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2013, l’année de la croissance faible

0,8% de croissance en 2013 ? Les prévisions du gouvernement semblent optimistes, surtout au regard de la dernière note de conjoncture de l’Insee. Pour l’institut, la situation de l’économie française reste aléatoire, dans un environnement international dégradé.

Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Au-delà de l’inquiétude sociale, des projets contestés, des censures du Conseil constitutionnel, des bourdes commises par les ministres ou la majorité, les chiffres sont mauvais. Le gouvernement devra composer, en 2013, avec une croissance faible, indique l’Insee. « Toujours pas d’élan » : c’est ainsi que l’institut a titré son point de conjoncture trimestriel publié le 20 décembre dernier. Pour l’année qui vient de s’écouler, la croissance devrait se révéler atone, de l’ordre de 0,1%, alors que le gouvernement tablait sur 0,3%. Le dernier trimestre de 2012, avec 0,2% de croissance, ne parviendra pas à rattraper les performances très moyennes du début de l’année. Les deux premiers trimestres de 2013, avec une croissance de 0,1% pour chacun d’entre eux, ne devraient pas apporter davantage de marge de manœuvre. La disette.

L’environnement économique de la France n’est pas des plus favorables. Dans ce que l’Insee appelle « les économies avancées », en clair les pays riches, la production manufacturière progresse très peu. Au Japon, dans la zone euro et dans une moindre mesure aux Etats-Unis, le climat des affaires demeure morose. Au pays du soleil levant, la consommation des ménages recule sous l’effet, explique l’institut de conjoncture, de « l’épuisement des subventions à l’achat de véhicules ». Les exportations japonaises souffrent par ailleurs du ralentissement du commerce en Asie et des récentes tensions diplomatiques avec la Chine. Si la situation n’est pas aussi maussade aux Etats-Unis, c’est grâce à la consommation des ménages et au secteur de la construction. En revanche, l’ouragan Sandy, qui a frappé la côte Est quelques jours avant la réélection du président Obama, pèserait légèrement sur l’activité. Seul le Royaume-Uni tire son épingle du jeu. L’Insee identifie deux événements qui ont dopé la croissance ces derniers mois : les Jeux olympiques de Londres, en août dernier, et le jubilé de la reine d’Angleterre, en juin. Enfin, les « économies émergentes », comme dit l’Insee, s’en sortent mieux que les pays riches. La Russie, le Brésil et la Chine connaissent ainsi une « nette accélération », souligne l’institut.

L’euro est-il sauvé ?

Dans la zone euro, « les tensions financières sur le marché des dettes souveraines se sont apaisées », affirme Dorian Roucher, administrateur de l’Insee en charge de l’environnement international. Comme d’autres voix en Europe, les conjoncturistes ont pris acte du soutien indéfectible des Etats européens à la Grèce et aux autres pays en difficulté. L’euro serait sauvé. Seule la chancelière Angela Merkel a estimé, dans ses vœux diffusés le 31 décembre 2012, que la crise de la monnaie européenne était « loin d’être terminée ». Quoi qu’il en soit, cet hypothétique soulagement ne profite pas encore à l’activité, qui s’est repliée au cours des derniers trimestres, l’Espagne et l’Italie étant particulièrement touchées.

En France, les clignotants sont presque tous au rouge, au sens où l’entend l’Insee. L’investissement des entreprises s’est légèrement replié, l’activité dans la construction a stagné, la production manufacturière diminue et le moral des chefs d’entreprise demeure bas, « très inférieur à la moyenne de long terme », précise Jean-François Ouvrard, chef de la division « Synthèse conjoncturelle » de l’Insee. Tout n’est pas négatif, cependant. Les exportations françaises ont ainsi progressé au troisième trimestre 2012, même si elles demeurent freinées par la faiblesse de la demande mondiale. Le taux d’investissement reste à un niveau élevé et l’opinion des entrepreneurs sur l’investissement se redresse d’ailleurs en novembre et décembre. Le taux de marge des entreprises, contrairement aux prédictions inquiètes lâchées sur un ton dramatique par Laurence Parisot à chacune de ses apparitions publiques, se stabiliserait. « Les orientations des entreprises ne sont pas si mauvaises que ça. On ne peut pas parler de décrochage », assure Cédric Audenis, chef du département de la conjoncture.

Augmentation du chômage

Mais c’est sur le front social que la situation est la plus désespérante. L’Insee prévoit une nouvelle augmentation du taux de chômage, qui atteindrait 10,9% de la population active à la mi-2013 (10,5% en Métropole). Un record depuis 1998. « L’emploi marchand continuerait de se replier », annonce Jean-François Ouvrard. En moyenne, quelque 40 000 postes par trimestre seraient supprimés. Le pouvoir d’achat pâtirait lui aussi de ces circonstances. En 2012, il aurait finalement baissé de 0,2%, notamment à cause des hausses d’impôt, mais il rebondirait début 2013 avant de sombrer à nouveau. « Un profil heurté », résume l’institut. Si les ménages ne s’en sortent pas si mal, c’est, comme d’habitude en France, grâce à leur épargne. Les Français conservent en effet dans les bas de laine que sont le livret A ou l’assurance-vie d’importantes réserves leur permettant de « faire face », comme on dit. Ce matelas permet à la consommation de résister, malgré la baisse du pouvoir d’achat.

Le scénario de l’Insee est assorti de plusieurs aléas, plutôt positifs. L’investissement des entreprises pourrait ainsi être plus élevé que prévu, tandis que le commerce mondial pourrait redémarrer sous le double effet « de l’accélération des économies émergentes et de l’apaisement des tensions en Europe », indique Jean-François Ouvrard. C’est sans doute en tablant sur ce relatif optimisme que Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances a réagi, avant Noël, aux prévisions moroses de l’Insee. La prévision de croissance du gouvernement pour 2013, fixée à 0,8%, est « volontariste », assume le ministre. « J’ai confiance en la zone euro et j’ai confiance en l’économie française », a-t-il affirmé.

Nouvelle hausse des défaillances d’entreprises

Les défaillances d’entreprises ont progressé de près de 5% en octobre 2012, en données corrigées des variations saisonnières (5 334 cas), par rapport au mois précédent, selon les derniers chiffres de la Banque de France. En cumul, sur douze mois, le nombre de défaillances affiche une hausse de 1,6% ( 60 448 en données brutes) par rapport à la même période de 2011. Parmi les activités les plus touchées ; les transports (+15,1% sur un an ) et les activités immobilières ( +11,8%).

B.L

visuel : Photos Libres

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