À vot' bon coeur m'sieurs

À vot’ bon coeur m’sieurs dames !

Le Crédit Agricole est souvent désigné sous l’appellation de "banque verte".
"Près de chez vous", comme le vantait un slogan publicitaire déjà ancien. "Près de ses sous" répondaient les farceurs. Cette major, qui compte parmi les premières en Europe et dans le monde, a annoncé au Mondial de l’Auto de Paris un engagement d’achat de... 10 000 voitures à hydrogène ! Non, la banque n’a pas l’intention d’ouvrir des showrooms ou des garages dans nos (vertes) campagnes mais de renforcer sa position sur le marché, à priori lucratif, de la location et de la vente d’autos. L’avenir dira si son pari réussit car, en plus du risque commercial s’ajoute celui technologique de la pile à combustible, encore jamais montée en série sur des voitures "ordinaires". En attendant, c’est avec une startup française, Hopium, que ce deal a été passé, avec des premières livraisons espérées en 2025. Pour le côté "vert" cher à la banque, la voiture sera fabriquée en Normandie. Pour le côté bancaire, il faudra être en mesure d’allonger 120 000 euros (tarif estimatif) pour s’asseoir derrière le volant. La nouvelle Hopium ne sera donc pas à la portée de tous, autrement dit elle n’a aucune chance de devenir... l’opium du petit peuple. Mais cette commande massive va permettre à une nouvelle filière de démarrer avec, espérons-le, une fabrication en France.

Patrick Pouyanné, patron de TotalEnergies, aura les moyens de s’acheter quelques "Hopium" si le cœur lui en dit. Avec un salaire de 6 millions d’euros auquel s’ajoute une participation confortable, il devrait voir à la banque son dossier de crédit à la consommation accepté sans difficulté... Plus sérieusement, ces sommes qui s’apparentent à un Loto pour le commun des Français ont de quoi choquer alors que beaucoup ont déjà renoncé au plein de leur bagnole et attendent avec angoisse la prochaine note d’électricité. Pour ne rien dire du contrat de Kylian Mbappé (630 millions sur trois ans, 180 millions de primes et, paraît-il, le remboursement de son abonnement de char à voile pour se rendre à l’entraînement).
Au siècle dernier, Henri Ford considérait que l’écart des salaires dans l’entreprise devait s’inscrire entre 1 à 7 au maximum. De quoi permettre aux plus modestes d’avoir un niveau de revenus suffisant pour consommer (et d’alimenter la machine économique) et de lisser les écarts entre les catégories sociales. Dans les années 1970, cet écart est passé de 1 à 70 en France. Aujourd’hui, dans les très grandes entreprises, il serait selon des économistes sérieux de 1 à 139, voire davantage, avec les rémunérations annexes (stock options, dividendes, etc). L’écart est encore plus gigantesque dans les grosses boîtes américaines...
Vous êtes choqués ? Moi oui. Seulement 139 de différence entre celui qui conduit le camion pour remplir la cuve de fioul et son big boss ! Il est vraiment temps que les très grands patrons enfilent leurs gilets jaunes pour combattre cette injustice qui fait d’eux la risée de leurs collègues américains. On est toujours le "pauvre" de quelqu’un...

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