Atelier philosophique

Atelier philosophique UPE 06 : "Le pouvoir des images", comprendre son importance

L’UPE 06 a organisé ces dernières semaines une session innovante d’ateliers philosophiques pour ’’prendre le temps de réfléchir’’. Elle a notamment proposé un webinaire intitulé « Le pouvoir des images » animé par Bertrand Cochard, normalien, agrégé et docteur en philosophie. Comment comprendre l’étendue du pouvoir des images ? Le spécialiste a pris le temps de répondre aux interrogations que beaucoup se posent sur le sujet. Petit debrief !

Pour faire clair et simple, Bertrand Cochard a commencé sa présentation par la lecture d’un des textes philosophiques les plus connus : l’allégorie de la caverne de Platon (un petit résumé du texte est disponible à la fin de l’article). « Vous allez voir comment un texte de plus de 1 500 ans est toujours autant d’actualité aujourd’hui » s’enthousiasme l’animateur. L’allégorie de la caverne de Platon est un récit imagé qui vise à illustrer la théorie de la connaissance. Cet exemplaire littéraire met en avant le fait que l’homme ne s’intéresse qu’à ce qu’il a sous les yeux (c’est-à-dire dans le texte, les ombres) et ne se rend pas compte de ce qui se cache derrière celles-ci : « L’image est tout de suite plus puissante dès lors qu’elle cache les coulisses de sa création. »

Pour ceux qui sont plus film que livre, Bertrand Cochard prend aussi l’exemple du film Matrix « quand Morpheus propose à Néo de lui faire découvrir la vérité, il ne lui promet pas le bonheur, mais bel et bien la vérité sur le monde qui l’entoure et qu’il croyait connaître grâce aux images qu’il en avait. » Pour faire un lien avec le premier atelier philosophique « Vivre au présent » qu’il a animé quelques semaines auparavant, Bertrand Cochard explique : « On dilapide justement notre temps à faire face à des images qui ne représentent pas toujours la vérité, mais on ne cherche pas pour autant à aller plus loin. »

Les réseaux sociaux accentuent le pouvoir des images

Le texte de Platon pourrait représenter notre société actuelle : « Aujourd’hui, ce sont les images qui définissent notre condition sociale  » explique le docteur en philosophie. Pour lui, nous sommes tous prisonniers des publications et des photographies, « par exemple, les informations ne sont représentées que par images, or celles-ci font appel aux sens, à l’émotion et non à la réflexion. On ne se voit plus tel que l’on est, mais tel que l’on voudrait que les gens nous voient. C’est une pulsion narcissique. » Et en effet, à l’heure où les réseaux sociaux sont l’un des premiers moyens de communication et de transmission de l’information, un vrai culte de l’image prend forme «  les réseaux exacerbent cette dimension. Ils la récompensent grâce à des likes qui sont addictifs. […] On prend ces images pour la réalité, or, on n’en voit pas les coulisses, leurs créations et tout ce qu’il a fallu mettre en place avant de prendre la photo en question  » D’autant plus que les images sont polysémiques, elles peuvent avoir plusieurs sens différents : celui qu’a voulu donner le photographe ou le message que l’on veut passer, celui que l’on passe vraiment et surtout, celui que chacun interprète « nous avons tous un avis et une interprétation différente face à une même illustration » et c’est cela, qui rend le pouvoir des images si dangereux.

Pour ceux qui n’ont pas lu le texte de Platon, voici un petit résumé :

Un groupe d’hommes est né et vit enfermé dans une caverne. Étant tous enchaînés, aucun d’entre eux n’en est sorti. Derrière eux, il y a un feu, qui projette des ombres sur le mur qui se trouve en face d’eux. Ces ombres sont la seule chose qu’ils voient. Ils commentent, discutent, parlent de ce que ses ombres leur font ressentir. Un jour, certaines de ces hommes brisent leurs chaînes et décider de se tourner vers la sortie. À ce moment, ils vont découvrir deux choses : premièrement, la supercherie du feu (ce qu’ils contemplent depuis toujours n’est pas réel, ce ne sont que des ombres de figurines placées devant la lumière du feu). Et deuxièmement, ils découvrent la vie à l’extérieur. Une fois que les prisonniers ont vu la vérité du monde qui les entoure, ils redescendent dans la caverne pour avertir ceux qui y sont toujours bloqués. Mais aucune des personnes encore dans la caverne ne souhaite s’aventurer dehors. La raison : elles sont trop confortablement installées devant ce qu’elles pensent être la vérité et se sentent en sécurité dans l’ignorance de la caverne.

Replay de la conférence « Le pouvoir des images »

Replay de la première séance philosophique sur le thème « Vivre au présent » 

Photo de Une : Bertrand Cochard, docteur en philosophie et animateur du webinaire (capture d’écran DR M/R)

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