À trop pédaler à force (...)

À trop pédaler à force d’envoyer des courriels...

"On est foutus on mange trop" chantait Alain Souchon il y a une quarantaine d’années.
Aujourd’hui, à l’heure d’Internet, on pourrait aussi ajouter que l’on envoie trop de courriels, et que ce n’est vraiment pas bon pour la planète.
Selon Jean Grimaldi d’Esdra, docteur et enseignant en droit, auteur de "L’empire du Mail" (Gereso Edition) qui vient juste de sortir, un manageur reçoit chaque jour sur son ordinateur, son smartphone et sa tablette une soixantaine d’emails. Dont seulement une (toute petite) dizaine peuvent l’intéresser réellement. Tous les autres ne sont que du bruit, ils encombrent nos boîtes. Cette pollution de plus en plus envahissante risque même de nous faire passer à côté des messages importants, car nous sommes bien obligés de faire des ménages aussi nécessaires que parfois trop expéditifs.
Ce flot continu, qui ne s’arrête même pas la nuit, est à la fois nécessaire et improductif.
Nécessaire, parce que contrairement à la lettre, l’expéditeur d’un email est sûr par l’immédiateté du système de toucher en temps et heure son destinataire. Il peut même savoir si le message a été lu.
Improductif, parce cette masse qui nous submerge est un "bouffe-temps" et que dans nos journées chronométrées, millimétrées, on a pris l’habitude de survoler sa boîte et de passer directement à la trappe tous ces emails non sollicités, envoyés au petit bonheur la chance par des robots dont l’intelligence artificielle ne réussit pas (encore ?) à cibler juste.
La gratuité de l’email favorise cette inflation. L’on se prend à regretter l’époque de Souchon, où il fallait affranchir un courrier pour l’expédier : si cela était le cas avec les courriels, nul doute que les "spams" et autres messages non désirés seraient bien moins nombreux et que l’on pourrait à nouveau se concentrer sur l’essentiel...
On le sait peu, mais ce tsunami numérique est très mauvais pour la planète. Pour envoyer, lire et stocker les emails, on consomme de plus en plus d’énergie. D’énormes bâtiments sont construits partout dans le monde pour acheminer ce flux exponentiel. Cela contribue au réchauffement de la planète, c’est une fuite en avant.
Individuellement, que pouvons-nous faire ? Pas grand chose, sinon limiter au strict nécessaire les envois (et oui, y compris sur Facebook) et détruire régulièrement les messages pour qu’il ne consomment pas le temps de leur archivage.
Le facteur de mon quartier fait sa tournée à vélo avec une conso zéro et une pollution zéro : et si c’était cela le vrai... progrès ?

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