Christine Lagarde poursui

Christine Lagarde poursuit ses objectifs de croissance et d’emploi

  • le 6 décembre 2010

Nouvelle équipe, mais continuité dans la politique économique. Christine Lagarde a présenté son programme, entourée de ses nouveaux lieutenants, ce 1er décembre, à Bercy. Pour la ministre de l’Economie, la France est en « sortie de crise », mais il ne faut pas relâcher les efforts sur le plan budgétaire.

Les ministres de l’Economie se doivent d’être optimistes et Christine Lagarde, qui a été reconfirmée à ce poste, n’a pas failli à la tradition. Ce 1er décembre, à Bercy, elle a cherché à rassurer sur la situation économique de la France et présenté ses actions à venir, accompagnée de sa nouvelle équipe, issue du dernier remaniement ministériel . A ses cotés, se trouvaient donc Eric Besson, ministre chargé de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique, Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur et Frédéric Lefebvre, son homologue chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme, des Services, des Professions libérales et de la Consommation. Pour l’essentiel, ils ont confirmé les directions déjà suivies par leurs prédécesseurs.

Sortie de crise ?

Ce qui a changé, à en suivre Christine Lagarde, c’est plutôt le contexte. « La France est très clairement en situation de reprise économique. (…). On considérera que la France sera sortie de crise, lorsqu’elle recommencera à recréer des emplois. C’est le cas aujourd’hui ». La ministre en veut pour preuve la création d’emplois supérieure à 100 000 postes depuis le début de l’année, le rythme de croissance de l’économie, proche de 2% sur l’année, d’après ses estimations, ou encore la reprise des investissements des entreprises, ainsi que l’accélération de la consommation des ménages. Mais, s’il faut s’engager dans « une nouvelle étape pour donner de la stabilité », pas question pour autant de relâcher les efforts sur le plan de la rigueur budgétaire. « La politique économique passe par la condition impérative d’assainissement des finances publiques. C’est un impératif de souveraineté nationale » a rappelé la ministre. Laquelle vise un déficit public ramené à 6% du PIB en 2011, contre 7,7% cette année. Pour Christine Lagarde, le gel des dépenses de l’Etat et la réforme des retraites, juste conclue, contribueront à cette réduction. Au passage, elle rappelle les réformes menées à terme par la précédente équipe : triplement du crédit impôt recherche, loi de modernisation de l’économie, suppression de la taxe professionnelle et création d’un fonds stratégique d’investissement.

Chantiers internationaux

Mis à part l’effort budgétaire, confirmé, Christine Lagarde a annoncé une feuille de route très axée sur les problématiques internationales. Au niveau le plus large, il s’agit de « réussir l’année française du G20 » en affrontant les questions de stabilité du système monétaire et de la volatilité du cours des matières premières. Des sujets qui intéressent, en effet, les entreprises françaises. Au niveau européen, le chantier principal sera celui de la gouvernance, de la « capacité à nous gouverner nous-mêmes » a soutenu Christine Lagarde, pour qui l’Europe est également l’échelle à laquelle doit être soutenue l’innovation, avec, par exemple, la création d’un fonds européen de capital risque pour les entreprises innovantes et un fonds européen des brevets.

Au niveau national, rien de vraiment nouveau, « l’objectif est la compétitivité de l’économie française » a soutenu la ministre. Cette compétitivité passe notamment par l’amélioration de la compétitivité fiscale, notamment vis-à-vis de l’Allemagne, et par la révision de la fiscalité du patrimoine, nouveau chantier à venir. Egalement par une restructuration de l’industrie. « L’ industrie française trop fragmentée est insuffisamment innovante », estime Eric Besson, qui a souligné l’importance d’une politique qui encourage les activités industrielles. Le secteur du nucléaire sera l’objet de toutes les attentions. Mais, de façon plus générale, le nouveau ministre entend doper l’innovation de l’industrie, en renforçant les pôles de compétitivité français et même européens. Il prévoit également de mener une concertation avec les filières industrielles, pour identifier des technologies clés pour l’avenir, sur lesquelles concentrer les efforts de recherche et développement. Dans cette même logique, un fonds français pour les brevets sera chargé d’acheter des brevets, partout dans le monde, pour les mettre à disposition des entreprises. Et l’économie numérique, nouvellement rattachée au ministère, devrait aller dans le même sens. Par exemple, 2 milliards d’euros d’investissements sont consentis pour développer la fibre optique sur tout le territoire, a rappelé Eric Besson. 70% de la population devrait être couverte d’ici 2020.

Effort sur l’export des PME

L’export des PME semble focaliser les attentions de cette nouvelle équipe. Ainsi, Pierre Lellouche a dressé un tableau peu gratifiant pour son prédécesseur, Anne-Marie Idrac. « Les chiffres ne sont pas bons. Le commerce extérieur français est en déficit depuis de nombreuses années. Et l’essentiel porte sur la zone euro et est tiré par de grands groupes » a assené le nouveau secrétaire d’Etat au Commerce extérieur. Les axes d’action proposés : négocier les normes internationales pour que le commerce soit le plus équitable possible entre les différents pays, jouer au VRP, « en accompagnant les grands contrats », mais, également encourager l’export des PME. « Je voudrais arriver à une situation où un entrepreneur, en région, qui a une idée, puisse avoir un guichet unique à l’export » a expliqué Pierre Lellouche . En outre, pour lui, il manque un instrument financier pour accompagner les PME à l’export, et il entend y travailler avec la Coface, Oseo et les banques. Le dispositif des VIE, volontaires internationaux à l’étranger, pourrait être renforcé.
Plus immédiatement, le nouveau secrétaire d’Etat entend capitaliser sur le label décerné par l’Unesco à la gastronomie française, récemment classée « patrimoine mondial ». « Le repas gastronomique concerne 1,3 millions d’emplois, et 170 salons professionnels seront organisés l’an prochain. J’ai bien l’intention d’utiliser ce diplôme mondial, pour aider les entreprises à être présentes », a annoncé Pierre Lellouche.

Quant à Frédéric Lefebvre, qui reprend les dossiers d’Hervé Novelli, il a pour l’essentiel confirmé les chantiers engagés par son prédécesseur, dont, le soutien au tourisme, l’attention prêtée aux problèmes de sous-traitance et la répression des fraudes, particulièrement axée sur le commerce électronique. Pas question non plus de toucher au dispositif de l’auto- entrepreneur, « ce n’est pas le moment de tuer quelque chose qui marche » a soutenu le nouveau secrétaire d’Etat, qui fait aujourd’hui face au mécontentement des auto- entrepreneurs à qui le gouvernement avait promis, « zéro chiffre d’affaires, zéro imposition », alors que certains ont été sommés de payer la cotisation foncière des entreprises (CFE).

Par Anne DAUBREE

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