mais plus tard pourquoi pas pour dénoncer la présence dans la rue de mineurs ou de gens en arrêt maladie.

Le (mauvais) exemple chinois

Technologiquement, les possibilités sont quasi sans limites, puisque l’agrégation de datas et les algorithmes repoussent toujours plus loin les
frontières du possible. En Chine, des points sont automatiquement retirés sur le "permis du citoyen" pour un mégot jeté par terre, pour traverser en dehors des passages protégés.
Quant à ceux qui ne sont pas d’accord avec le régime...

Comité scientifique

En France, un comité scientifique a été mis en place pour réfléchir à « "l’opportunité de la mise en place d’une stratégie numérique d’identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées". Certes, la CNIL aura son mot à dire dans l’affaire, mais c’est déjà un premier coin mis dans la protection de la vie privée...

Le capital "data"

Qui collectera les données ? Comment seront-elles conservées ? Qui y aura accès ?
Leur exploitation ne risque t-elle pas d’être détournée ? Cette compilation de data reposera-t-elle sur le volontariat ?
Les applications de "contact tracing", qui permettent d’alerter les personnes ayant croisé un porteur du Covid-19, ont à l’évidence une incidence sur le respect de la vie privée de tout un chacun.
Il y a là des questions qui demandent une réflexion et un débat de fond car c’est l’avenir de la société - et de nos libertés - qui sont en jeu.

Surveillance

Les habitants de Wuhan en Chine, ceux de Singapour ne disposent pas comme les Européens du filet protecteur de la CNIL et du RGPD.
Pas sûr non plus qu’ils aient été sollicités pour donner leur
"consentement libre et éclairé" sur ces technologies intrusives, destinées à nous protéger de notre meilleur ennemi, mais dont il est forcément tenant de faire évoluer les fonctionnalités "à l’insu du plein gré" des populations vers une nouvelle ère de surveillance numérique...

Visuel de Une (illustration DR)

deconnecte